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Mathias De Cosset-Brissac
Mathias De Cosset-Brissac
Admin oiseau de nuit & Enfant de la magie
Messages : 69
Date d'inscription : 11/04/2020

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Lun 31 Mai - 17:56
Mathias De Cosset-Brissac
▬ NOM : De Cosset-Brissac, même si son vrai nom de famille est Calloway.
▬ PRÉNOM : Mathias
▬ SURNOM : Multiples et changeants. Il s'accommode de tous, mais a une préférence pour ceux qu'on lui murmure en secret.
▬ ÂGE : 29 ans.
▬ DATE DE NAISSANCE : 4 Octobre 1892
▬ ORIENTATION SEXUELLE : Ouvertement gay
▬ SITUATION FAMILIALE : Eternel célibataire enchaînant les conquêtes, expatrié vivant loin de sa famille.
▬ PARTICULARITÉS : Tatouage sur la cuisse gauche, une ancre marine avec une sirène lascivement enroulée autour de celle-ci. - De nombreuses cicatrices sur les paumes. - Ancien marqué d'une vampire - Torse enlaidit par une blessure dû a un obus - Souffre de douleurs chroniques -Sujet aux cauchemars et autres violentes angoisses.
▬ GROUPE : Sorciers - Hématomancien
▬ RANG DANS LE CLUB : N'appartient pas au Club, préfère d'ailleurs s'en tenir loin.
▬ AVATAR : Sebastian Stan
▬ CARACTERE : Charmeur - Instable - Mélancolique - Dépressif - Solitaire - A la recherche perpétuelle d'une approbation plus ou moins paternelle - Séducteur - Provocateur
▬ ANECDOTES : Être nocturne qui sort peu le jour, pianiste qui autrefois donnait des représentations, ancien combattant dont la médaille trône au-dessus de sa cheminée, clouée par une dague portant les armoiries de sa famille, Mathias est un courant d'air presque, une légende. Un hôte qui donne d'immenses soirées en sa demeure mais que l'on voit rarement en d'autres occasions que durant ces fêtes dantesques où tout Berlin vient s'enivrer. Pour les vampires, il est vu comme un petit sorcier se tuant à petit feu, s'usant au lieu de mettre à profit ses talents, tandis que pour ses pairs, il est un être dangereux qu'ils préfèrent regarder s'auto-détruire que de devoir faire avec les créations qu'il est capable de faire naître d'une saignée.
▬ HABITUDES : Grand fumeur & Consommateur de drogues - Est connu pour les soirées qu'il organise chez lui, durant lesquelles, bien des vices sont tolérées, où les surnaturels de tous horizons se mêlent aux humains - Se tient pour l'instant loin de tous enjeux politiques, se faisant oublier du monde vampirique - reste loin des autres sorciers - tente de faire oublier son implication au sein de l'unité secrète dont il a été membre durant la guerre
Histoire

1899

Il se fait colosse, ce père pour lequel je tremble, renifle, les mains écorchées par ces soins, les genoux abîmés par de nombreuses chutes, par de vaines tentatives de lui échapper, de me glisser loin de cette pièce dans laquelle nous sommes enfermés, de ce bureau qui pue la tristesse et la colère, dont l'air n'est plus qu'un miasme sur lequel je m'étouffe entre deux sanglots, deux geignements qui le font grimacer, serrer les dents au point que je les entends presque se fendre, imploser, sous la puissance de cette émotion qui l'étreint, qui le pousse à se faire monstre, à endosser les traits de ces silhouettes que je vois parfois dans mes cauchemars, d'hurler, s'épuiser à tant vouloir me terroriser, me répéter ces évidences qu'il m'a fallut accepter pour qu'il arrête enfin de broyer mes poignets entre ses doigts.

« Pourquoi Mathias, pourquoi ?! »

Recroquevillé sur moi-même, je n'ai pour réponse qu'un son, qu'une longue plainte que le silence se presse de dévorer, d'emporter dans ce soupir agacé qu'il expire, ce géniteur déçu, fatigué, las de devoir endosser la peau du terrible pour me former, pour m'apprendre à la maîtriser, cette magie qu'il dit être l'héritage d'une mère qui n'est plus là, dont il ne reste à la maison, que des possessions dont il est interdit de s'approcher, que des tableaux, de vieilles photos, le regard lointain de celui auquel je peine à faire fac tant je me tasse sur moi même pour enfouir dans mes vêtements, mes paumes couvertes d'un peu de sang qui peine à sécher, qui distille dans l'air, un parfum qui me donne la nausée, fait monter à mes lèvres luisantes de salives, ce cœur qui bat trop vite.

« Pourquoi lutter, pourquoi résister ?! Tu sais que je fais ça pour ton bien ! »

Il tente de faire un pas vers moi et je recule, poussant un hurlement déchirant, un cri si douloureux que je trébuche quasiment, manque de chuter, d'à terre, n'être de nouveau qu'un petit paquet de linge qu'il n'aurait aucune peine à soulever, à broyer, entre ses grandes mains, sous le coup de cette colère que je ne comprends pas, qui ne lui ressemble pas.

« Je t'en prie, Mathias, comprends ! Ne fais pas l'enfant, pas maintenant, pas alors que... »

Une fois de plus, je secoue la tête, me rebelle, lui tiens tête, le dos contre la porte verrouillée de son bureau, les mains crispées autour de cette chemise plissée, froissée par la peur, imbibée de ce sang qui ne cesse de couler, de se répandre entre mes phalanges comme de minuscules serpents.

Je ne voulais pas de ça. Pas de cette vie. Je veux que tout redevienne comme avant, que tu me rendes maman et mon vrai père avec. Je veux que tu disparaisses, toi qui ne fait que hurler, exiger, me blesser, planter dans ma peau des aiguilles en me disant de faire. Je veux que tu disparaisses. Que tu me laisses. Je veux voir maman.

Au loin, ses ordres et autres éructations s'étiolent, s'effacent pour ne laisser place qu'au chant assourdissant de mes sanglots, de ces larmes que je verse avec force, jusqu'à la percevoir, cette sensation nouvelle, cette étrange impression qui envahie soudain la pièce, submerge l'espace pour ne laisser entre nous, qu'un silence glaçant, qu'un vrombissement à peine audible, un ronronnement pareil à la mélopée d'un essaim, d'un millier d'ailes battants à l'unisson. Vers père, je lève le regard, en quête de réponses à ses questions que je n'ose formuler, hoquetant quand de lui je n'obtiens que cet air fasciné qui est le sien.

Je n'aime pas que tu me regardes ainsi, comme si enfin, je réalisais cette vision que tu tentes de m'imposer depuis qu'elle n'est plus là pour t'arrêter, pour te dire que ce n'est pas ainsi que son fils doit être introduit à ses dons, à ce pouvoir qui s'éveille enfin, décidé à se manifester en cet instant, à dans l'ombre de ces gouttes semées sur le plancher, faire émerger ces silhouettes qui peines à naître d'entre les lattes de bois, les fibres du tapis, qui durant de longues minutes, poussent râles et grognements alors qu'elles sortent du néant, de ce sang qui chute à peine d'entre mes doigts, ces cinq immenses chiens qui, entre nous, se dressent, les échines rongées, dévoilées par la laideur, par des vers qu'il me faut imaginer danser dans les poils de leurs fourrures plus cendrées.

« Papa... »

D'un geste de la main, il me fait taire cet homme qui tente de se faire grand face aux orbites creuses de mes nouveaux gardiens, de ces chiens dont seul un se tourne vers moi, s'avance, pour à mes côtés se lover, malgré mes gémissements, malgré mes gesticulations, cette tentative de la repousser qu'il me pardonne d'un coup de truffe, puis d'un coup de langue sur la joue.

« Mathias rien craindre. »


Dans ses iris lupines, je pose mon regard, et trouve dans le noir de celles-ci, cette vérité à laquelle me raccrocher, cette promesse qui parvient enfin à faire taire mes angoisses, à un instant, me donner le courage de sourire, de venir toucher le pelage de la bête qui se met à battre de la queue pour mes caresses.

« Promis ? » souffle-je après un dernière reniflement, un geste de la main qui me permet d'essuyer le bout de mon nez.

« Promis. »
répondent-ils à l'unisson, sous le regard indéchiffrable de ce père qui ne dit plus rien.

1910

La peau réchauffée par les rayons du soleil qui parviennent à se faufiler entre le feuillages de l'immense arbre protégeant la véranda de la demeure familiale, je ne peux que sourire en entendant soupirer Ulna, qui à mes pieds, est allongée de tout son long, appréciant ces journées que nous passons ici, loin de la maison, de père, où nous paressons, vivons, comme il ne nous laissera jamais le faire ; tournant la page de mon ouvrage non sans arracher une volute de tabac à ma cigarette, cillant à peine quand ma grand-mère se décide à me rejoindre, s'installant à mes côtés en poussant ce petit soupir exaspéré qui me fait quelque peu rire, glousser, comme l'enfant terrible que je suis.

« Il te bourre la tête avec des inepties. » grogne-t-elle en piochant au sein de mon étui en argent, une cigarette qu'elle vient glisser entre ses lèvres élimées par le temps et pourtant si joliment ourlées d'une couleur prune qui font ressortir la blancheur de ses dents. « Qu'est-ce que c'est cette fois-ci ? »

Je ne prends la peine de lui répondre qu'après avoir terminé ma page et à moitié, refermé cet ouvrage que père m'a ordonné d'étudier durant mon été en France. « Un traité sur la magie de sang et les rituels qui y sont liés. » Sur la table entre nous, je dépose l'ouvrage, admettant de par mon geste et le silence qui l'accompagne, n'en tirer qu'un profond ennui, que l'impression de perdre mon temps, de lire en effet, les théories douteuses d'un auteur possédé par la peur, par la crainte de parvenir à appréhender ce qui lui échappe, ce qui lui est impossible de dominer, d'utiliser selon ses envies, ses désirs. « C'est... Assez faux. »

Au sourcil qu'elle hausse, je comprends aisément que la seule qui l'étonne dans cette évidence, c'est que j'ai pu croire un instant que le traité serait basé sur une once de vérité.

« Enfin, surtout dans la manière qu'il a de décrire le processus de création. Tout semble lié au plaisir, à l'envie, au vice et à l'impie, comme si la mutilation et la naissance étaient des extases qui menaient à l'impie, à l'interdit. Comme si la chair était par essence, une chose qui devait être stigmatisée, détestée, expiée. »

Le temps de quelques secondes qui semblent se faire éternité, elle ne dit rien, cette mentor qui n'a cessé de m'envoyer bien des lettres, qui a tenté de m'arracher à l'autorité de mon père, qui continue de me promettre une autre vie, si je décidais de renier le nom de Calloway pour me faire français, héritier d'une dynastie sur le déclin, d'une lignée qui finira par s'éteindre, si personne après moi ne porte ce don que j'ai tant détesté, tant tenu responsable pour mes cauchemars, pour ce chagrin qui écrase encore mon être.

Mais je ne suis pas idiot, je sais que comme lui, tu essayerais de me marier, de me faire avoir des enfants pour t'assurer que ton nom ne meurt pas en vain, que d'autres possèdent cette magie que les nôtres veulent garder sous contrôle. Je sais que tu m'aimes un peu plus que lui, mais j'ai conscience qu'un jour, il me faudra partir, si je veux être libre.

Pour cette simple pensée, je vois Ulna battre de la queue, les yeux désormais grands ouverts.

« Nous sommes leur excuse, Mathias. Il n'y a pas un sorcier qui ne peut ignorer la nature de ses dons, prétendre qu'il n'est point lié à une divinité sans nom, une force qui veut probablement la fin de toute vie sur cette terre. Nous sommes cette engeance sale et démoniaque qu'il est aisé de détester, de mépriser, de considérer comme des animaux, des bêtes servant le chaos et la destruction. La vérité, c'est qu'ils ont peur que nous les abattions de ces horreurs qu'ils taisent dans l'espoir de passer pour supérieur. »

Du bout de son ongle taillé comme une serre, elle vient désigner mon cœur.

« La magie ne te pousse pas à créer des monstres. C'est ton cœur, ton esprit qui le fait. Tu peux vouloir invoquer l’innommable mais aussi créer cela. »

Son index désigne cette fois-ci la chienne à mes pieds, qui peu heureuse de cette leçon, s'est redressée, de manière à toiser la matriarche à la gorge drapée d'un long châle teint de manière à feindre le plumage d'un paon enamouré.

« C'est cela qu'ils craignent. L'idée seule que nous puissions être leur juge et bourreau. Le parfait reflet de ce qu'ils prétendent ne point être. Nous sommes là pour les excuser, Mathias. Nous sommes martyrs. »

Et cela t'arrange au final, parce que cela te donne le droit d'être terrible, de terroriser ceux qui auraient pu te broyer si tu n'avais dans les veines, le pouvoir de tisser ce que bon te semble. N'est-ce pas ton excuse à toi, cette peur qu'il éprouve à notre égard, pour commettre le pire, t'égarer le temps de ces rituels auxquels tu tiens tant à me convier?

« Il t'a encore envoyé une lettre. J'ai pris la peine de lui répondre, de manière préventive. »

Du bout des lèvres, j'expire un rond de fumée qui s'égare dans l'air, qu'Ulna suit de ses yeux trop intelligents pour un chien.

« Je me suis permis de dire à Morgan d'aller oppresser son autre fils. » Malgré moi, je me retrouve à rire. « Quoi ? Ton frère va être jaloux à force. On dirait qu'il n'y a que toi qui existe à ses yeux. »


1916

Il me faut baisser la tête, malgré ma capuche, pour échapper à la colère de cette pluie qui s'abat sur notre groupe avec violence, qui frappe nos épaules au point que nous sommes, au milieu de la boue, de cette terre retournée par les obus et le passage incessant d'hommes tentants de fuir les horreurs du champ de batailles, de ces tranchées qui se dessinent à quelques mètres d'entre nous, et dont il émerge, une odeur puissante, le parfum même d'une décomposition accélérée par l'humidité, la crasse, la négligence de ces survivants que l'on distincte à peine au milieu des cadavres éventrés, affreusement mutilés, des restes noyés dans le sang et autres fluides qui produisent bien des iridescences qui doivent être aussi éblouissantes qu'effrayantes au soleil. Dissimulé sous ma pèlerine, mes bottes s'enfonçant toujours plus dans cette glaise collante, je grimace, essaye de l'ignorer, ce carnage qui s'offre à nos regards, qui ne semble déranger mes compagnons, ces autres surnaturels qui ont su s'y faire, aux horreurs de ce conflit, aux gémissements et autres plaintes terrorisées qui émergent parfois des tas de corps qui entravent sentiers et autres tunnels, qui gisent entre les fronts, sous les regards de ceux qui prient pour y échapper, à cet enfer crée par les leurs, par ces hommes qui ne voient en nous que les porteurs d'une mort certaine, les envoyés de ce Dieu qui n'est là pour les sauver, mais au contraire, les juger, les condamner pour ces péchés qu'ils ne voulaient commettre, qu'ils ont dû perpétrer pour plaire à des puissants qui ne prendront la peine de les pleurer, qui n'auront pitié de leurs âmes, de ce qu'il adviendra de leurs restes. Les bras refermés autour de mon torse, je ne peux retenir ce tremblements que les autres ont la décence d'ignorer, de mettre sur le compte de ce déluge qui se refuse à se calmer, qui creuse un peu plus le sol déjà meurtri, mettant ainsi à jour, des fragments, quelques ossements déjà rongés par les vers sur lesquels nous marchons, conscients que nous ne pouvons nous arrêter pour chacun d'entre eux, que d'autres, passeront après pour les déterrer, les balancer, sans une prière, au fond d'une fosse que l'on se dépêchera de recouvrir, d'oublier, d'offrir à ce néant que je sens presque se glisser dans nos pas, gronder, impatient de récolter le fruit de notre intervention, excité, à l'idée que d'autres vont bientôt tomber.

Les cavaliers du grand après, de l'au-delà, voilà comment ils auraient dû nommer, ceux qui ont eu cette brillante idée. Si ils étaient là, ils verraient, comme il est monstrueux de nous demander de détruire ceux qui ont pu survivre aux assauts, aux balles, à l'enfer vomit par la technologie, par ces machines pensées pour détruire. Peut-être comprendraient-ils, ou alors, en parfait ambitieux ne songeant qu'à ce trône que Dieu ne leur accordera jamais, peut-être exigeraient-ils plus que le sang de l'ennemi.

« Ca fait un moment qu'ils sont là. Qu'ils attendent. » gronde l'unique lycan de notre unité, un homme aux lèvres mutilées, maintes fois déchirées par des combats dont il ne parle jamais, qu'il préfère taire sous d'autres histoires, sous ce silence qu'il a, autour du feu de camp. « Y'a plus grand monde de notre côté. » A la grimace qu'il esquisse, je sens mon estomac se retourner, mon cœur remonter jusque dans ma gorge. « Plusieurs jours. Assez pour qu'il commence à se faire à l'idée de somnoler à côté des boyaux des autres. » Un ange passe au-dessus de nos têtes, semant du bout de ses ailes, un frisson que nous ne parvenons à faire taire. « Dans moins d'une semaine, si on les laisse comme ça, ils vont commencer à jouer les charognards, Chef. »

Pour cet aveu, notre capitaine, Léon, dévoile ses crocs le temps d'un claquement de langue agacé, d'un regard qu'il porte sur nous, qui se fait celui d'un père las, fatigué de devoir ainsi tant exiger de sa progéniture, de ses enfants qu'il dit aimer malgré les offenses et autres tortures infligées.

« Nos ordres sont de purger les tranchées. »

Autre silence, autre frisson qui me fait regretter de ne pas avoir une autre veste sous celle que je porte depuis un mois, presque, sans avoir pu la retirer, la laver dans une eau qui ne soit pas troublée par la terre et l’essence.

« Commençons par les allemands. Je n'aimerais pas qu'ils nous tombent dessus en comprenant ce qui se passe. Mathias. »

D'un geste de la tête, je perçois son ordre et m'exécute, retroussant déjà mes manches tandis que j'expire lourdement, appréciant, acceptant, l'autre sorcière qui vient se glisser dans mon ombre, s'assurer que je ne risque rien, qu'en paix, je puisse invoquer, faire émerger, ce fléau qui ne demande qu'à s'abattre, dont la volonté, déjà, se fait ressentir à l'instant où j'entaille l'un de mes poignets, où à la pluie, se mêle mon sang vermillon, cette effusion qui semble s'en retourner à la terre, être bu par ce peu d'herbe à mes pieds.

Tout ça parce qu'ils ne veulent pas que les renforts observent cette misère, ce futur qui sera leur, quand, comme ceux avant eux, ils viendront s'enterrer dans la gueule même de la mort, dans les entrailles d'un Léviathan prêt à les condamner au Purgatoire, aux sévices et châtiments que l'on réserve d'ordinaire aux pécheurs et autres criminels, et qui aujourd'hui, n'est que fatalité pour ceux portant l'uniforme, ceux servant leurs pays, leur patries. Aujourd'hui il n'y a plus que des coupables, que des blasphémateurs qui ne méritent de s'en retourner à leur Seigneur. Il n'y a que le Jugement Dernier et nous, portés par la volonté d'archanges cruels, obsédés par la victoire, le besoin de dominer un monde dont il ne restera bientôt plus rien.

Tous retiennent leur souffle, attendant, veillant, patientant, pour la venue de cette créature que je sens se former dans le sang, dans ce mélange liquide que la terre avale goulûment et recrache aux visages de ces soldats qui luttent dans le froid, qui alertés par nos silhouettes, nos voix voilées par l'averse, s'agitent, gigotent, inconscients d'être entourés par une chose qui émerge de l'éther en un bruit humide, en poussant un hurlement qui fait rouler mes yeux dans mes orbites.

« Il n'y a pas de pitié pour ceux qui acceptent les horreurs de leur peuple. Qui obéissent. Qui excusent. » murmure-t-elle avec fièvre, celle dont la magie enveloppe mon être, permet à ma chair de résister, de se calmer, qui à mon oreille, s'adresse directement à l'abomination à l'allure changeante, aux multiples gueules s'ouvrant pour vomir de plus petits prédateurs, d'étranges chimères aux allures de fauves pourtant couvertes d'écailles, qui déjà, se jettent sur leurs proies, sur ces soldats qui n'ont le temps d'hurler qu'une unique fois avant de s'écrouler en poussant quelques gargouillements, d'agoniser sous le regards de ceux qui n'ont le temps de prier tandis qu'ils comprennent, qu'ils acceptent, que la fin est là, qu'enfin, leur ait accordé, ce répit auquel ils devaient rêver depuis des semaines, des mois, des années.

« Mort à ceux qui n'ont eu la bonté de tomber avec leurs camarades, qui ont été lâches. »

Je claque des dents pour le cri de cette meute affamée, déjà lassée de naviguer entre les corps, de planter leurs serres dans des corps qui se délitent, qui flottent dans la fange et la misère humaine.

« Qu'ils soient condamnés, les lâches qui ont voulu sauver leur peau. »

Une mâchoire  claque sèchement, si violemment que je retiens mon souffle, m'étouffe à moitié, pour la saveur cuivrée qui vient saturer mon palais, emplir ma bouche au point de me forcer à cracher, à la renier, cette salive qui se met à dégouliner le long de mon menton mal rasé.

« Mort aux hommes, Mathias. » souffle-t-elle pour nous deux seuls, alors que la bête se tourne vers les survivants, vers ces hommes qui déjà, tentaient d'escalader les falaises de boue et d'ossements pour nous atteindre, pour embrasser nos mains, nous remercier d'être là pour apporter la miséricorde de Dieu, pour à nos pieds, déposer ses psaumes et prières qu'ils ne cessent de répéter afin de combler le silence, de ne point entendre le feu surgissant des canons en-face, des fusils de ces pairs qui veulent juste survivre, rester en vie.

Je les entends. Supplier, sangloter, appeler une dernière fois cette mère qui n'est là pour les bercer, qui ne recevra qu'une lettre pour leur annoncer que leurs fils ne reviendront pas, qu'il n'y aura pas de corps dans le cercueil qu'elles devront mettre en terre, aux côtés de leurs ancêtres. Je les entends, demander pourquoi, alors que mes créations plongent leurs crocs dans la chair tendre de leur ventre, répandent leurs entrailles au milieu du chaos, d'un charnier qui sera recouvert avant la fin de cette averse. Je les entends, chacun d'entre eux, m'en vouloir, me maudire, me faire démon. Je les entends, me souffler qu'ils seront là, quand mon heure viendra.

Sur le front, le silence retombe tandis qu'à genoux je tombe pour sangloter, réconforté par le regard désolé de mes compagnons, par cette averse qui continue de laver mes plaies, de nourrir la terre de ce sang que je jugule avec peine, trop occupé à renifler, à en vouloir à ceux qui ont fait de moi, un simple outil, le créateur de monstres qui pourchassent les hommes.


1920

Les lettres filent entre mes doigts, se font liasses que j'écoute tomber au sol, former ce tas auquel je n'accorde ni regards, ni attention, trop occupé à flotter au milieu de ces mélusines nées de l'ivresse, de ce tabac qui se consume dans le cendrier posé à porté de mes mains engourdies par la fatigue, par bien des vertiges que je ravale difficilement, contre lesquelles je peste, quand quelque peu lucide, je parviens à revenir de ce grand brouillard au sein duquel j'évolue, inconscient, incertain quant au passage du temps, quant à ce réel qui ne cesse de muer, se métamorphoser, au fil de mes pensées qui ne sont plus que serpents s’entre-dévorant, luttant, pour assurer leur existence, que nid de vipères duquel je ne tire qu'une certitude, une évidence qu'il m'est pourtant impossible de saisir, de graver dans l'éternel. Il me semble pousser un gémissement, tenter de me relever avant d'être allongé par deux mains se posant sur mon torse, m'ordonnant de rester sage, de ne pas tenter de lutter contre cet abrutissement qui se fait poison dans mes veines, démence à laquelle je me soumets pour n'avoir à me soucier de ces missives que je contemple d'un œil morne, le cœur transpercé par bien des doutes et angoisses qui soufflent à mon oreille, souvenirs et mensonges, illusions et inventions pour lesquelles je me retrouve à cambrer les reins, supplier en silence que l'on me laisse sombrer pour de bon, oublier, n'être carcasse dont on pourrait abuser.

Je t'en conjure, reviens à la maison. Ne fais pas l'enfant, Mathias.
Il est temps pour toi d'endosser ton rôle, d'être mon héritier, d'enfin grandir, cesser de te cacher derrière des rêves réservés à d'autres.
Le monde a changé, Mathias. Ils viendront un jour pour nous, simplement pour notre sang.
Mathias, tu me manques.


D'entre mes lèvres, se glisse un peu de cette bile que je vomis sur le tapis fraîchement acheté, de ce suc gastrique que l'on vient essuyer à même ma bouche, dans l'espoir, sûrement, de me rendre visage humain, de me sauver de cette misère dans la gueule de laquelle je m'enfonce un peu plus, en me débattant lorsque que l'on essaye de me tirer de là, de me tirer jusqu'à cet immense lit puant le stupre et les remords, de m'allonger dans ses draps qui portent encore le parfum de ma propre décadence, de cette souillure que je ne parviens plus à laver de mon derme, de ces nuits que je passe à être la putain d'autres hommes appréciant de me voir écarter les cuisses, murmurer comme il est bon de n'être que fantasme d'un soir, laide pulsion d'une fois.

J'avais un avenir, des envies. Je voulais être moi-même et aujourd'hui, je ne suis qu'ombre d'homme, simple collections de vices et de travers qui dépense une fortune qui n'est pas la sienne, qui s'entoure de dépravés en prétendant s'assumer, être l'avatar de cette jeunesse moderne. J'étais quelqu'un et aujourd'hui, je ne suis que ça, une honte qui fuit la tyrannie des vampires, qui s'exile au sein de son propre manoir pour n'avoir à affronter le monde, pour n'avoir à vivre, simplement prétendre survivre.

Le joueur
Partie joueur
▬ Pseudo : Andréas
▬ Prénom : M.
▬ Âge : 27 ans
▬ Pays : France
▬ Fréquence de connexion : J'suis l'oiseau de nuit que vous allez croiser à des heures pas possibles
▬ Inventé, tiré de la littérature, scénario ? Inventé
▬ Comment avez-vous connu le forum ? J'ai été livré avec les meubles.
▬ Commentaires : Je ne mords pas, promis.  Laughing
Abraham Van Helsing
Abraham Van Helsing
Admin tea lover & Enfant d'Eve et d'Adam
Messages : 269
Date d'inscription : 23/12/2020

(Mathias) ▼ A Heart of Broken Glass Empty Re: (Mathias) ▼ A Heart of Broken Glass

Ven 4 Juin - 21:30
Félicitations !
.
Ca y est, te voilà enfin avec cette nouvelle version de ton Mathou adoré! J'ai le plaisir de te valider! Maintenant remplis tes dossiers et au RP jeune homme! On a un vampire à renverser!

(Mathias) ▼ A Heart of Broken Glass Giphy
Maintenant que tu es validé(e), te voilà prêt(e) à t'aventurer dans tout Berlin, mais attention aux rencontres que tu y feras ! Nos te conseillons de commencer par te recenser dans les différents bottins du forum que tu trouveras ici, puis,  de faire toute la paperasse nécessaire pour te trouver des partenaires de jeu juste et enfin, si vous en avez besoin, de vous créer logements et autres lieux de travail histoire de recevoir convenablement vos invités, dans ce sujet ci !

Voilà il ne me reste plus qu'à te souhaiter bon jeu, et t'inciter, si ce n'est pas fait, à nous rejoindre sur Discord.  Cool

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Abraham Van Helsing
“Bien qu’innocent, tu dois expier les péchés de ton père.” Horace

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