Le Deal du moment :
Réassort du coffret Pokémon 151 ...
Voir le deal

Aller en bas
Aurelius Lehmann
Aurelius Lehmann
Enfant de la Lune
Messages : 47
Date d'inscription : 11/08/2021

Amères retrouvailles Empty Amères retrouvailles

Sam 14 Aoû - 0:54
Amères retrouvailles
5d0422e30c53e274760bc6f9d768aee886084bc1.jpg
-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
L'aube,... Enfin. Lâchant un soupir soulagé, je regarde le ciel s'éclaircir lentement. D'ici peu de temps, le Baron se retirerait pour la journée, et je pourrais enfin souffler un peu. Enfin... Souffler est un bien grand mot quand on voit ce qui m'attends. Je vais profiter du repos de mon maître pour nettoyer les pièces où il a le plus de chances de se rendre à son réveil, et veiller à ce que j'ai une quantité suffisante de thé pour le contenter pendant la prochaine nuit. Si je ne traîne pas, je pourrais espérer dormir quelques heures avant de reprendre le travail. Le Baron est un homme très occupé, surtout en ce moment, j'ai quand même le temps de m'atteler à bon nombre de tâches. L'avantage est que je ne vois pas les nuits passer, et cela m'évite de trop penser. Tout en resserrant ma cravate, j'allume le feu pour faire cuire l'un des derniers thés qu'avalera son Altesse aujourd'hui... Avant la prochaine nuit, bien entendu. Le Baron est très friand de cela. Vert ou noir, toujours sans sucre ni miel, il prends plaisir à chaque gorgée. Vous voulez faire plaisir à ce Rat Volant ? Offrez lui une variété de thé qu'il ne connaît pas. Il en a pour toutes les occasions, et toutes les humeurs. A force de le servir, j'ai appris à savoir quel thé était le plus approprié en fonction de la situation et le Maître a tellement pris l'habitude de se voir servi que, si je décidais soudainement d'empoisonner le thé, il ne le verrait sûrement pas avant plusieurs gorgées, et il sera trop tard. Mais le Baron n'est pas un homme, le poison ne le tuera pas, ni même une tentative d'assassinat pendant sa « méditation » dans ses quartiers en journée. J'aurais pu tenter, essayer, mais il tient ma famille. Et savoir les miens entre ses immondes griffes gonfle mon cœur de dégoût, et de désespoir. Je chasse cette pensée de ma tête, même si elle ne me quitte jamais vraiment, et me concentre sur la question qui doit sans cesse me préoccuper : « Comment faire plaisir à un être qui n'éprouve plus rien depuis bon nombre de siècles »

Mon choix se porte rapidement sur un thé vert léger, aux douces effluves de menthe et de pissenlit. Le loup en moi fronce le nez devant l'odeur piquante des plantes, et je sais ainsi que c'est ce qu'il faut pour que le Maître se détende suffisamment pour pouvoir passer une bonne journée. Après de longues minutes d'infusion dans l'eau bouillante, je dépose la théière sur le plateau en métal, aux côtés d'une tasse blanches aux dorures magnifiquement ouvragées, d'une cuillère en argent que je n'ose à peine toucher, et dont le manche est ornée d'une tête de loup hurlant à l'agonie. « Frères ». souffle le loup en moi. J'inspire longuement, prenant toutes les odeurs à ma portée. Nous sommes seuls, le maître, moi, et les quelques autres domestiques de l'ombre, dans la vaste maison. Dehors, un lapin grignote sans crainte les trèfles qui poussent  au pied du mur de la bâtisse. J'expire dans un soupir affligé. Il a bien de la chance, ce petit. Il est libre. Mais pour combien de temps ? L'odeur de son sang chaud ne tardera pas à frapper mon odorat affûté, car il y a toujours un vampire ou deux qui traîne dans les environs, espérant attirer l'attention de mon maître et obtenir ses faveurs. Et le sang d'un lapin est toujours le bienvenue lorsqu'on attends que les immenses portes de sa forteresse s'ouvrent dans un grincement sinistre... Je reporte mon attention sur le plateau, déposant aux côtés de la tasse lune petite assiette contenant es biscuits préférés du Baron, ainsi qu'une petite serviette immaculée. Une fois équipé, je prends le plateau et quitte les cuisines pour prendre la direction des étages. Hannah aurait sans doute aimé la douce odeur qui émanait de la théière... Et les garçons auraient fait disparaître ces gâteaux en un tour de main. Où étaient ils ? Est ce qu'ils allaient bien ?Aurais-je un jour la réponse à ces horribles questions ?

J'arrive devant le bureau du Baron. L'odeur émanant de ce dernier ne m'a jamais plu. C'est ici que le sort des miens s'est joué, c'est ici que leur mort a été ordonné... Ce bureau porte encore l'odeur de leur sang, apporté par les vampires qui venaient rendre compte de la réussite de leur chasse à Ludwig... Et je n'ose même pas lever le regard vers les nombreux trophées... Après avoir toqué, j'entre sans un bruit. Le vampire ne relève pas la tête, concentré sur ce qu'il fait. Je me glisse doucement derrière lui et dépose sur sa gauche dessous de verre, tasse, assiette et cuillère. Je verse ensuite le breuvage dans la tasse, veillant à ce qu'aucune goutte ne tombe à côté et replace la théière sur le plateau que je tiens d'une main. «  Ce sera tout Monsieur ? » Demandais-je. Le vampire ne répondit pas tout de suite, concentré. C'était ça avec lui, il fallait se montrer patient. L'avantage avec ma nature de loup, c'est que ma propre odeur finirait par incommoder le vampire, qui se rappellerait enfin de ma présence et qui me donnerait ses instructions... Ou pour me laisser prendre congé, ce dont j'espérais secrètement. Je ne sors pas de la pièce sans attendre son aval. Mes parents m'ont suffisamment bien éduqué pour cela, et je crains trop d'offenser son Altesse pour risquer de me retrouver avec une plaie ou un hématome, non pas que le maître soit violent,, mais il reste imprévisible, comme toutes les vermines de son espèce.
Je sentis la présence de la femme avant même que le Baron se rende compte qu'il avait de la visite, et guette sa venue avec attention, tel un loup aux aguets. On toqua à la porte et je faillis défaillir en voyant le visage de la femme qui entra. Mon dieu. Hannah. Elle est vivante. Mon épouse était là, devant moi, et devant Ludwig, aussi resplendissante que jamais. Je me mis à trembler, tant mon émotion était vive, et je du déposer le plateau sur une petite table où s'entassaient bon nombre de livres anciens. Ma femme s'avança sans même m’accorder un regard, car ce dernier était dirigé droit vers Ludwig. Ce dernier avait posé les coudes sur la table et regardait mon épouse de haut en bas avec un sourire carnassier. Ma femme était vêtue d'une longue robe blanche aux motifs écarlates, qui soulignait impeccablement ses courbes élégantes. Ses cheveux, toujours aussi beaux, ondulaient lorsqu'elle marchait et je retrouvais alors les souvenirs de cette jeune femme qui, vêtue de sa robe de mariée, remontait l'allée de l'église au bras de son père. Oubliant toute dignité, je laisse échapper dans un souffle un « Hannah... » et me dirige vers elle avec les larmes aux yeux. Son regard se tourna vers moi et, alors que j'ouvris les bras pour la serrer contre mon cœur, je m'arrête brusquement. «  Sang. Loup. Vampire. Mort » Toutes ces informations me sont transmises en un quart de secondes par mon nez et par la bête qui hurlait en moi. « Méfiance. Danger ». Je recule d'un pas, et regarde ma femme de haut en bas. C'est alors que je compris.

Hannah était l'une des leurs. Hannah était une vampire. Ce que je prenais pour des motifs écarlates sur sa robe n'était que des tâches de sang. Du sang de loup. Je me remis à trembler. Ils avaient osé. Ils avaient fait de ma femme un vampire sanguinaire. Je serrais soudain les dents, et grondait, comme le faisait un loup en colère. Je me tourne brusquement vers le Baron et me dirige vers lui, oubliant le danger, seulement habité par une froide colère. J'agrippe le col de sa chemise et lui demande, furieux : « Comment avez vous osé ?! Vous m'aviez promis ! Vous aviez dit que vous ne leur ferez rien tant que je me montrais coopératif et obéissant » Je me tus pour chercher ce que j'allais lui dire et repris, en hurlant presque : «  Vous avez souillé mon épouse ! » Et mes enfants ? Étaient-ils devenus des monstres eux aussi ? Le cœur gonflé de chagrin et de colère, les joues trempées de larmes, j'allais lever le poing pour venger ce que ce monstre avait fait à l'amour de ma vie, Il fallait qu'il paye, je ne trouverais pas le repos tant que le jour où il sera mis plus bas que terre ne sera pas arrivé.

IbUONWh.png
Hannah Wagner
Hannah Wagner
Enfant de la Nuit
Messages : 49
Date d'inscription : 23/07/2021
Age : 34

Amères retrouvailles Empty Re: Amères retrouvailles

Sam 28 Aoû - 17:33
Amères retrouvailles
9f22f9d52e8b202c9d3ff74a4447f75813875e23.gifee491e1df349ea1afa1f375937ae33e9.gif3nJy.gif
Ignorant totalement les cris de supplication de la dernière de ses victimes, Hannah planta sa lame dans son cou. Elle regarda le regard de sa victime perdre l'éclat de la vie avant de retirer son poignard d'un coup sec. En réponse, une gerbe de sang jaillit de la blessure tachant la robe blanche que portait l'assassin rejoignant les autres tâches écarlates.
Soupirant, Hannah se détendit en réalisant qu'elle avait accompli sa mission. D'un geste fluide, elle essuya son poignard sur une de ses manches, sa robe était déjà fichue de toute façon, avant de le ranger dans un fourreau attaché à sa taille. Ainsi recouverte de sang, elle n'avait jamais aussi bien tenu son surnom de Mort Rouge. L'odeur du sang de garou fini par lui flanquer la nausée et la vampire préféra partir.
Une équipe de nettoyage fera le reste. peut-être! Mais, elle, elle avait accompli sa mission. On lui avait dit "va éliminer les garous là-bas" et pas "nettoie avant de partir"!

Hannah parvint à rentrer chez Lord von Offenberg peu avant l'aube et espérait pouvoir prendre sa douche rapidement. Le sang de garou l'avait entièrement imprégnée et elle espérait pouvoir se nettoyer rapidement. Mais ce fut sans compter von Offenberg qui souhaitait rapidement son rapport. Bon...D'accord, mais qu'il ne se plaignait pas de l'odeur!
...
Arrivée devant la porte du bureau, elle toqua avant d'entrer sous le regard de son maître et de... du valet de ce dernier? Mais une autre odeur vint l'assaillir et elle reconnu un loup-garou. Attendez...Quoi?! Ludwig von Offenberg avait un lycan comme valet? D'accord. Avant toute chose, elle remarqua qu'il avait esquissé un pas en sa direction et elle posa, mécanisme de défense devenu réflexe, sa main sur sa lame qu'elle avait utilisé quelques heures plus tôt. Bonne chose puisque le Loup se jeta sur von Offenberg en déblatérant des mots qui, aux yeux d'Hannah, n'avaient aucun sens et étaient même complètement stupides. D'abord étonnée, elle ne reprit ses sens uniquement quand le valet s'apprêta à frapper son maître. En moins de deux, Hannah était "du bon côté" du bureau et avait arrêté le poing.
Et histoire de bien se faire comprendre, elle le plaqua la tête à plat contre la surface plane du meuble. On se calme le loup! De quelle épouse tu parles? Je m'en souviendrais si j'avais épousé une boule de poil! Dit-elle d'une voix froide et autoritaire.  Sa pensée fut de se dire qu'heureusement que son mari n'était pas là! Il y aurait eu une vitre pétée. Elle se tourna vers Ludwig et lui demanda: Vous allez bien?   Question idiote mais bien obligé quand on était une fidèle.
Pando

_________________
2fc888vp 3rbnr4zm
I've been running through the jungle, I've been running with the wolves to get to you. I've been down the darkest alleys, Saw the dark side of the moon to get to you☾☾
Ludwig von Offenberg
Ludwig von Offenberg
Enfant de la Nuit
Messages : 24
Date d'inscription : 28/04/2021

Amères retrouvailles Empty Re: Amères retrouvailles

Dim 5 Sep - 21:31
Amères retrouvailles
Aurélius&Hannah&Ludwig
And when he calls, he calls for me and not for you
He lives for love, he loves his drugs, he loves his baby too
But I can't fix him, can't make him better
And I can't do nothing about his strange weather

Les vagues dansent dans le réel, se font océan dévorant les frontières de cette pièce, repoussant au loin, la calligraphie monotone de la machine ayant servie à taper ces documents que je ne lis à moitié, que je parcours du regard, les iris voilées par le passé, par les fragments diffus, confus, d'une vie qu'il ne semble même plus avoir vécu, qui se fait ivresse à laquelle je succombe, douce torture que j'accepte, dont je pardonne les offenses, trop heureux d'y retourner, au bord de cette mer qui n'a dû changer, qui a dû en avoir passer, des hommes brisés, des cœurs échoués, des prières offertes à ces divinités qui n'existent point, ne sont que mensonges créent de toutes pièces par des êtres qui craignent l'inévitable, cette fatalité qui depuis un moment, déjà, n'est pour moi, qu'un concept, un brouillard, un espoir que j'entretiens à chaque vie arrachée, chaque hurlement poussé par celles qui pour mes crocs, se tordent, me maudissent, font de prénom, celui d'un démon, d'un fléau, de ce monstre qui sera terrassé à la venue des archanges et autres bras armés d'un Seigneur dont j'aimerais croiser le regard, ne serait-ce qu'une fois, simplement pour savoir, le croiser, cet être gisant dans les abysses, dans la gueule des ténèbres, ce grand juge et bourreau qu'il faut craindre plus que les tyrans terrestres, que ces morts ingrates et injustes, que cette violence qui bat la terre plus durement que les averses.

« Tu n'es qu'un homme comme les autres, Ludwig. » Elle danse encore là, au milieu de l'écume, elle sourit, me méprise, s'amuse de mon amour, de mes passions, de ce désir qu'elle n'a su étouffer, qui est encore celui de l'homme que j'étais, de ce pêcheur qui la voyait errer de par sa fenêtre, qui pensait à elle, quand au milieu des flots, il n'était qu'enfant dont se jouait les eaux, inconscient, insouciant au point de remercier les éléments d'être cléments, de faire preuve de cette bonté dont le cœur des hommes est épargné. « Je pensais être capable de te sauver, mais voilà, tu l'aimes ta médiocrité, tu l'aimes plus que moi, ta banalité. »

C'est péniblement que je m'arrache à mes divagations, revenant à moi quand en mon bureau, pénètre ce valet à qui je n'adresse ni geste, ni regard, préférant à la place, humer le doux parfum de ce thé dont les arômes délicats, suaves, peinent à complètement éclipser les relents métalliques de ce sang qui collent à ma peau, se font embruns que je sème dans mes pas, qui en cet instant, colorent encore mes lèvres de cette teinte faussement humaine, réchauffe suffisamment ma carcasse pour créer en mon estomac cette illusion de satiété, de sérénité à laquelle je m'accroche, là où le lycanthrope se permet de chasser le silence, de se faire vivant à mes côtés, existant qui de sa respiration, vient m'ancrer dans le réel, m'oblige même à esquisser ce son qui est mien, quand, par envie de me plaire, il se met à disposition, se fait docile esclave que j'ignore à moitié tandis que je viens du bout des doigts, me servir de la tasse brûlante.

Je vais finir par croire que tu aimes être là, Aurélius, qu'au final, tu apprécies cette vie que je t'ai façonnée, si magnifiquement tissée pour t'éviter de finir comme tes congénères, de n'être rien de plus qu'un vulgaire corps gisant dans les entrailles d'une fosse commune.

A cette simple pensée, il me semble esquisser un semblant de sourire, de rictus que j'occulte en feignant de porter le breuvage à mes lèvres, de goûter à cette infusion sur laquelle je me contente de lentement souffler, afin de saturer mes sens de ces arômes qui n'évoquent à mon palais, que des regrets, des remords, l'ombre de plaisirs simples et charnels dont aujourd'hui il ne reste rien, si ce n'est le goût de la poussière, du fer, de ces cendres qui collent au derme, que la pluie ne parvient à rendre à la terre, qui sur le feuillage des arbres, se fait stigmates, terribles témoins, odieux totems à la gloire du massacre, des charniers, de ces horreurs au milieu desquelles, j'ai été l'unique survivant, autant le rescapé, le miraculé, que le coupable, le porteur d'une peste contre laquelle il n'existe nulle panacée, contre laquelle les prières sont vaines, simples murmures charriés par le vent, par l'indifférence du silence.

Thé vert et soupçon de menthe. Je vais finir par croire que tu commences à me connaître, à les remarquer, ces instants de vulnérabilité où je ne suis plus cet être taillé par la cruauté, mais simple cœur usé, âme rejouant le passé en se demandant si les choses auraient pu être différentes, si au final, elle n'avait pas raison, en m'accusant de n'être qu'un homme, de m'accrocher à des sentiments que je n'ai jamais vu souiller ses prunelles, ce regard qui parvenait à me déshabiller, à voir par-delà cette chair dont elle n'avait que faire, de ses muscles et os qui se déchiraient, brisaient, quand contre elle, je me fracassais, possédé par l'envie de lui appartenir, d'être son unique, cette obsession dévorante qui aurait eu raison de sa beauté, de son unicité.

Mes papiers délaissés, c'est à nouveau que je m'égare en moi-même, me permet de flotter dans mon corps, d'oublier le monde et ses vérités, les mensonges et autres illusions qui tentent de flatter mes sens, de faire trembler, frissonner cette chair à jamais prisonnière de cet âge dont je ne sais plus rien, de ce temps, où humble, je n'étais rien, si ce n'est une âme de plus cherchant à survivre, un homme désireux d'offrir l'immortalité à son nom, à ces ancêtres, qu'il honorait en vivant, en luttant, en prétendant ne point craindre cet après dont je ne sais toujours rien, ce grand néant qui se moque bien des ambitions et des espoirs de chacun, qui est ce gouffre géant emportant tout, cet unique prédateur qu'il faudrait craindre, remercier d'être patient, de nous accorder ce temps, de ne point être conquérant. Les yeux presque clos, je vacille, prisonnier de mon derme, m'en retourne, à cette folie silencieuse qui me permet de chasser, pourchasser les fragments d'un temps depuis longtemps enterré, ensevelis sous la haine, la rancœur, la colère, sous des émotions encore trop humaines, trop vives, si fraîches qu'elles se font sel sur des plaies que je pensais depuis longtemps cicatrisés, sur des blessures, des meurtrissures que je rouvre uniquement par besoin masochiste de la retrouver, de parvenir, ne serait-ce qu'une seconde, à la capturer, à la faire prisonnière, cette créatrice dont aujourd'hui, je n'ai pour nouvelles que des rumeurs, des ragots, des légendes, des récits que l'on s'échange qu'entre deux ivresses, deux verres avalés à la hâte ; m'abîmant dans ma propre psyché, dans les tréfonds d'une conscience ravagée par des sentiments que je muselle pour ce frère qui m'en voudrait de m'accrocher encore à la silhouette de celle qui n'a jamais rien laissé derrière-elle, qui n'est qu'esprit incertain à la recherche d'un idéal impossible, poussée par une envie qui n'est que folie, décadente démence dont un jour elle sera la victime.

Sur le rivage, je la voyais, se faire sirène avançant dans les flots, muse aux seins dévoilées, au corps sulfureux moulé par sa robe trempée. Dans la nuit, elle se faisait spectre, invocation, incarnation d'un désir qui me détournait de mon foyer, de la peau de cette femme qui partageait mon lit, de cette épouse à laquelle je donnais tout. Au milieu de l'écume, elle était sauvage, indomptable et pourtant, mon prénom était fait prières sur ses lèvres.

Ludwig.

Mais à l'époque, ce n'était pas celui-ci.


Une fois de plus dérangé par l'arrivée de mon invité, de ce rendez-vous complètement oublié, c'est en un grognement que j'accueille la jeune immortelle, celle qui, telle une princesse un peu trop sûre d'elle, pénètre en ma demeure avec dans le regard, cet éclat qui ne plaît qu'à moitié, cette arrogance qui me fait grincer des dents, une seconde, presque oublier la présence d'Aurélius, qui, en parfait homme épris, d'amoureux transi, se permet de la saluer à ma place, d'oublier la politesse pour ne songer qu'à ses jérémiades, à ces lamentations qu'il impose à cette femme qui ne sait plus grand chose de lui, de cette épouse qui, au lieu de se contenter de l'envoyer paître, se fait violente avec lui, par envie aussi de me sauver de cette tentative désespérée qui est sienne, de me blesser, de me faire trembler, craindre pour une vie que je pense être désormais maudite par l'éternité, la vraie et unique immortalité, l'obligeant avec rudesse, à venir s’écraser sur mon bureau, au milieu de cette paperasse délaissée, de ces rapports et autres documents dont je me fous bien, trop occupé, tasse de thé en main, à apprécier le spectacle, la beauté de ses amères retrouvailles, de cette douloureuse confrontation dont je me délecte, les prunelles perdues dans celles du loup, les lèvres ornées d'un sourire qui s'éternise.

Permets que je l'aime ta peine, ta souffrance, la violence de ta déception, que j'en fasse cet onguent capable de me faire oublier mes propres échecs, cette agonie qui me perce les viscères, qui parvient, un instant, à le tuer, le visage de cette créatrice qui a dû, depuis longtemps, me remplacer, se trouver d'autres amants à aimer.

« Tu es en retard, Hannah. » finis-je par souffler, créant à la surface du thé, une ridule qui engendre en son passage, une petite vague, une douce ondulation charriant avec elle, les arômes entêtants de la menthe. « Et doucement, ce sont des documents importants. Son Altesse m'en voudrait que j'ose me présenter à lui avec des rapports complètement déchirés. » conclus-je, non sans lui reprocher son geste, me faire père las, déçu, presque agacé par cette agitation futile, là où dans mes prunelles, se met à lui un plaisir si malsain, une joie interdite, une malice prédatrice qui éclate mes pupilles, transforme mon regard en de vertigineuses abysses.

Je me demande qui de vous deux resterait en vie, si je vous obligeais à vous battre jusqu'à ce que mort s'en suive. Sûrement elle, pas vrai, mon loup ? Simplement parce que, par noblesse, par amour, tu préférais succomber sous ses coups, que d'être celui obligé de la pleurer, de faire avec sur ta langue, la saveur de son sang, de son indifférence. Par lâcheté, oui, tu la laisserais t'exécuter, comme le simple animal que tu es.

En un geste lent, je viens déposer ma tasse non loin du visage de mon valet, suffisamment pour que la chaleur émanent de la porcelaine vienne s'échouer sur son derme, se faire méprisante caresse, vile offense que je n'ai besoin d'esquisser, pour sur mon siège, un peu mieux m'installer, croiser les jambes et feindre sans peine ce soupir qui est mien, cette nonchalance que j'accompagne d'un besoin inutile de lisser ma barbe de mes doigts.

« J'étais occupé. »

Je ne prends pas vraiment la peine de désigner la pile de feuilles qui, jusque-là, étaient soigneusement rangées, triées, préférant à la place, pincer les lèvres, faire claquer la pointe de ma langue contre mes crocs acérés.

« J'oublie toujours que tu es un petit ouragan dans mon existence, meine Schatz. »

Vers elle, je tends une main, lui offrant le privilège de venir me rejoindre, de s'approcher un peu et d'ainsi libérer celui à qui je n'adresse plus un regard, l'ignorant ostensiblement pour à la place, me délecter de ces fragrances qui viennent empoisser sa peau, souiller cet air que je respire par simple envie de m'enivrer, de me confondre dans sa chair encore trop vivante, si aisément troublée par les passions, par les tremblements d'un esprit perverti par des émotions que je ne peux que simuler, feindre, prétendre encore éprouver.

« Tu as fait honneur à notre race, n'est-ce pas ? »

La question étant purement rhétorique, je me permets un sourire.

« Bien sûr, tu n'oserais faire moins. »

Parce que tu n'as pas le choix. Parce que tu m'appartiens, ma Mort Rouge. Parce que cette vie que tu mènes, tu me la dois, plus qu'à cet idiot qui a eu le malheur de te changer par erreur. Et que cet avenir que tu avais avec lui, tu ne pourras le récupérer que si je le décide, le désire. Que si j'ai quelque chose à y gagner, ou quelqu'un à faire tomber.
Made by Neon Demon
Aurelius Lehmann
Aurelius Lehmann
Enfant de la Lune
Messages : 47
Date d'inscription : 11/08/2021

Amères retrouvailles Empty Re: Amères retrouvailles

Dim 5 Sep - 23:16
Amères retrouvailles
5d0422e30c53e274760bc6f9d768aee886084bc1.jpg
-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Hannah...

Vivante, resplendissante et... Effrayante ! Qu'était-il arrivé pour que ma sublime épouse se retrouve à tuer des loups pour le Baron ? Elle était devenue une vampire, mes sens de loup me l'ont affirmé. Les tâches de sang sur sa robe me donnaient de cruels frissons. Combien de fois avais-je senti cette terrible odeur ? La dernière fois, c'était lors de cette nuit, durant laquelle j'avais été séparé des miens pour me retrouver entre les griffes du Baron. J'ai reconnu l'odeur du sang d'Edda ; sur les mains de ce vampire qui, d'un seul geste, m'avait ouvert la poitrine. Je chasse cette horrible pensée pour me concentrer sur Hannah, qui me regardait avec un vif dégoût et de l'incompréhension. Me reconnaissait-elle ? Je n'avais pourtant pas tant changé que cela... Peut être ai-je maigri depuis mon arrivée ici. Le travail m'a forcé à considérablement réduire les quantités de nourriture ingérées. Désormais, je ne me contente que d'un repas par jour, car je n'ai guère le temps pour plus. Je commence à m'avancer, ignorant le regard de mon maître, pour saluer ma femme comme il se doit, c'est à dire avec force embrassades. Mais mon instinct de loup me sauva au meilleur moment. Il avait repéré l'anomalie chez mon épouse, et cela déclencha chez moi une vive colère, qui se retourna contre celui qui était à l'origine de tous mes malheurs : Ludwig.

Me voilà à présent devant lui, prêt à le frapper de toutes mes forces, lui hurlant au visage qu'il avait souillé mon épouse, qu'il avait trahi sa promesse de ne rien leur faire, de les laisser en paix. Il se contentait de me regarder droit dans les yeux, savourant ma peine, goûtant à ma souffrance pour se délecter des larmes qui dévalaient mes joues. Je lève le poing, et ce fut ma propre épouse qui retint ma main. Elle, qui m'avait toujours soutenu, dans tout ce que je faisais, m'empêchait à présent de venger ce qu'ils lui avaient fait. Je tourne le regard vers elle. Le sien était froid, furieux, déterminé. En un instant, ma tête percuta violemment le bureau du Baron. La main de mon épouse, tenant fermement ma chevelure, m'interdisait tout mouvement, et je ne pouvais rien faire d'autre que de respirer et pleurer. Le regard du Baron plongea dans le mien, et son sourire me rendit fou de rage.  Je lâche un râle empli de désespoir et de colère, tandis qu'il savourait son thé avec un sourire mesquin. Il reprocha à mon épouse son retard, et le fait que ma tête reposait à côté des documents importants de son Altesse. Je lâche un grognement, et me retient à grand peine de mordre dans ses papiers, juste pour l'ennuyer, mais je sais que je n'obtiendrais de lui aucune réaction. Il s'en fiche bien, après tout.

Toujours immobilisé, je lutte contre les larmes qui menacent de s'écraser sur le bureau du Baron. Pourquoi ? Pourquoi avait-il fait cela ? Pourquoi me tourmenter ainsi, alors que je le sers fidèlement depuis mon arrivée ici ? Hannah ne méritait pas cela ! Et nos enfants ? Où sont les garçons ? Je tourne le regard vers le Baron et, les dents serrés, je lui demande, avec fureur : «  Et mes enfants, vermine ? Où sont-ils ? Si vous leur avez fait du mal, je... » Je lui ferais quoi ? A part me jeter droit dans ses griffes ? Je périrais avant même d'avoir pu lui porter le moindre coup. Le Baron ignora mes paroles, uniquement concentré sur mon épouse, qui me maintenait toujours immobile. Sa nouvelle force était impressionnante. Elle parvenait à tenir un homme adulte en respect sans effort. Admirable, et effrayant. Le Baron déposa sa tasse à quelques centimètres de mon visage, si bien que je sentis la chaleur qui émanait de cette dernière. N'étais-je donc qu'un élément du décor pour lui ? Il avoua à ma femme qu'il était occupé et pinça les lèvres, ennuyé. Puis ce qu'il dit ensuite me rendit fou de rage. Il complimenta mon épouse, se permettant de lui tendre la main et de lui offrir des mots doux que moi seul devrait lui donner. Salaud, pourriture ! Hannah me libéra, préférant s'approcher du Baron. Je me redresse alors, le dos endolori par cette position inconfortable.  
Je recule de quelques pas pour voir ma femme tenir affectueusement la main du Baron, ignorant son propre époux. Ses dernières paroles me revinrent subitement en mémoire : « Je m'en souviendrais si j'avais épousé une boule de poils » Elle ne se souvenait donc plus de moi ? Ou alors faisait-elle exprès ? Je lâche un grondement sourd. Voir Ludwig s'approprier ainsi ma pauvre chérie rendait le loup en moi fou. Fou de colère, de désespoir .

J'aurais tellement aimé pouvoir me transformer, en cet instant. Ludwig aurait regretté d'être venu au monde. Hélas, je ne suis pour le moment qu'un Homme. Un Homme faible, seulement armé de mon esprit et de mes poings. Et cela sera suffisant. Avec le temps, j'ai fini par comprendre que, malgré l'indifférence totale que me portait Ludwig lorsqu’il n'avait pas besoin de moi, il s'était suffisamment attaché à son valet pour interdire à ses fidèles de porter la main sur moi. J'y ai vu une certaine marque de respect à mon égard, une certaine affection pour ce valet qui savait reconnaître quel thé était approprié pour les humeurs de son maître. Mais ce n'était que du vent, tout cela. Il profitait de moi, ça je le savais, et cela ne me dérangeait plus. Mais qu'il en fasse de même avec ma femme, ça, je ne pouvais l'accepter. D'un pas, d'un geste, j'écarte ma femme de cette vermine qui m'inspire tant de dégoût  : «  Ne vous avisez pas de vous approcher d'elle ! Laissez là en paix ! Elle ne mérite pas un tel traitement ! Pourriture ! » J'accompagne ces derniers mots d'un élégant coup de poing qui vint s'écraser sur la face barbue du vampire. Bon sang, cela me démangeait depuis longtemps, et je ressentis un bien fou à l'avoir fait, malgré le risque. C'était pour Hannah, pour mes petits, pour Edda, pour ma meute !
IbUONWh.png
Hannah Wagner
Hannah Wagner
Enfant de la Nuit
Messages : 49
Date d'inscription : 23/07/2021
Age : 34

Amères retrouvailles Empty Re: Amères retrouvailles

Ven 29 Oct - 10:44
Amères retrouvailles
9f22f9d52e8b202c9d3ff74a4447f75813875e23.gifee491e1df349ea1afa1f375937ae33e9.gif3nJy.gif
« Tu es en retard, Hannah. » Elle leva les yeux au ciel à la réplique de son employeur. En effet, elle était en retard mais les cibles de la nuit étaient plus résistantes que prévu. De ce fait, elle avait du rentrer très vite, évitant de se faire rattrapée par l'aube, et n'avait même pas eu le temps de se changer et, encore moins, de se lever. Mes excuses... Dit-elle en raffermissant sa prise sur le loup qu'elle maintenait en respect tout en l'éloignant pour éviter de froisser les documents destinés à sa Majesté. Réflexe. Dit-elle, en guise d'excuse, n'ayant clairement pas vu où elle aplatissait le valet. Elle ne réagissait même pas à la mention des enfants du loup. Si ils n'étaient pas ici, ils étaient soi emprisonnés soi ils avaient réussi à s'enfuir, seuls. Bon, de toute façon, dans un cas comme dans l'autre, elle aura les informations en temps voulu et ça ne la regardait pas.

La scène d'un Ludwig Von Offenberg qui buvait tranquillement son thé alors qu'il avait failli s'en prendre une, d'un loup-garou tenu en respect et d'une femme vampire couverte de sang et les cheveux en désordre aurait eu quelque chose de risible à un œil extérieur. Le vampire asséna à sa semblable vampirique un mot "d'excuse" tout en l'invitant à le rejoindre - et, accessoirement, libéré son prisonnier. La petite pique de flirt aurait fait crisser des dents Moxxie. Son mari était susceptible quand un autre vampire se permettait d'être plus proche que de raison d'elle. Ignorant, en apparence, totalement l'existence du loup-garou à ses côtés, elle se plaça à côté de Ludwig. La question fut plus rhétorique qu'une réelle interrogation.
De toute façon, c'était évident rien qu'à la vue de la tenue que portait Hannah. Une robe rouge qui avait été blanche dans une autre vie. Hannah Wagner portait bien son surnom de "Mort Rouge".

Alors qu'elle s'apprêtait à faire son rapport, le loup - qui avait du reprendre du poil de la bête (sans mauvais jeux de mots) - envoya un splendide coup de poing dans le coin de la figure de Ludwig. Si elle n'avait pas eu le temps d'agir sur ce cas, elle se retrouva, en revanche, au sol et à califourchon sur le loup deux secondes plus tard. Réagissant au quart de tour, Hannah s'était jetée - quasiment toutes canines en avant - sur Aurelius et l'avait plaqué au sol en l'entrainant dans sa chute. Maintenant, elle le maintenait en respect en brandissant son poignard près de sa gorge. Tu tiens pas à la vie toi! Appuyant plus, elle fini par se retourner vers Ludwig. Bon plus de surprise que de mal... Pas surprenant en fait. Que voulez-vous que j'en fasse?
Pando

_________________
2fc888vp 3rbnr4zm
I've been running through the jungle, I've been running with the wolves to get to you. I've been down the darkest alleys, Saw the dark side of the moon to get to you☾☾
Contenu sponsorisé

Amères retrouvailles Empty Re: Amères retrouvailles

Revenir en haut
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum