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Tragédie impromptue Empty Tragédie impromptue

Sam 10 Sep - 19:31
Le rendez-vous de la journée s’achevait ici, au Moka Efti. Le couple avait pris son temps au salon turc et après plus d’une heure dans ce cadre fastueux, l’homme s’était levé. Il s’était incliné pour baiser la main de sa compagne et elle avait esquissé un sourire entendu avant de le regarder partir. Moïra porta la serviette de table à sa bouche pour évincer le sucre des pâtisseries qui tacherait son joli teint de rose et sortit un petit miroir de sa pochette pour vérifier, en toute discrétion, le rouge impeccable de ses lèvres. Elle prit le temps de finir quelques gorgées de ce thé délicieux et quitta la table. Un serveur lui fit un signe de la tête afin de lui signaler que tout avait été réglé et qu’il n’attendait pas après elle.

La jolie brune avait grande allure, même en cette fin d’après-midi de mai. Moïra portait une robe violine agrémentée de dentelle noire sur le col et les manches ainsi qu'une fine ceinture de cuire noire qui ajoutait un côté audacieux à sa silhouette. Ses cheveux étaient rassemblés en un chignon orné d’une grosse perle. Pas très grande, elle avait pourtant une démarche élancée et sa petite pochette scintillante ondulait le long de son bras au rythme de ses pas.

Au loin, l’humaine aperçut quelques visages familiers. L’autre secteur de l’établissement n’avait pas le même éclat et si elle y avait mis les pieds quelques fois, ce n’était plus du tout assez coté pour quelqu’un de son rang. À cette heure-ci qui plus est, ce ne pouvait pas être des hommes bien importants. La Dame – comme elle aimait se considérer – tourna les talons vers l’entrée. Le soleil se faisait discret et le vent soufflait pourtant Moïra décida de marcher un peu plutôt que de commander un taxi. Elle traversa l’avenue et partit en direction d’Hallesches Tor pour changer d’environnement et flâner parmi les commerçants.

À peine le pied sur le trottoir, un enfant la bouscula. Un cri de surprise sortit de sa gorge et la pimpante lady tomba dans les bras d’un homme bien trop débraillé pour qu’elle puisse vouloir lui adresser la parole. Il lui offrit un sourire sans incisive et elle recula avec un air de dégoût particulièrement prononcé. Elle balbutia quelques excuses de convenances, quelques réprimandes vers le gamin disparut et retrouva son calme.

La belle ajusta sa toilette quand l'effroi la figea:  sa pochette n’était plus là. Elle porta la main contre son coeur, et tenta de retrouver son souffle. On pouvait croire que c'était là, le drame de sa vie.
Dante Uccello
Dante Uccello
Enfant d'Eve & d'Adam
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Tragédie impromptue Empty Re: Tragédie impromptue

Mer 12 Oct - 1:59

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Corbeau, corbeau, oiseau de proie, ô Diable, ô diable, où vas-tu ainsi ?

Enfin une soirée rien que pour moi !

Le Corbeau se tait, il est épuisé. Trois jours sans interruptions, trois jours de traque qui n'a mené à rien. Il a refusé de lâcher prise, il a refusé d'abandonner. Il a fallu que notre corps perde connaissance pour qu'il finisse par se faire une raison. Tant pis pour cette fois, sa proie n'ira pas bien loin. Il s'agissait d'un vampire, bien entendu, mais un haut dignitaire, un des lèches bottes de Dracula. Le tuer n'aurait fait que rajouter un trophée sur le tableau de chasse du Corbeau, mais cela aurait également porté un grand coup dans l'assurance des vampires, dans leur certitude qu'ils gouvernent notre monde et que rien ne peut les arrêter. Il l'a donc traqué, sans relâche, jusqu'à l'épuisement. Cela fait désormais vingt quatre heures qu'il n'a plus prononcé un mot, vingt quatre heures que je jouis d'une totale liberté. J'ai commencé par dormir. Douze longues heures de sommeil ininterrompu qui m'ont fait sentir aussi vigoureux qu'un étalon. J'ai ensuite profité d'un bon repas avant de prendre le temps de savourer un bon bain chaud, cigarette à la main. Je ne fume que rarement, le Corbeau ne supporte pas l'odeur de la fumée, mais, quand il se tait, quand il n'est pas en état de se manifester, je ne me gène pas pour lui faire comprendre que ce corps que nous partageons est avant tout le mien.

La nuit ne va pas tarder à tomber, il est temps que je profite du peu de temps qu'il me reste pour redevenir un homme sociable, avide de rires et de musique. Je m'habille pour l'occasion, revêtant un élégant costume et décide même de prendre la voiture. Je décide pour commencer de me rendre dans Hallesches Tor, pour y faire quelques achats. Je n'ai guère touché à mon argent depuis quelques temps, et, grâce à de bons investissements, je peux vivre de manière tout à fait décente, et enfin exhiber mon titre, même si je n'ai plus aucune terre. Je suis un Vicomte après tout... Il ne faudrait pas l'oublier. Maudit soient les hommes qui ont pris mon héritage en forçant mon père à s'enfuir... Je devrais être en Italie, avec Olivia et le reste de notre famille, à regarder le Vésuve chatouiller les nuages. Alors que j'avance tranquillement dans les rues de Berlin, savourant le peu d'insouciance qui subsistait encore en moi, je vois un homme partir en courant, sac à la main, après avoir percuté une jeune femme. Je lâche un soupir... Je parlais d'insouciance n'est ce pas ? C'était un peu prématuré... L'homme décida de traverser la rue au dernier moment, sans voir ma voiture, et il la percuta violemment. Il tomba à la renverse, sur le dos, dans un gargouillement peu flatteur. Je sors de la voiture et, après avoir repris le sac qu'il tenait encore dans la main, je le relève d'une main et l'envoie s'allonger ailleurs. Je remercie le Corbeau pour cette musculature car je n'aurais pas été capable d'un tel exploit il y a dix ans.

Je me tourne ensuite vers la femme, qui ne réalise pas qu'elle a perdu son sac, elle est là, debout, confuse. Je prends le temps de garer mon véhicule le long du trottoir et coupe le contact et m'approche d'elle. Je lui tends son sac, avec un charmant sourire, et lui dis : La soirée ne fait que commencer, il serait injuste de voir des larmes dans vos yeux.
Codage par Libella sur Graphiorum

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Sous ce masque, il y a plus que de la chair.

Sous ce masque, il y a une idée, et les idées sont à l'épreuve des balles.
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