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Elisabeth Höngen
Elisabeth Höngen
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L'ombre du corbeau Empty L'ombre du corbeau

Jeu 14 Avr - 23:32

L'ombre du corbeau

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Sur les planches de la scène de l’opéra, bordées de chaque côté par deux épais rideaux rouges aux reliures dorées, une fine silhouette longiligne se détachait de l'obscurité par ses mouvements gracieux et sonores ; le corps d’Elisabeth ne semblait être qu'un prolongement de l’orchestre qui s’articulait à côté d’elle, cousue dans une chair de tourments incessants qui se répercutait contre les murs au fur et à mesure que sa voix enflait, virevoltant dans les aiguës et surpassant la chair des spectateurs pour y décrier quelques frissons. Un véritable ballet de symphonies s'accouplait dans de ce vacarme suave qui, malgré la haute portée, ressemblait davantage à un murmure et à une caresse, comme une réponse, un aveu de faiblesse au monde qui l'entourait, un monde qu’elle méprisait parfois, qu’elle enviait un peu, qu’elle détestait encore plus, qu’elle maudissait même, de toutes ses forces, de tout ce qui lui restait.
ㅤㅤLe silence était alors retombé et ses lèvres se replièrent, ses mains aussi. Celles des spectateurs se levèrent et frappèrent dans une rythmique qui lui arracha un sourire presque salvateur, les battements remontant jusqu'à ses oreilles engourdies, parvenant à son cerveau anesthésié et, enfin, elle put ouvrir de nouveau les yeux pour observer avec soulagement l’océan de mains pâles qui tonnaient sous les lumières artificielles. Elle était restée quelques secondes ainsi, statuette figée par la gloire sur l’estrade, sous le tambour humain qui acclamait sa performance, avant de pouvoir saluer la foule pour la dernière fois de la soirée, dans une courbure ô combien élégante.

Dans sa loge, les bouquets de fleurs offerts s'entassaient dans tous les coins ; morose, ce soir, eIle avait bien envie de faire valser ce parterre de pétales qu’elle jugeait macabre, les fleurs, c'est pour les cimetières songeait-elle tout bas. Pourtant, la tombe de son père n’était jamais fleurie.
ㅤㅤS’emmitouflant dans un épais manteau de fourrure, Elisabeth s’était levée de sa chaise confortable et, emportant sur le bras tous les bouquets colorés déposés à son attention après le spectacle, elle s’était frayée un chemin jusqu’à l’extérieur pour grimper dans la voiture qui l’attendait en bas des marches de l’Opéra. Elle souffle en se laissant retomber sur la banquette arrière, genoux pliés et menton accolé contre son épaule, suivant des yeux les gouttes de pluie qui font la course le long de la vitre, n’accordant que de brefs regards au paysage qu’elle connaissait par coeur et, alors qu’ils approchaient de sa demeure, elle lança soudainement :
« Arrêtez-vous ! Je vais marcher, j’ai besoin de prendre l’air. Merci Friedrich. »
Il s’y était opposé avec souplesse mais fermeté, déclamant poliment qu’il était bien trop tard pour marcher seule dans les ruelles mais, n’écoutant qu’elle-même, Elisabeth s’était extirpée de la voiture et avait refermé la portière d’un coup sec comme seule réponse. Ce soir, elle n’avait pas envie de faire semblant, et elle avait encore moins envie de l’écouter. L’air frais, apaisant et revigorant, vint bien vite titiller ses joues, les irritant gentiment d’une chaleureuse teinte rosée tandis qu’elle avançait d’une démarche plus ou moins droite, faisant marteler ses talons contre le sol tout en respirant à plein poumons, se sentant davantage apaisée jusqu’à ce que, dans le silence troublé de la nuit calme, des bruits de pas se mêlèrent aux siens, comme une cadence menaçante. Se retournant sur elle-même pour découvrir le visage de celui ou celle marchant dans ses pas, la blonde encore vêtue de sa robe de soirée avait froncé les sourcils en ne voyant personne derrière elle, les sens alarmés et l’esprit soudainement à l’arrêt. Elle aurait pourtant juré que…
« Arrrg ! »
Elle n’eut guère le temps de réagir que, déjà, une main froide vint se glisser autour de sa gorge pour la serrer avec une vive cruauté, l’empêchant de crier ; dans la confusion et la peur, elle avait lâché son réticule en essayant de repousser cette main meurtrière, la griffant et se débattant comme un diable en furie, en vain. Les yeux submergés de larmes, la vue troublée, elle avait fini par abaisser le voile de ses paupières tout en essayant de capturer l’air qui venait narguer ses lèvres entrouvertes, se sentant presque condamnée, déjà ; l’heure n’était même plus à la prière. Elle songeait simplement qu’avec un peu de chance, un peu d’aide du Seigneur s’il la prenait en pitié malgré ses péchés, elle mourrait de peur avant même de subir la violence de cette créature malfaisante.

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Ven 15 Avr - 2:37

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L'ombre du Corbeau



[https://youtu.be/zh4gzV_x3UM]

"Tu m'avais promis ! Ce soir était le mien ! Elle chante ce soir, je ne veux pas louper ça !"

La voix de Dante, indignée, résonne dans sa tête sans qu'il y prête attention. Il avait payé sa place, il attendait cette soirée depuis plusieurs semaines. Mais le Corbeau ne pouvait pas le laisser y aller. Ce soir, la lune était absente. Ce serait une nuit noire qui s'abattra sur Berlin. Peu importe le chant, peu importe la distraction, les vampires seront sorti chasser. Ce soir, le sang des innocents va couler. Il revenait au Corbeau d'en faire couler l'équivalent chez ses ennemis. Les vampires allaient perdre beaucoup des leurs ce soir. Malgré les protestations de Dante, le Corbeau attacha son masque, ajusta son costume et enfila son long manteau sombre. Lorsque la voix de Dante se fit trop insupportable, il le poussa à se taire, en vain. Bon sang ! Que de temps perdu à cause des caprices de Dante ! La main sur sa tête, le bec baissé, le voilà en pleine conversation avec lui même. Dante était lui, autant qu'il était Dante. Malgré son amertume, il ne pouvait se résoudre à partir en chasse alors qu'ils étaient en désaccord. C'était déjà arrivé, et il avait lamentablement laissé s'échapper sa proie. Dante restait quand même celui qui avait le plein contrôle de ce corps, et, s'il le voulait, il pouvait rendre la vie impossible au Corbeau. Ce dernier le lui rendait bien, surtout quand c'est Dante qui avait le contrôle de ce corps qu'ils partagent depuis de nombreuses années. Tels deux frères rivaux, ils se disputent, se chamaillent. Mais ce soir, il fallait se mettre d'accord.

Après vingt bonnes minutes, le Corbeau sortit enfin dans la nuit. Il avait du promettre à Dante de lui laisser deux semaines entières sans l'ombre d'un murmure, ni même dans ses rêves. Dure décision, mais c'était le prix à payer pour que Dante se taise enfin. S'élançant sur les toits de Berlin, disparaissent dans l'ombre des ruelles, le chasseur est dans son élément. Il ne reste plus qu'à trouver une proie. Il ne tarda pas à la trouver. La nuit était déjà bien avancée et un cri résonna dans la pénombre. L'oiseau de proie, n'écoutant que son instinct, grimpa sur un toit et fut bientôt sur place. Il entendait presque la respiration excitée de Dante. Malgré leur désaccord, ils étaient suffisamment fusionnels pour que l'un suive chaque action de l'autre, comme s'il assistait à un spectacle, une pièce de théâtre, mais en mille fois mieux. Quelle scène offre autant de sensations ? Quelle pièce montre autant de détails, délivre autant d'émotions ? Debout face à la scène, perché à plusieurs mètres de hauteur, le Corbeau voit. Les étoiles derrière lui, le vent soufflant légèrement et soulevant les pans de son long manteau noir. Les deux mains posées sur la canne aux embouts d'argent. Il voit. Une jeune femme, tenue en respect par deux vampires, qui s'apprêtent à plonger leurs horribles crocs dans sa chair immaculée. Les cheveux blonds de la jeune femme brillent sous le feu des lueurs lointaines des lampadaires de la rue principale. Le Corbeau voit. Dante observe.

Puis le temps est venu d'agir. Sans un mot, sans un bruit, l'oiseau de proie plonge sur ses futures victimes. L'affrontement est rapide, violent. Les coups s'enchaînent.
Dans l'ombre de la nuit, le Corbeau semble danser, ses poignards en argent dans les mains, cisaillant, lacérant, avec ces deux seuls mots en tête. Jamais plus.
Jamais plus il ne les laissera s'attaquer ainsi à de jeunes êtres innocents.
Jamais plus ils ne profiteront de la faiblesse du genre humain, car voilà qu'ils ont un avant goût de leur force.
Alors qu'ils hurlent, ne sachant pas ce qui les tuait en cet instant. Un être de malheur, oiseau ou démon, prophète de leur propre perte.  
L'un, la gorge ouverte, regardait son compagnon partir en cendres, lacéré, achevé par un coup en plein cœur. Allongé sur le ventre, essayant de reprendre ses esprits, alors que la plaie, brûlée par l'argent et l'eau bénite crépite sur sa peau pâle, il sait que c'est terminé.
Et le Corbeau, immuable, est toujours debout, juste au dessus de lui et ses yeux ont toute la semblance des yeux d’un démon qui rêve ; et la lumière de la ville, en ruisselant sur lui, projette son ombre sur le sol ; et les yeux de l'être, hors du cercle de cette ombre qui gît flottante sur le sol, ne pourront plus briller. "Jamais plus" *

Les cendres se dispersent dans l'air de la nuit. Le Corbeau est seul. Essuyant ses lames sur les vêtements abandonnés à terre. Il les rangea dans son manteau avant de commencer à s'éloigner, sans un mot de plus. "Attends !" Lui dit Dante "C'est la Cantatrice !" Le Corbeau se tourne vers elle. Effectivement. C'est elle. Et ? "Aide la !" Pourquoi faire ? Elle n'a plus besoin d'aide, elle a été sauvée. "Je t'en prie !" Le Corbeau soupire et s'avance vers elle d'un pas décidé. Une main gantée sur sa canne, il tends l'autre, tout aussi couverte, vers la jeune femme et lui dit de sa voix sifflante et rauque :" Êtes vous blessée ?"

Codage par Libella sur Graphiorum


*inspiré du poème le Corbeau d'Edgar Allan Poe

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Sous ce masque, il y a une idée, et les idées sont à l'épreuve des balles.
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Dim 17 Avr - 14:40

L'ombre du corbeau

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Un sursaut de stupeur s’était éteint au fond de sa gorge lorsqu’une main puissante l’eut soulevée avant même qu’elle n’eût pu souffler un mot de protestation ; cette même poigne, qui avait saisi sa nuque gracile avec une facilité déconcertante, la jeta sans douceur à terre, la faisant chuter sur le dos dans un gémissement plaintif, ses omoplates cognant durement sur les pavés. La blonde poussa un cri de terreur, découvrant les visages de ses agresseurs, qu’elle devinait déjà animés des intentions les plus mauvaises. Voyant qu’elle tentait de fuir malgré sa mauvaise posture, l’un d’eux appuya un pied de conquérant sur son buste féminin pour l’empêcher de bouger, alors qu’ils riaient tous deux de son malheur, dans des accents carnassiers.
« Pitié… »
Avait-elle imploré d’une voix étouffée tout en secouant son menton de gauche à droite sans se départir de sa combativité ; par des coups de pied et des coups-de-poing, en se démenant comme un diable en furie, elle chercha à les repousser, malgré l’évident manque de force qui l’outrageait. Mais alors qu’elle se croyait finie, l’un des deux hommes émit un affreux gargouillement et tomba à genoux, puis à terre dans une position grotesque, n’ayant plus l’air que d’une grosse poupée de chiffon désarticulée. Le sang avait jailli, et constellait les murs les plus proches. La jeune femme, qui n’avait plus de voix pour crier, se contenta de reculer maladroitement, se traînant en arrière sur les mains pour échapper à la violence de la scène, dont elle ne pouvait cependant détourner les yeux.

Les deux agresseurs réduits en poussières, Elisabeth avait tremblé d’effroi et d’incompréhension avant de lever les yeux vers son sauveur ; dans l’obscurité de la nuit troublée par l’horreur, s’élevait une silhouette d’une stature imposante, immense, terrifiante par la force mystique qu’elle dégageait ; un homme — elle songea que cela ne pouvait être qu’un homme sous le masque, qui lui faisait presque autant peur que ses assaillants. Pourquoi diable portait-il un tel accoutrement ? Et comment avait-il fait pour faire disparaître ces deux hommes ? Devinant peut-être sa détresse, car la belle avait gravement blêmi et semblait proche de l’évanouissement, il s’avança vers elle pour se mettre à sa hauteur ; voulant lui échapper, Elisabeth se heurta au mur derrière elle et avait alors raidi ses épaules comme en redoutant le mal qui allait lui être fait. Sans issue, elle se recroquevilla tout d’abord sur elle-même et, baissant les yeux, elle attendit en tremblant de peur.
« Êtes-vous blessée ? »
Sincèrement étonnée, la cantatrice sans voix avait relevé son menton vers l’homme masqué tout en haussant ses sourcils avec intérêt, lançant un regard à la main qu’il lui tendait avant de déglutir avec difficulté, ses lèvres espacées mais muettes. Après quelques secondes d’hésitation, la blonde avait glissé sa main fine et tremblante dans la sienne, s’aidant de celle-ci et de l’appui du mur pour se hisser sur ses jambes grelottantes, de vives émotions secouant encore son esprit.
« Non, je… Oh, heureusement que vous étiez là. »
Tenant encore sa main sans même s’en rendre compte, Elisabeth avait machinalement serré ses doigts gantés tout en papillonnant longuement des cils, essayant de remettre de l’ordre dans ses pensées éparpillées avant de poser de nouveau ses yeux bleus sur lui, dans un regard véritablement soucieux de sa personne :
« Et vous ? Vous n’êtes pas blessé, j’espère ? »

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Mar 19 Avr - 3:38

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L'ombre du Corbeau



[https://youtu.be/zh4gzV_x3UM]

La jeune femme était sous le choc, terrorisée par ce qu'elle venait de voir.

Le Corbeau, debout, immobile, la regarde. Elle est assise au sol, pâle comme une morte, tremblante. Dante le supplie de l'aider, il ne voit pas pourquoi il le ferait. Elle a été sauvée, et c'est à elle maintenant de se débrouiller pour rentrer. Le Corbeau ayant peu de notion de galanteries, hélas, Dante le pousse cependant à changer d'avis. Il se dirige donc vers la femme paniquée qui, sous l'effet de la terreur, cherche à lui échapper. Il la enfin voit fermer les yeux, baisser la tête, renoncer à l'existence et attendant qu'on vienne lui porter le coup qui la fera quitter ce monde... Etrange sentiment qui envahit à ce moment là le Corbeau. Habituellement, lorsqu'il faisait face à cette scène, il se sentait puissant, impitoyable, car c'était après tout des vampires qu'il avait sous les yeux, des vermines qui ne font qu'apporter le malheur sur ce monde. Mais ce soir, il éprouvait non pas un sentiment de puissance, mais plutôt de la compassion, et une forte envie de protéger l'être qui lui faisait face. Il mit cela sur le fait qu'elle ressemblait un peu à Olivia, la petite sœur décédée de Dante, celle dont la mort avait permis la naissance du Corbeau. Dante rétorqua : Tu devrais te plonger dans mes souvenirs un peu plus souvent le volatile. Olivia ne ressemblait en rien à la Cantatrice. Maintenant cesse de cogiter et aide la ! Le Corbeau soupira et, demandant à la jeune femme si elle était blessée, il lui tendit la main.

Elle releva les yeux vers lui, et le Corbeau put lire la surprise dans son regard. Non, elle n'allait pas mourir, pas ce soir, pas tant que le Corbeau serait là et que Dante tiendrait ce dernier par la bride. Il resta là, la main tendue vers elle, à attendre qu'elle se décide. Elle ne pouvait pas voir ses yeux, pas aussi bien qu'il pouvait voir les siens, mais il se demanda presque, l'espace d'un instant, si elle était aveugle, tant son regard était clair. Dante ricana, lui rappelant que, sous ce masque, ses yeux aussi sont d'un bleu éclatant. Le Corbeau secoua brièvement la tête, tentant de chasser Dante de son esprit, et se maudissant de lui avoir promis deux semaines de plein contrôle alors qu'il ne respectait pas sa promesse de silence absolu pour cette seule soirée. Il se retint de sursauter quand les doigts délicats de la jeune femme attrapa sa main gantée. Il resta deux ou trois secondes à la regarder avant de se relever de l'aider à en faire de même, doucement, sans la brusquer, car elle est de toute évidence sous le choc. Ses jambes tremblaient, et elle peina à se remettre debout, mais quand cela fut fait, elle lui répondit enfin qu'elle n'avait rien, grâce à l'intervention du Corbeau. Ce dernier inclina simplement la tête, acceptant le remerciement caché derrière ce compliment. Il n'avait pas fait grand chose après tout, seulement ce pourquoi il était né, ce pourquoi il s'était entrainé pendant des années.

Ils restèrent un moment, debout, l'un face à l'autre. Le Corbeau avait le bec tourné vers la gauche, la tête baissée, silencieux. Son nez, malgré le masque, sentait l'odeur du parfum de la jeune femme, et il ne savait à présent pas quoi faire. Il ne réalisa que bien tard que la main de la jeune femme était encore dans la sienne, et que cette dernière serrait ses doigts gantées, comme si ce simple geste suffisait pour l'aider à reprendre contenance. Que faire ? La faire lâcher ? La laisser faire ? Pour la première fois depuis le début de son existence dans ce monde, le Corbeau se tourna vers son hôte et compagnon de corps depuis de nombreuses  années. Par le passé, c'était plutôt l'inverse qui se produisait. Dante demandait au Corbeau de l'aider dés qu'il fallait se battre ou disparaitre dans la nuit. Il n'y a qu'une seule fois où le Corbeau a refusé de l'aider, et pendant quatre ans il ne s'est pas manifesté... C'était pendant la Grande Guerre. Aujourd'hui encore, Dante a du mal à digérer son aussi long silence et son absence pendant ces années difficiles. Le Corbeau craignit que Dante ne lui rende la pareille, mais, étonnamment ...  Tiens donc ? Tu as besoin de moi, toi qui souhaite que je me taise depuis le début de la soirée, toi qui me pourrit la vie depuis mes dix sept ans ? Tu ne crois pas que tu m'en demande beaucoup ? Un silence.... Bon. Reste calme le volatile. C'est une femme, pas un démon. Tant qu'elle a besoin de ta.. Non, de MA main, laisse la lui, elle ne va pas te la manger.

Le Corbeau soupira, et dut se retenir à nouveau de sursauter quand elle parla de nouveau, lui demandant si lui n'avait pas été blessé. Il leva le bec vers elle, et lut dans son regard une réelle inquiétude qui l'étonna. Pourquoi demandait elle ça ? Elle l'avait pourtant vu se battre, elle avait vu qu'il n'avait pas été touché une seule fois par les vampires... Elle est sous le choc, elle ne sait pas ce qu'elle dit. Ne lui en tiens pas rigueur... Le Corbeau répondit alors : Non.  Je n'ai rien.   C'est tout ? Je... Je vous remercie. C'est mieux. Le Corbeau faillit laisser échapper un soupir. Maintenant qu'il avait demandé l'aide de Dante, ce dernier se sentait impliqué dans le moindre des évènements de la soirée, ça allait être insupportable. Il leva le bec de nouveau vers la jeune femme. Elle paraissait seule, ou alors son accompagnateur s'était enfuit.  Il lui demanda alors : Etes vous loin de chez vous ?
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Dim 24 Avr - 1:37

L'ombre du corbeau

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Ne sachant qu’espérer de cette rencontre à la fois hasardeuse et salvatrice, Elisabeth observait celui qui était son sauveur en ayant l’étrange sensation qu’il était tout aussi désarçonné qu’elle dans cette discussion. Mais quoique gravement bouleversée, la blonde ne pleurait plus à présent : sans nul doute était-ce le poids du choc qui, la terrassant encore comme un lourd manteau d’abattement et de paralysie mentale, ne lui permettait pas encore d’assimiler le cheminement des derniers évènements. Agressée. Elle avait été agressée. On avait voulu la tuer. La tuer. La jeune femme, tenue un temps prostrée, avait lentement redressé ses épaules repliées vers l’intérieur en papillonnant longuement de ses longs cils courbés, essayant vainement de dissiper le trouble qui obscurcissait ses pensées, sans quitter les doigts gantés de l’homme qu’elle tenait, presque inconsciemment, près d’elle. Il l’avait protégée et l’avait sauvée, alors elle n’osait plus s’éloigner de lui… Ses yeux écarquillés vagabondaient de gauche à droite et, partout où l’obscurité se trouvait, elle craignait de voir ressurgir une mort furtive qui viendrait l’emporter. La blonde ne s’extirpa que difficilement de cette étrange torpeur, pour plonger sans transition aucune dans l’inquiétude la plus profonde à propos de l’inconnu, dont le masque ne l’effrayait plus tant : qu’importe qui se cachait en-dessous songeait-elle, elle lui était suffisamment reconnaissante pour passer outre ce qu’elle jugeait comme un détail. La bouche encore entrouverte et quelque peu tremblante, les joues humides des larmes qui s’y confondaient par des traces luisantes, elle leva la tête pour questionner son état d’un air soucieux, à l’image d’une mère oubliant son chagrin pour se dévouer aux blessures de son enfant : l’étranger allait bien. Voilà qui, curieusement, lui ôtait un poids conséquent.
ㅤㅤPreuve, elle avait hoché son menton de haut en bas tout en pressant ses lèvres l’une contre l’autre dans un soupir de soulagement, lui murmurant alors d’une voix douce mais faible :
« Vous m’en voyez rassurée… » Puis il la remercia, sans qu’elle ne comprenne pourquoi. Intriguée, elle avait penché son menton sur le côté tout en faisant légèrement onduler ses sourcils et, ne sachant où regarder, elle avait posé ses yeux bleus sur le masque, lui soufflant alors de sa bouche nacrée : « Je suis celle qui doit remercier l’autre, monsieur. Vous m’avez sauvée la vie, je ne saurai vous témoigner toute ma gratitude. Vous… Vous avez été d’un tel courage contre… Eux. »
Reprenant enfin ses esprits, ou du moins ce qui ressemblait le plus à une conscience, Elisabeth avait délicatement quitté sa main en lui lançant un sourire désolé, joignant ses propres doigts en une boule nerveuse, les entrelaçant près de son visage pour y faire reposer sa joue durant quelques secondes, le temps que les battements de son coeur s’apaise. Elle n’allait pas dormir, cette nuit, c’était certain. Ni les jours suivant d’ailleurs.
« Je… »
Un instant, elle s’était retrouvée incapable de répondre à la question qu’on venait de lui poser. La pulpe de ses doigts appliquée contre son front brûlant, elle avait jeté un regard sur la gauche et sur la droite tout en laissant un sourire désabusé envahir ses lèvres, restant quelques secondes silencieuse avant qu’un éclair de lucidité se répande dans son esprit, comme un électrochoc.
« Non, j’habite à deux rues d’ici. »
Génial Eli. Tu viens de donner ton adresse à un étranger ! Lorsqu’elle le réalise, elle écarquille légèrement ses yeux tout en le fixant l’air de rien, feignant de ne pas être effrayée par le fait qu’il puisse… [/i]Stop. Il aurait pu me tuer mille fois déjà.[/i] Inspirant discrètement par le nez, elle avait rapidement essuyé ses joues humides avec le dos de sa main tout en ravalant sa salive, hésitant un court instant avant de reprendre la parole, lui demandant alors d’une voix fébrile, qui ressemblait davantage à une supplication qu’à une simple question :
« Est-ce que vous voulez bien m’accompagner, s’il vous plaît ? Je me sentirai plus rassurée si vous êtes avec moi… »
Ses mains, nerveuses, avaient attrapé le tissu de sa robe déchirée pour la froisser entre ses doigts tandis qu’elle parlait à toute vitesse puis, mordillant le coin de sa lèvre avec nervosité, elle avait posé les yeux sur lui en attendant sa réponse, ses grands yeux donnant l’impression d’être suspendu à son souffle. Il n'avait aucune raison de dire oui car il en avait déjà bien assez fait mais, encore tremblante, traversée par une peur qui irradiait comme un poison jusque dans ses os, elle guettait ses gestes en espérant qu'il accepte...

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Lun 25 Avr - 0:07

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L'ombre du Corbeau



[https://youtu.be/zh4gzV_x3UM]

Désemparé. Désarçonné. C'était bien la première fois qu'il éprouvait un tel sentiment.

Le Corbeau est un être né dans le chagrin et le désespoir d'un jeune homme qui avait perdu le pilier de son existence. Il était fait pour se vautrer dans la haine et user de cette dernière pour exterminer la race vampirique. Il n'avait jamais connu ne serait ce que l'affection ou l'amitié, car Dante lui même n'éprouve pour lui que méfiance et résignation. La main de la jeune femme dans la sienne était donc quelque chose de très perturbant, et il remerciait sincèrement le masque qui dissimulait les émotions qui devaient sans doute parcourir le visage de Dante en cet instant. Il fut encore plus surpris quand elle lui demanda comment il allait. C'était bien la première fois qu'on s'inquiétait pour lui. En temps normal, Dante se souciait de l'état de son corps, et non pas de ce que pouvait ressentir le Corbeau qu'il voyait toujours autant comme un parasite. Parasite utile certes, mais dont il se serait bien passé tout de même ! Le Corbeau se tourna donc vers son hôte, essayant, malgré leurs nombreux différents, d'obtenir ses conseils avisés en matière de sociabilisation. Il fut d'un grand secours, même si ses remarques désobligeantes étaient de trop. Le Corbeau pu supporter la main de la femme dans la sienne,  avec beaucoup de difficultés certes et retint un soupir de soulagement quand elle le lâcha. Elle lui dit qu'elle était rassurée, et le Corbeau releva le bec vers elle, observant son visage et ses yeux. Elle parait sincère.

Elle lui dit que ce devait être elle qui devait la remercier, car il l'avait sauvé. Elle lui dit qu'il avait été très courageux contre ces vampires. Il haussa les épaules et tourna le bec, regardant les dernières cendres qui se dispersaient dans la nuit. Il ne restait que les vêtements des deux vampires. Sans un mot le Corbeau ramassa le porte feuille de l'un d'eux et ouvrit ses papiers d'identité. Il retint un grognement en voyant le sceau de Dracula imprimé sur les documents. Tu ne réponds pas ? A quoi bon ? Elle a besoin d'être rassurée. Elle est sous le choc ! Et alors ? Ce n'était pas son problème. Tu m'avais promis deux semaines de tranquillité. Si je réduis le délai, est ce que tu veillera sur elle ? Le Corbeau tourna la tête vers la jeune femme, les papiers toujours entre les mains. Il dit : Ce n'étaient que de jeunes vampires, ils n'ont été transformés que récemment. L'un d'eux n'était un vampire que depuis quelques semaines. J'ai... J'ai affronté pire. Il se tut, ne sachant que dire ensuite. Il posa les papiers dans l'amas de vêtements et se signa avant de reculer. Il demanda ensuite à la jeune femme si elle habitait loin d'ici.

Après un instant d'hésitation, elle lui avoua loger à deux rues d'ici. Il hocha la tête, ne sachant que dire ensuite. Il pouvait bien veiller sur elle à distance, il n'était pas obligé de l'accompagner. Tant qu'elle rentrait vivante, saine et sauve, Dante tiendra sa parole. Mais la voix de la jeune femme s'éleva de nouveau quand elle lui demanda de l'accompagner. Il leva le bec vers elle. Dieu tout puissant, elle a de grands yeux qui semblent le supplier, et un air presque enfantin qui était... Comment disait Dante déjà ? Attendrissant. Merci. Accepte, tu ne vas pas la planter là, comme ça, alors qu'elle a encore besoin de ton aide. Il se retint de soupirer et leva le bec en l'air. Hum. Ils pourraient facilement passer par les toits. Les rues devaient encore être pleines de parasites et le Corbeau ne tenait pas à ce qu'elle soit blessée. De plus, il ne se déplaçait jamais au sol, à découvert. Il repéra quelques prises facile d'accès, mais se rembrunit quand il se dit qu'elle ne pourrait pas le suivre. Quoique... Il frissonna à cette perspective, mais c'était le prix à payer pour que Dante lui permette d'aller chasser. Il s'approcha de la jeune femme et lui dis : Nous passerons par les toits... Je préfère ne pas être vu. Si elle lisait les journaux, elle comprendrait pourquoi. Le Corbeau avait fait parler de lui. Si vous avez peur de grimper, vous pouvez vous accrocher à moi. Il se dirigea vers le mur et posa la main sur l'une des prises qu'il avait repéré. S'il avait la femme sur le dos, il valait mieux qu'elle se rende utile. Il lui tendit sa canne (qui, sous son pommeau et son embout en argent, dissimulaient une lame acérée) et lui demanda : Puis je vous la confier, le temps de l'ascension ?
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Sous ce masque, il y a plus que de la chair.

Sous ce masque, il y a une idée, et les idées sont à l'épreuve des balles.
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