Wilhelm Schwartzenberg - membre de la police secrète.

Histoire

Willem est né dans une très vieille famille de Bohême, dont les racines remontent plus loin que Charlemagne. Seigneurs et propriétaires terriens, ils régnaient sur leur duché et administraient leurs terres, tel que Dieu en avait décidé, malgré les aléas des guerres et de la politique. De très bons placements et des alliances fructueuses les ont fait prospérer, même s’ils n’avaient jamais obtenu la position qu’ils avaient toujours convoité : devenir princes électeurs.

Mais cet âge d’or de plusieurs siècles ne pouvait durer, et un aïeul, au début du Xxe siècle perdit une grosse partie de la fortune et des terres à cause d’un penchant pour le jeu, les courses de chevaux et des femmes ayant des goûts dispendieux. La fidèle lignée dut réduire son train de vie lorsque les caisses furent presque vides, et remercia le ciel lorsque ce panier percé cassa sa pipe et l’hémorragie financière cessa.

Pourtant le faste et la splendeur disparurent, des terres furent vendues, des châteaux cédés, et quelques objets de valeur « disparurent » dans des caisses destinées à des antiquaires de renom. Bien sûr leur rôle était toujours important, et ils conservaient leurs privilèges mais leur prestige brillait moins fort, comme le soleil caché par un nuage.

Une lueur d’espoir se ralluma cependant à l’arrivée des vampires dans cette nouvelle Allemagne réunifiée, rebattant des cartes, et faisant ascendre des gens qui auparavant n’étaient pas les plus proches du pouvoir, les plus riches ou les plus puissants… Tout ce qu’il fallait faire, était être apprécié par Dracula, afin qu’il accorde la bénédiction de son Baiser.

Et bien sûr, le candidat idéal pour faire se hisser sa famille à la place qu’elle n’aurait jamais du cesser d’occuper fut l’aîné des
Schwarzenberg : Wilhelm. Alors enfant lorsque le vampire arriva au pouvoir, il fut depuis son enfance préparé et éduqué dans le but de devenir celui qui se hisserait dans les plus hautes sphères.

Dès son enfance il fut envoyé dans un pensionnat prestigieux où beaucoup d’aristocrates confiaient leurs rejetons. Cela représentait un grand sacrifice financier, mais les relations qu’il se nouerait là bas seraient un premier pas vers leur objectif. Ça crée des liens de faire le mur au milieu de la nuit pour aller au village boire des pintes, d’aller chiper des dampfnüdel dans la cuisine, de réviser son latin ou de pratiquer du sport ensemble.

C’est donc un enfant de huit ans terrifié et pleurant sa mère ainsi que sa nourrice qui arriva dans cette immense bâtisse perdue dans les montagnes. On l’installa avec d’autres gamins apeurés dans un dortoir immense où ils devaient entasser les couvertures pour les protéger du vent glacé qui filtrait entre les pierres épaisses. Les premiers jours furent durs, mais bien vite les choses furent moins terribles que ce à quoi il s’attendait : les professeurs étaient durs mais justes, les locaux magnifiques et les journées bien remplies. Pourtant, à chaque lettre reçue tous les vendredis par ses parents, la même rengaine : pas tant d’inquiétudes, pas tant de curiosité envers leur fils, sa vie et ses activités mais seulement les mêmes injonctions : sois le meilleur, sois ami avec les plus riches et les plus populaires, rends nous fier.

A chaque retour des vacances, il avait droit à un interrogatoire détaillé sur ses fréquentations, ses amitiés, et ils encourageaient ses bêtises à condition qu’il les fasse avec les bonnes personnes, et prendre le blâme était stratégique… mais de ses états d’âme, ses joies et ses inquiétudes il n’était jamais question. Le seul refrain à leurs lèvres était de redorer le blason familial, et que leur nom soit associé au seigneur des Ténèbres.

Il acheva une excellente scolarité, fut envoyé faire des études suite à d'autres emprunts dans la prestigieuse université de Heidelberg pour y étudier le droit et bientôt son zèle et son investissement dans les mouvements en faveur des vampires lui valurent d’entrer dans la police secrète.

Il travaillait sans relâche, arrivant le premier le matin et partant le dernier le soir afin de se faire bien voir, faisant du zèle et de l’excès de zèle. Puis un soir il fut invité par son chef de service à un dîner, puis deux, puis des soirées… Il en vint à rencontrer des gens de plus en plus haut placés, e enfin le prince des ténèbres lui-même. Ses parents étaient fiers, et ils vinrent s’endetter pour louer un magnifique appartement dans les beaux quartiers afin de profiter des nouvelles relations de leur fils.

En parallèle de cette vie sociale arriva bientôt la question du mariage. Bien évidemment on lui mit entre les pattes une petite oie blanche de bonne famille, trop sage et trop soumise pour être vraiment intéressante. Pourtant il l'apprécie, aime rentrer le soir pour la retrouver, l'emmener au restaurant ou à la fête foraine en fin de semaine, mais ce n'était pas de l'amour. Jolie et gentille il n'eut pas trop de mal à lui faire deux enfants, à la grande joie de leurs parents respectifs, et avoir créé des héritiers. Là aussi, c'est un bon père qui aime ses enfants, qui apprécie les emmener au parc ou leur raconter des histoires. Ils sont sa joie et sa fierté, mais sa vie n'était pas encore complète.

Puis le jour tant désiré arriva, et il reçut le Baiser, le transformant en enfant de la nuit. Sa famille, par extension, obtint de nouveaux privilèges, et fréquenta les hautes sphères. Certains furent également transformés, pour d'autres ce n'était qu'une question de temps.