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Ludwig von Offenberg
Ludwig von Offenberg
Enfant de la Nuit
Messages : 24
Date d'inscription : 28/04/2021

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Ven 4 Juin - 23:30
Ludwig von Offenberg
▬ NOM : von Offenberg, titre récupéré après quelques acrobaties administratives, lui permettant ainsi de devenir Baron après des siècles à n'être personne, à porter des noms arrachés aux griffes des défunts, de ceux écrasés par ce frère qu'il sert aveuglément, rongés par le passage du temps, emportés par les pandémies et autres conflits.
▬ PRÉNOM : Ludwig. Il fut un temps où il se faisait appeler autrement mais depuis quelques siècles, il préfère celui-ci
▬ SURNOM :  Confidentiel. Et tenter de lui en donner vaudra à l'inconscient ou inconsciente le droit de terminer dans une cage, au sein de son club des horreurs.
▬ ÂGE :  Au moins 300 ans. Il reste volontairement vague, aimant que le doute au sujet de sa création persiste.
▬ DATE DE NAISSANCE : Oubliée depuis longtemps.
▬ ORIENTATION SEXUELLE : Hétéro
▬ SITUATION FAMILIALE : Marié à son devoir
▬ PARTICULARITÉS : Propriétaire du Sing Sing - N'a aucune amulette de protection contre le soleil, voulant respecter la volonté de Dracula en étant son agent de l'ombre - A la place, porte un harnais sous sa veste qui le protège de bien des attaques de magies - A un certain penchant pour le sucré - Aime l'odeur du thé, bien qu'il n'en boive pas, se faisait servir des tasses juste pour que celles-ci embaument l'air d'une pièce où il se trouve - Est un grand porteur de fourrure, son seul péché - Porte encore les stigmates de sa vie d'homme, de pécheur. Les âmes patientes pourront voir les crevasses dans ses paumes, les marques d'usures des cordages, les morsures de l'écume et du sel.
▬ GROUPE : Vampires
▬ RANG DANS LE CLUB : Grand adversaire du Club
▬ AVATAR : Daniel Brühl
▬ CARACTERE : Froid - Distant - Cruel - Rancunier - Calculateur - Loyal - Penchant obsessionnel - Sadique
▬ ANECDOTES : Il n'a jamais Infanté, n'a jamais eu de lignée depuis sa renaissance, il y songe cependant depuis quelques temps, rêvant d'un enfant à éduquer, à façonner selon ses envies, ses désirs. - Excellent bretteur, Ludwig ne se sépare jamais de son épée, une rapière à la lame exceptionnellement fine. -
▬ HABITUDES : Elles sont difficiles à prévoir, à anticiper. De part ce devoir qui le lie à Dracula, Ludwig est cet agent du terrible qui s'incarne là où on l'attend le moins, ce juge et bourreau qui fait respecter la volonté de son frère, de ce tyran qui a fait des vampires la races dominantes, les nouveaux souverains de ce siècle encore marqué par la guerre. Conscient d'avoir dans ses pas, les membres du Club, il se fait ainsi insaisissable, ombre menaçante, tourment latent qui attend le bon moment pour frapper.
Histoire
Elle est encore là, cette femme qui s'incarne sur le sable tous les soirs, qui face aux vagues, attend, espère sûrement, la venue de quelque chose, de quelqu'un qui mettrait fin à cet étrange rituel, à cette éthérée vision qui hante mes nuits, m'empêche de trouver le sommeil, de la délaisser, cette étrangère qui rôde autour de ma maison, de mon humble embarcation, fredonnant avec la marée, ce ressac permanent qui devrait me bercer, m'emporter au royaume de ses songes qui ne survivent à l'aube, qui sont trop abruptement, emportés par le conscient, le jour levant. A moitié alanguis dans mon lit, c'est par la fenêtre que je le vois, une fois de plus, cette sirène qui erre sur la plage, qui regarde les étoiles, vers moi, semble parfois se tourner pour trouver mon regard, en silence m'inviter à la rejoindre, à avec elle, me perdre dans la contemplation, dans le silence, m'arracher à mon foyer, à l'étreinte de cette compagne assoupie à mes côtes, de ce fils qui dort après une dure journée à m'aider à défaire les filets, à les repriser, à assister sa mère à la cuisine, à être cette âme sauvage qui ne pense aux lendemains. A elle, elle m'attire, cette anonyme aux courbes sculptées par la tentation, par cette luxure qui tient aux reins tous les hommes, tous ces êtres aux cœurs enlaidis par les passions, par les vices les plus charnel, par cette envie de se salir qui est celle qui m'arrache à l'éteinte des draps, qui à peine vêtu, me pousse à m'offrir à l'étreinte exigeante de la nuit, aux caresses furieuses de la brise marine, de cette obscurité qui m'en veut d'être aussi fragile, frêle, pour ce corps qui semble se mouvoir pour mon regard, s'esquisser au rythme des battements furieux de mon cœur, de ce muscle transpercé par la crainte, par l'impression d'ici-bas, rencontrer une de ces divinités qui ne devraient pas s'abandonner parmi les hommes, qui dans l'éther, devraient rester, loin des pécheurs en mon genre, de ceux qui veulent tant capturer l'immaculée. Pour mes pas, elle se tourne enfin, m'offrant ce sourire qui termine de crucifier mon être, de me faire oublier cette vie qui semble s'étioler dans le néant, s'en aller comme ce sable charrié par l'écume, par ces vagues qui viennent mourir à ses pieds.

« Vous y retournez tous un jour, à cet océan qui ne veut pourtant pas de vous. » souffle-t-elle, cette déesse qui s'approche, qui pulvérise cette distance nous séparant pour venir se saisir de mes mains, offrir à son regard, mes paumes rongée par le sel, par cette vie où je ne touche terre qu'à la nuit tombée, que les jours où les cieux sont courroucés, déchirés par les tempêtes et autres éclairs. « Que ce soit pour y mourir, pour y vivre comme tu le fais, mon voyageur mortel, vous y venez tous en pèlerinage. »

Humble, je baisse la tête, afin de ne me faire trop imposant pour elle, de mieux croiser ce regard qui me couve avec amour, qui entre deux battements de cils, me permet de redevenir ce jeune homme qui aimait ardemment, qui se damnait, pour une femme qu'aujourd'hui il n'embrasse plus autant, à qui il ne fait l'amour que dans l'espoir de concevoir un autre descendant, un enfant qui pourra lui aussi rendre éternel ce nom que je tiens de mon père, de mes ancêtres.

« Je t'ai vu, tu sais. »

Et qu'as-tu observé, toi que j'ai contemplé avec ces envies qu'ont les hommes qui veulent fauter, danser avec ce terrible que les mœurs répriment ? Les as-tu perçu, ces soupirs poussé dans le noir qui étaient pour toi ? L'as-tu entendu, ce désir qui rampe sous mon derme, qui est cette étrange ivresse à laquelle je succombe, je cède parce que je suis faible ?

« Moi aussi. » Elle sourit, cette sirène qui m'offre ses lèvres en ce mouvement qu'elle esquisse pour se glisser contre mon corps, l'apprécier, ce torse qui se soulève pour mes inspirations, pour ce murmure rauque que je dépose sur sa peau. « Et je t'ai entendu. »

J'ai prié aussi pour que tu me restes, que tu sois fidèle à ce rendez-vous que j'attendais. J'ai espéré que tu sois mienne et que tu le restes. Que tous les soirs, tu me reviennes, sois ce délicat spectre hantant plus que mes pensées, qu'un jour, tu daignes te glisser en mon foyer, que tu chasses la réalité du bout de tes doigts, de cet obscène qui parfume ta chevelure.

« Je sais. »

Il lui suffit de sourire pour que je me sente vaciller, être pris d'un vertige qui se fait tremblement, secousse, séisme bousculant mes pensées, tuant ma raison pour n'y laisser que cette envie folle et démente de lui appartenir, de lui céder ce cœur qu'elle épouse de sa paume ouverte, de ses doigts qui se perdent sur mon torse, sur ce derme abîmé par le sel, par le soleil.

« J'ai perçu ces prières que tu soufflais pour tes draps, contre la peau de ta femme. J'y ai goûté, aux saveurs de tes doutes, des craintes, et je me suis sentie si belle, comme jamais je ne l'avais été, je me suis sentie comme ces vagues, comme cet océan que vous adulez tant, toi et les tiens, vous qui pensez être nés pour défier la fatalité, cet inévitable qui finira par vous faucher. »

Vers elle, j'ose baisser la tête, lui offrir ce front qu'elle parvient à bénir d'un baiser en se mettant sur la pointe des pieds, en glissant sur ma nuque, sa main glacée.

« Emmène-moi, cavalier de la grande Indomptée. Emporte-moi, juste assez loin pour que la terre ferme soit dévorée par le lointain, permets-moi de m'égarer un temps en ta compagnie, de feindre mener ta vie. »


Ce n'est qu'après un sourire que je parviens à la repousser, à m'arracher de cette étreinte que je ne devrais autant désirer, savourer, m'éloignant d'un pas, empêchant mes doigts de s'accrocher aux plis de ces voiles qui esquissent sa silhouette, ses épaules et hanches qui semblent avoir été sculpté par la grâce même, par cette beauté qui est trop souvent la perdition des hommes.

« Reviens demain, quand il fera jour, quand les cieux seront cléments, prêts à nous donner leur bénédiction. »

Accorde-moi la possibilité de t'échapper, de me sauver de ton regard, de ces possibles que tu sèmes dans ton sillage, dans chacun de ces gestes que tu as pour moi, Innomée qui a dû en faire tomber bien d'autres avant moi, qui a dû en faire fauter bien d'autres, des âmes chahutées par leurs propres travers, par ces doutes qui se jouent de mes entrailles, qui aiment ronger mon cœur. Ne me retiens pas encore, fantasmée conquête que je n'aurais dû pourchasser.

Mais elle insiste, elle persiste, faisant entre ses doigts, en un mouvement trop délicat de la main, quelques pièces d'or qu'elle m'offre, qui sous les caresses des astres, se parent d'un éclat bleuté si fade par rapport à elle, à ce murmure qu'elle dépose au creux même de mon oreille.

« Je te donnerais ce que tu veux, ferais de toi un roi, si c'est cela que tu veux. Je les exaucerais, ces vœux que tu étouffes parce que tu es un humble, parce que tu as finis par l'accepter, cette misère qui humilie, qui broie les espoirs, ces rêves qui finissent par ronger la raison, par devenir poison. Exige et je serais. Demande et tu seras. »

Péniblement, je m'arrache à son étreinte, à ces tentations qu'elle sème à la surface même de mon derme, à l'appel de cet or dont je me détourne en un geste de la tête, un mouvement qu'elle tue de cette main qui vient épouser la courbe de mon visage, envelopper trop amoureusement cette joue enfouie sous une barbe épaisse, sous les offenses d'une vie exigeante, d'un existence qu'à ses pieds, je dépose à l'instant même où, entre deux inspirations tremblantes, souillées, possédées par l'interdit d'un désir qui ne devrait être éprouvé, qui devrait épargner les hommes et autres âmes qui ne demandent qu'à être aimés.

Je devrais te fuir, te maudire, d'ainsi parvenir à me pousser au pire, à m'enfuir à tes côtés, à délaisser le monde pour avec toi, me perdre dans les flots, dans l'obscurité, naviguer jusqu'à en avoir assez, jusqu'à ce que tu sois lassée, que je ne sois plus qu'une âme de plus que tu offres aux abysses, à tes cœurs qui doivent, entre l'écume et le ressac, s'amuser de me voir n'être qu'une conquête de plus, un corps prêt à chavirer, à se faire esclave de vices si laids, si terrestres.

« Garde tes trésors. » lui souffle-je, parcouru d'un frisson quand je le vois, ce sourire enfantin fleurir à même ses lèvres sublimées par le froid et le sel, par les promesses d'un instant volé, dérobé à l'univers, à cette vie à laquelle je devrais me retourner, à cette femme que je devrais rejoindre sous les draps, à ce fils qui s'inquiéterait si il ne me voyait demain. « Nous irons, toi et moi, jusqu'à ce que tu en ai assez. »

Jusqu'à ce que tu te décides à me tuer, à m'arracher le cœur et le dévorer, sous le regard du Dieu même des profondeurs, de cet être qui n'est patient avec les audacieux.

En silence, elle m'observe affréter mon humble navire, cette embarcation à bord de laquelle elle grimpe d'un pas léger, en un bond presque félin, tandis qu'elle jubile en silence, fredonne, s'émerveille du moindre de mes gestes, s'installant face à moi et ainsi tendre la main vers la surface de l'eau, en riant, apprécier les baisers de vagues impatientes de nous emporter au large.

« Les autres ne voulaient pas, tu sais. »

Je grimace à peine, me contenant de déployer l'unique voile de mon bateau, afin de capter au mieux le vent, de toujours plus rapidement, nous emporter loin de la côte, de ce village dont bientôt, il ne reste plus grand chose, si ce n'est quelques lueurs que la nuit s'empresse de dévorer, cette dignité désormais remplacée par cette culpabilité qui me ronge les intestins.

« Ils invoquaient de vieilles légendes, prétendaient ne pouvoir contrarier les préceptes de divinités qui n'ont jamais existé... »

Je n'ose lui adresser un regard, attendant, respectant ce silence dont je ne sais que faire, si ce n'est garder mes distances, contempler l'horizon, égrainer les secondes et l'attendre, cette fin que je ne pensais point désirer, autant prier, que sous une vie de labeur, j'enterrais, sûrement comme tant d'autres avant moi.

« … Ils étaient lâches, indignes. »

Un ange passe, avant qu'elle ne se redresse enfin, ignore la valse des flots s'échouant sur la coque de notre embarcation pour contre mon échine, se glisser, pressant contre ma nuque, son front, ses mains, elles, revenant creuser, labourer le tissu de ce vêtement qui l'empêche de pleinement apprécier la chaleur de ma peau.

« Tu le sais, n'est-ce pas ? »

Bien sûr. Depuis la première fois où je t'ai aperçu, j'ai compris, qu'il en était fini de moi, que je n'avais le choix. Qu'à moi, l'au-delà me rappelait, exigeait cette offrande que je n'aurais été capable de lui refuser.

Un rire qui n'est que murmure lui échappe, douce et frêle expiration qui m'arrache un frisson, le besoin fermer les yeux, de couvrir ses doigts d'une de mes mains.

« Nous n'aurons plus à souffrir, mon amour. »

Un puissant vertige vient me saisir alors qu'elle m'emporte dans sa chute, m'oblige à sombrer, prisonnier de ses bras, dans la gueule glacée de l'océan, à trop durement, percuter la surface de l'eau, me faire simple corps avalé par les vagues et le froid, par les ténèbres et le silence, n'être que chair qui se tord pour cette violente douleur qui me saisit aux reins, me force à ouvrir une dernière fois les yeux, à le voir danser devant mes prunelles voilées par la souffrance, ce ruban vermillon fait serpent s'en retournant aux cieux.



Lové contre elle, une joue pressée contre l'un de ses seins, c'est la bouche grande ouverte que je tente de laper ce précieux nectar qui coule le long de sa gorge, jusqu'à son ventre, qui sur la courbe de mes lèvres, se fait liqueur ardente, nécessaire panacée pour laquelle je gronde, me débat, cambre les reins, en vain, prisonnier de l'étreinte de celle qui m'enlace comme une mère le ferait, qui dans mes cheveux encore trempés, glisse amoureusement ses doigts en fredonnant, en s'amusant de me voir si impatient de me repaître d'un sang à peine tièdes, qui me gourmande, lorsque je tente de percer sa chair de mes crocs nouveaux, de ces canines tout juste émergées de mes gencives, en griffant ma nuque, broyant ma trachée pour m'apaiser, me faire oublier ces pulsions contre lesquelles je ne peux rien, si ce n'est me lamenter, gémir, exiger, me faire homme obsédé par ses instincts, par de trop primaires besoins.

« Doucement. » souffle-t-elle, visiblement amusé par mon comportement, par cet empressement qu'elle jugule sans efforts, quand elle se fait lasse de sentir mes ongles griffer ses cuisses découvertes, offertes, ouvertes pour mon bassin pressé contre le sien. « Doucement. Je sais comme tu en as envie. Je l'ai connu, cette soif, ce besoin de se noyer dans l'excès. Mais tu n'en as plus le droit. C'est une chose réservée aux hommes, mon aimé. »

D'un claquement de dents, je lui fais part de mon agacement, de cette colère qu'elle chasse d'une caresse, d'une simple attention semée sur la courbe de ma mâchoire.

« Ca ne dura qu'un temps, tu verra. Après tu seras grand, tu seras fier, mon empereur de l'écume, mon beau rescapé. Mon enfant né des entrailles d'un océan qui d'ordinaire, n'offre à la nuit que des épaves, des cadavres. »

Ne suis-je donc que cela ? Que ta manière de dérober à  cette mer indifférente à ta puissance ce qu'elle te refusait ? Que le fruit de ta vengeance, d'un ressentiment que tu aurais pu ravaler, que la conséquence d'un caprice qui finira par perdre tout intérêt, se muer en regret ? Ne suis-je que ça ? Ou au contraire, ton élu, celui qui se devait de naître pour te satisfaire, te combler, faire de toi une reine?

Dans les mèches de mes cheveux collés par le sel et le sang, elle glisse ses doigts en fredonnant, en souriant, de me voir, encore et toujours, me repaître de ce sang qui coule le long de ses courbes généreuse, de ce corps de femme qu'il me semble désirer, vouloir conquérir par la force, souiller de cet appétit qui n'a rien de terrestre, de ses envies qui se font brasier au sein de mes entrailles, terribles bêtes labourant mes viscères au point de me faire pousser bien des grondements et autres râles qu'elle tue de ses lèvres en venant embrasser mon front, puis ses phalanges qu'elle porte à ses crocs, qu'elle lèche,  fait un instant prisonnières de sa langue sensuelle.

« Il te faut oublier tout ça. Toi et moi sommes au-dessus des pulsions des hommes. Nous sommes uns. » ronronne-t-elle, ses canines écorchant ma peau, faisant naître sur mon échine des frissons électrisant mon être, me faisant toujours plus chercher le confort de son corps à moitié nu, de sa peau perlée par l'eau et l'écume, de cette poitrine que je ne cesse de lécher de ma langue, récoltant le moindre filet de ce sang qui ne parvient à faire taire cette démence qui me creuse l'estomac, me réduit au rang de simple pulsion obsessionnelle. « Nous serons dieux en ce monde. Les premiers à marcher parmi eux, les derniers à rester, quand sur cette terre, il n'y aura plus que la poussière et nos silhouettes. »

D'un roulement de hanches, elle tente de m'aguicher, de se jouer de mes instincts, de cette violence qui m'habite, me fait me redresser dans l'espoir de trouver ses lèvres, d'enfin sceller notre union, de contre elle, la connaître, cette extase dont j'ai rêvé, prisonnier de mes draps, des cuisses d'une autre femme.

« Il n'y aura que nous. »


Les lèvres entrouvertes, je quémande, supplie pour cette étreinte qu'elle me refuse, dont elle fait cet impossible contre lequel je me fracasse, me consume, la bouche pleine de son sang, les reins creusées par l'envie de la faire mienne, d'être, en effet, et à jamais, cet amour qu'elle berce contre son cœur figé, qu'elle couve de promesses et autres possibles dont je n'ai que faire, pris encore dans les affres d'une douce folie, d'une envie, d'un besoin de me noyer dans son corps, de n'exister qu'au contact de sa peau, de son corps qui ondule lascivement contre le mien, se fait objet de la plus enivrante des luxures, l'incarnation d'un fantasme dont je ne peux me saisir, encore si faible pour elle, si docile, si désireux de lui plaire, d'être à ses yeux, son invincible.



Elle se fait sirène contre moi, vile tentatrice se lovant contre ma silhouette, cherchant la moindre parcelle de peau nue à effleurer du bout de ses doigts, laissant ses lèvres se glisser au creux de mon oreille avant de s'échouer sur ma gorge offerte, sur la naissance de mes épaules, puis de ce torse qui avec les années, a cessé de se soulever au rythme d'une respiration futile, réservée à ces hommes au sein desquels nous vivons, jouant les apôtres de divinités qui ne sont que mythes, légendes auxquelles veulent croire les mortels, ceux qui craignent l'après, ce royaume que l'on dit exister par delà-nôtre, n'être accessible qu'à ceux dont le sang est encore chaud. Contre ma peau, je la sens se faire succube, terrible amante cherchant à me pousser au vice, au pire, putain sensuelle qui entre ses cuisses, glisse ses doigts pour s'arracher de lents et doux gémissements qui viennent s'échouer contre ma peau, se faire à la surface de mon être, bien des caresses, autant d'invitations auxquelles je ne réponds, conscient qu'elle s'amuse, se joue de moi, à prétendre me désirer, vouloir le temps d'ébats qu'elle me refuse sans cesse, d'étreintes qui se doivent de rester fantasmes, envies que je ravale, que j'enterre sous ce silence qui est mien, ce calme apparent que j’entretiens en prétendant ne point entendre Bethsabée se donner du plaisir à mes côtés, roulant des hanches contre les miennes, soupirant lourdement à mon oreille.

Tu es bien Lilith sur cette terre. Une punition crée aux cieux pour châtier les hommes, ne faire d'eux que des corps réclamant le plus vil des sexes.

Les yeux clos, je tente de l'ignorer, de prétendre ne l'aimer, la sensuelle danse de son corps contre le mien, la mélopée envoûtante de ses gémissements qui ne cessent d'emplir le silence, de se faire odes au plus beau des plaisirs, invitation à braver les interdits, à en elle, me forcer pour y goûter, à cette extase qu'elle atteint vite, non sans pousser un cri qui sonne presque comme mon prénom, comme ces noms qu'elle me donne quand elle souhaite m'y faire croire, à cet amour que nous partageons pas, à cette passion que je sens dépérir à chaque fois qu'elle fait cela, ma sirène des enfers, venue des entrailles même de ces abysses au sein desquelles, j'aimerais n'être qu'un naufragé de plus, un marin égaré que l'océan aurait réclamé. L'échine tendue, raidie par le plaisir, il lui faut une minute presque pour expirer ce rire qui se fait gifle à la surface de ma peau, odieuse griffure que j’accueille d'une grimace, d'un grondement tandis qu'à mes lèvres, elle porte ses phalanges poissées de son désir, de cette jouissance au parfum enivrant, envoûtant, si puissant que je ne parviens à m'empêcher de passer ma langue sur mes crocs, de ressentir l'envie de la supplier, de lui demander de me l'accorder, cet ultime tabou qu'elle dit être la pire des offenses que l'on peut faire à son créateur.

« Tu aimerais, pas vrai ? » qu'elle ronronne, son index se glissant entre mes crocs entrouverts, se frayant un chemin jusqu'à ma langue. « Tu le sais pourtant, mon amour. »

Et je t'en veux, d'être aussi cruelle. De sans cesse, vouloir te jouer de ce que tu perçois dans mes prunelles, dans le fond de mes iris, de vouloir me façonner pour que je ressemble à celui que tu essayes d'invoquer en ma chair, en ce corps qui aurait dû mourir vieillir, puis mourir, comme tous les autres. Je t'en veux, d'être mon ultime faiblesse, d'être celle qui sera ma perte, cette démence incarnée aux pieds de laquelle, je ne peux que ramper, prier, espérer pour ce miracle que tu ne m'accorderas pas.

Ainsi, docilement, je viens les lécher, les suçoter, les nettoyer, ses doigts qui entre ses cuisses ont été, les faisant prisonniers de mes lèvres, de ma langue, de ces ronronnements que je pousse, de ces roulements de hanches que j'esquisse contre elle, tandis qu'elle rit, ma terrible déesse, ma succube qui ne parvient à céder à ma dévotion, de ma passion, de ces psaumes que je récite dans le noir à sa gloire.

« Tu apprends. »

D'un battement de cils, je tente de lui échapper, de sauvegarder ce qu'il me reste de dignité, en vain, capturé à nouveau par ce baiser qu'elle dépose sur mon front, par ses doigts se perdant dans mes cheveux qu'elle démêle sans peine, coiffe au gré de ses envies changeantes, de ses caprices éphémères.



« Tu es comme les autres, tu te laisses dévorer par la banalité, tu acceptes de perdre cette étincelle qui m'a donné envie de te sauver de cette petite existence dont tu n'aurais rien fait, si ce n'est la gâcher à élever une progéniture insignifiante. Comprends-le, Ludwig, tu n'es qu'un homme. »

A bonne distance de Bethsabée, les bras croisés, c'est en silence que je l'accepte, cette accusation qui flottait entre nous depuis quelques temps, qui était cette dague dont la lame rêvait de perforer ma nuque, d'entre mes vertèbres, se glisser pour m’inoculer cette vérité pour laquelle je n'ai qu'un frisson, qu'un de ces tremblements qu'éprouvent les cœurs brisés, ces êtres qui se savent sur le point de tout perdre, de s'en retourné à ce néant dont ils n'auraient point dû émerger, baissant simplement le regard pour contempler ces vagues qui viennent s'échouer à nos pieds, mourir contre nos chevilles, semer sur nos dermes immortels, un peu de cette écume qui est vouée elle aussi à disparaître, de ce sel que le vent charrie avec force, dépose sur la courbe de mes lèvres, sur mes joues, sur ses phalanges qui blanchissent tant je serre les poings, me retient d'être humain pour elle, de céder au chagrin, à cette douleur qui poignarde mes entrailles, dépèce les restes de ce myocarde qu'elle a eu le temps d'user, cette aimée, en un siècle d'errance, en une vie à n'être que des enfants sauvages se faisant aimer d'hommes et de femmes priant des dieux qui n'ont probablement jamais existé, des concepts et autres esprits dont nous nous disons les envoyés, les champions, avatars et autres incarnations, avant de les décimer, de les tuer parce qu'elle en avait assez, parce qu'elle disait vouloir les sauver de leur propre mortalité, de cette fatalité qui oserait tout leur enlever, les empêcher d'espérer, de la connaître, cette déception qui en cet instant, se fait autre amante venant m'enlacer, me bercer, alors qu'elle s'approche, cette Sire que j'aimerais détester, haïr, entre mes crocs, broyer, dépecer, pour l'avaler, ce cœur que j'imagine être fané depuis des millénaire, n'être plus que parchemin qui entre mes paumes, redeviendrait poussière.

Qu'attends-tu de moi ? Que je hurle ? Qu'à tes pieds, je me fasse humble, implore ta pitié, ravive cette flamme qui n'a jamais existé entre nous, cette passion que tu n'éprouvais que lorsque je n'étais qu'un nouveau né que tu pouvais malmener comme tu l'entendais, qui acceptait de se laisser humilier, qui les aimait, tes châtiments, tes sévices, toutes ces fois où tu t'es fait succube, mon aimé, fille même de cette démone qui n'aime les hommes ? Voudrais-tu cela ? Que je tente de te retenir, toi qui n'est plus là, qui songe déjà à ce nouvel homme que tu voleras à sa famille, à sa vie ? Ou me dirais-tu une fois de plus que je ne suis qu'un mâle parmi d'autres, un qui n'a su être différent, qui n'a su te conquérir comme tu l'aurais voulu, qui n'est parvenu à dompter ton âme de sirène, de voluptueuse envoûteuse?

Une dernière fois, c'est contre mon corps qu'elle se glisse, qu'elle se love, tendant ses doigts pour effleurer ma joue, la griffer de ses ongles, la marquer de cette rage que je vois danser au fond de ses prunelles, de son regard qui me transperce, qui embrase mon être.

« Le voilà, ton unique péché, tu n'es qu'un homme parmi tant d'autres. »

Il me faut battre des cils, clore les yeux pour y échapper, à la tentation de me fracasser contre elle, d'à sa gorge, me jeter pour connaître cette fin qu'elle n'hésitera une seconde à m'accorder, pour m'éteindre, entre ses mains, mourir, comme un  simple être humain, et n'avoir ainsi pour elle, qu'un murmure, un chuchotement dévoré par le ressac incessant de l'océan bien indifférent à mon déchirement.

« Et comment sera-t-il, celui qui viendra après ? Et celui qui le remplacera ensuite ? Seront-ils différents, Bethsabée, ou comme moi, finiront-ils ici, à s'entendre dire qu'ils sont nés avec cette ultime offense que tu ne pourras jamais pardonner ? »

Entre nous, il s'installe un silence qu'elle ne rompt tout de suite, qu'elle laisse se faire éternité, tandis qu'elle s'éloigne, d'un pas, puis un autre, avant de sourire, de dévoiler un peu plus de ce corps qu'elle sait être le fléau des hommes.

« Oh Ludwig, tu es vraiment comme eux. »
ose-t-elle dire, non sans rire, avant de disparaître dans la nuit. « Tu n'es vraiment qu'un homme comme les autres. »



« Tu m'as menti, Ludwig. » gronde-t-il presque, ce souverain cruel pour qui je fais couler le sang depuis des mois déjà, abattant ottomans et opposants dans le simple but de lui plaire, de m'attirer les faveurs de celui que les hommes craignent, affublent d'un titre que je lui jalouserais presque, de légendes et de mythe qui font de lui un dieu sur cette terre, une divinité que beaucoup veulent affronter dans l'espoir de gagner cette immortalité qui n'intéressent bien que les âmes effrayées à l'idée de trépasser, de s'en aller rejoindre l'étreinte de cette nébuleuse qu'est l'éternité. « Tu m'as cru aussi vain et idiot de mes contemporains, que ces rois et autres empereurs qui pensent que je ne suis qu'un adversaire de plus à faire tomber, un homme qui finira par s'en retourner à la poussière, à être la proie de l'oubli, du règne de celui qui viendra après. » Me redressant à peine, toujours vêtu de mon armure souillée par une nuit de massacre, par ce charnier qui entour son domaine, se fait ce champ de l'horreur peuplé par les charognards et autres corbeaux qui se régalent des cadavres séchés par le soleil, de ces vers qui grouillent dans les orbites creusés, dans les plaies desquelles il ne s'échappe désormais plus qu'un miasme noirâtre, je n'ose poser mon regard sur sa silhouette imposante me risquer à croiser le regard de celui dont je sens dans la voix, une colère presque rafraîchissante, une passion qui me donne l'impression soudaine d'être important, d'avoir cette valeur que je pensais avoir perdu en la voyant m'abandonner, cette aimé qui s'en moquait bien des tourments de mon cœur fraîchement pris dans l'étau de l'éternité, de cet amour qu'elle piétinait, méprisait, dont elle faisait autant de désespoirs avec lesquels me poignarder.

« Toi et moi sommes pareils, mon frère. » reprend-t-il, se tournant vers moi dans l'espoir d'accrocher mes pupilles, de capter toute cette honte que je ne suis encore certain d'éprouver, ce besoin de me faire pardonner qui n'est mien et que pourtant, je feins ressentir d'un mouvement de la tête, un hochement presque imperceptible qui enfin, me permet de lui faire face, d'affronter cette rage qui n'est là que l'expression puérile d'un soulagement encore trop humain, si intense qu'il en est aveuglant. « Et pourtant, tu t'es mis à mon service comme les autres. Tu t'es fait l'un de mes généraux pour me plaire, pour imposer ma vision du monde aux hommes, pour envoyer à la mort, ceux qui ne sont que de la chair bonne à s'éclater contre les armes de nos adversaires. Tu as été humble. » Entre nous, passe alors un ange, tandis qu'il semble attendre de moi, cette explication qui ne vient pas, cette réponse qui engendre cette interrogation à laquelle je ne réponds que d'un sourire, d'une esquisse de rictus qui ne semble lui plaire, le laisser en proie à cet incertain qu'il n'apprécie point. « Pourquoi te glisser dans mon ombre quand tu aurais pu réclamer un peu de cette gloire qui te revient ? »

Parce que je n'aurais su quoi en faire. Parce que depuis des siècles, cela me va, d'être l'arme, l'outil d'un puissant qui désire la mort de ceux qui s'illusionnent, qui se pensent être envoyés d'une divinité, champions ou avatars de concepts dont l'humanité s'enivre pour n'avoir à accepter cette dure vérité qu'un temps, je fuyais, essayais de noyer sous des croyances, des prières, des espoirs murmurés à la face même d'idoles creuses, sculptées par les angoisses d'artistes eux-mêmes aveuglés par une vision de l'au-delà terriblement terrestre. Si à toi, j'étais venu en égal, je n'aurais su quoi faire de ces émotions que tu me craches en cet instant au visage, de ces possibles que je vois se glisser entre tes syllabes, se faire autant d'instants perdus qu'il vaut mieux ne point pleurer, afin de ne pas succomber à ce péché qui est celui des hommes, à ce regret et autres remords qui n'ont lieux d'êtres, pour les âmes immortelles que nous sommes.

Au sein de ses appartements richement décorés, aux murs ornés de tapisseries et autres broderies relatant les exploits de sa lignée, de cette famille dont il descend, je reste immobile, silencieux accusé qui ne vacille quand il s'approche, pulvérise cette distance qui nous sépare pour se tenir face à moi, mieux scruter cette réserve qui est mienne, ce silence qui se fait cape sur mes épaules armurés, couvertes d'un mélange élégant de tissus et de mailles, ultime affront qui pousse le grand Dracula à chasser le silence d'une grimace dévoilant sans peine ses crocs.

« Tu es le premier que je vois depuis mon créateur, et voilà que tu es comme lui, distant, lointain, comme détenteur d'une vérité qui est hors de ma portée. J'aurais aimé me savoir seul. »

Cette fois-ci, il m'est impossible de retenir cette expiration qui se fait rire qu'il prend pour injure, insulte que je balaye d'un battement de cils, d'un ronronnement suave qui parvient à l'apaiser, à calmer ses velléités.

« J'aurais aussi tant aimé être le seul, mais voilà, nous sommes légions. A vivre pour la nuit, à se nourrir du sang de ceux qui aiment tant mourir pour des causes illusoires, pour la gloire, la postérité, la promesse de n'être un jour oublié. Nous sommes tant, mais ne regrettez rien, mon prince, les nôtres sont capricieux, ombrageux. Ils ne vivent que pour leurs intérêts, que pour ces pulsions qu'ils érigent en vertus. Ils sont bien laids, ceux qui partagent votre don obscur. »

Ils sont monstrueux, comme ces hommes qu'ils pensent dominer, avoir le droit de toiser, de mépriser. Ce ne sont que des enfants gâtés, des bêtes vivant au gré de leurs instincts.

« Ils pourraient être tant, si ils avaient un roi pour les gouverner, quelqu'un pour les châtier, une figure à craindre, à respecter. »


Un autre silence se fait hôte indésirable dans l'intimité de ce prince dont je ne contemple bien plus que les doigts recouverts de chevalières et autres bijoux venant orner ses phalanges, que cette immobilité glaçante qu'il rompt d'un mouvement de la main.

« Alors nous serons différents, toi et moi. Nous serons les premiers d'un nouveau genre, mon frère. Considère que tu viens de trouver ton foyer. »

De mon dos, émerge une servante au cou rongé, couverts de bien des bleus, de croûtes et autres plaies qui cicatrisent avec peine, dont la poitrine à moitié dénudée déborde de sa tenue crasseuse, imbibée de sang séchée, empoissée par bien des fluides dont l'odeur âcre me fait serrer les dents, quelque peu grimacer, alors que Vlad lui-même la prend sur ses genoux, léchant la naissance de sa gorge sans me quitter du regard, en osant murmurer cette invitation à la tentation à laquelle il m'est impossible de résister.

« Partageons-la. Scellons notre pacte, notre vision du monde. »



Il n'est rien, le grand Van Helsing face à lui, face à nous deux, ce pauvre homme qui dans ses bras, tient le corps de celle déjà en proie au changement, déjà toute entière à celui dans l'ombre duquel je me tiens fièrement, une main sur ma rapière, enveloppée de cette arrogance qui vient poignarder le médecin, l'humain qui tente de lutter, de ne pas être empoisonné par cette colère qui ravage son être, fait battre son cœur si fort qu'il pourrait imploser entre ses côtes, se contracter trop brutalement pour le rire qui échappe de celui qu'ils pensent être la Bête, le fléau d'une humanité qui a pourtant déjà trop régné.

« Allons mon bon Docteur... Vous pensiez qu'il serait assez fou pour se ranger de votre côté ? »

Installé sur son trône de fortune, il n'a besoin de se redresser pour le dominer, ce désespéré, qui lève les yeux vers lui avant de me contempler, d'en silence, me haïr d'avoir été ce serpent capable de le tromper, de se jouer de sa bonté, de son envie si humaine de vouloir sauver le monde, le protéger de celui vers qui je fais un pas, afin de me tenir à ses côtés, de me révéler aux yeux fiévreux et voilés de la belle Mina, qui d'un gémissement, s'arque et s'arrache à la prise de l'homme de science, pour vers nous, ramper, rechercher l'étreinte de son Sire, de son bon créateur.

« Il n'est pas l'un des tiens, Abraham. Ce n'est pas une coquille vide que l'on achète avec des promesses, de l'or ou je ne sais quelles fantaisies dont tu as abreuvé cette pauvre fille. »

Autour de ma cheville, je sens se refermer la main de la jeune femme, que d'un regard, seulement, je contemple, alors qu'elle s'accroche à ma jambe, tente en un râle déchirant de me supplier de lui faire goûter à sang dont elle a tant besoin, à cette hémoglobine que nous lui refusons par simple envie sadique de faire faner le cœur de celui que mon tyran de frère continue de blesser d'un sourire, puis d'un claquement de doigts qui fait venir à lui, la pauvre Mina enivrée par la soif.

« Pauvre fou. » Contre lui, elle vient se lover, se faire enfant presque, recherchant l'attention de son créateur, d'un père pourtant bien cruel. « Que diront-ils, les tiens, quand tu t'en retourneras à ta vie ? »

Lentement, je me permets de m'approcher du médecin, tirant au clair la lame de cette rapière qui jusque-là, dormait, accrochée à ma hanche, pour en glisser la pointe sous son menton, et ainsi, l'obliger à me contempler, au travers de ces larmes qu'il verse, par honte sûrement, de n'avoir été capable de protéger celle que Dracula vient embrasser sur la joue par pure envie provocatrice.

« L'homme qui n'a su sauver Mina Harker, et qui a manqué de tuer Dracula. » Sur le côté, j'ose pencher la tête, esquisser un sourire qui ne parvient à dévoiler la pointe de mes crocs. « Voilà un châtiment pire que la mort, n'est-ce pas ? Que cette honte qui collera à ton nom et à ceux qui le porteront après toi. » J'ose rire, exprimer ce son rauque et guttural semblable au feulement menaçant d'un félin prêt à bondir sur sa proie. « Peu importe ce que tu feras pour te repentir, même ton Dieu te verras comme un échec, Abraham. Comme celui qui n'a été capable que d'apporter le malheur sur ceux l'entourant, voulant croire en ses intentions. Ta progéniture elle-même, sera marquée par ce jour. » Ma lame glisse le long de sa gorge, avant de se retirer, de retrouver sa place dans son fourreau. « Pars. Va chercher ta mort auprès de ceux que tu as déçu. »

Va la réclamer à ceux qui n'auront aucun remords à te l'accorder.



Je ne suis plus qu'une ombre, son arme, ses crocs. Cet assassin qui frappe ses adversaires, et ceux qui risqueraient d'un jour l'être, cette lame qu'il manie de ses lèvres, au fil de ses caprices, de ses envies, ce boucher qui répand le sang en son nom, et que ses sujets craignent plus que tout. Pour lui, pour le servir, je ne suis plus que ce monstrueux qui massacre, manipule, détruit, pour que se sacralise sa gloire, son nom, pour que dans la bouche des croyants, il se fasse ce nouveau Dieu que l'on peut affronter, dénier, aux pieds duquel il faut se jeter. Pour lui j'ai commis ces péchés que les hommes passent une vie à se faire pardonner, j'ai bafoué principes et  morales pour lui plaire, pour me rendre indispensable, cet essentiel dont il ne peut se séparer, cet unique qui restera malgré tout, qui jamais ne pourra le trahir, qui sera ce dernier à marcher à ses côtés, quand la fin viendra, quand sur cette terre, il ne restera plus rien.

Nos deux silhouettes dans la poussière. La voilà, notre ultime récompense, nos derniers instants. Jusqu'au bout, nous aurons vaincu, donnés tort à la solitude, à cette fatalité qui ne peut frapper que les autres, que ceux indignes de travers le temps et les âges, de s'élever au-dessus de la mortalité, de ce néant qui finit tous par nous réclamer.



« Tu es devenu négligent, Ludwig. »

Le reproche se fait coup que j'accuse sans peine, gifle passionnée qui lui ressemble tant, qui malgré les siècles, se fait toujours aussi virulente, présente, au sein de son cœur gorgé d'émotions trop humaines, de sensations dont il ne parvient à se défaire, auxquelles il s'accroche par faiblesse, peut-être, par paresse, sûrement ; il est, comme à son habitude, le fruit d'une colère devenue rancœur, vengeance qu'il ravale sans cesse en ma présence, conscient qu'avec le temps, je suis devenu ce monstre dont il doit se méfier, ce terrible dont il doit garder les faveurs si il veut rester le grand dirigeant de ce monde, cet empereur qu'ils adulent, les membres de notre espèces, ces vampires qui se complaisent dans les vices et le terrible, qui chérissent cette liberté que nous entretenons afin d'humilier cette humanité inutile, qui n'a pas encore été éradiqué simplement pour ce sang si nécessaire, pour ces veines face auxquelles, il me faut ramper, en parfait animal que je suis, bête qui se doit de plier à son appétit, à ses instincts que je prétends dresser, avoir dompté, afin de ne point lui ressembler, à cette créatrice dont le nom n'est aujourd'hui plus qu'un murmure soufflé par ceux qui aiment conter légendes et autres fables qui ne plaisent qu'aux égarés, qu'à ces esprits rendus creux par la solitude, par cette démence qui rôde autour des cœurs pleins d'espoirs et de rêves, d'illusions et de possibles voués à se faner, à mourir. Debout, à ses côtés, je n'ai qu'un regard pour ce frère qui revenant d'un conseil de guerre, se permet enfin de montrer les crocs, de la détester, cette nouvelle vie qu'il lui faut reconstruire en ce pays, après cette défaite qu'il m'accuse d'avoir provoqué, par cette nonchalance que j'ose arborer en cet instant, où les bras croisés dans le dos, c'est d'un sourire que je le toise.

« Ca ne te ressemble pas. Si peu d'ailleurs, que j'en viens à me demander si tout cela n'est pas ton œuvre, le résultat d'un plan que tu aurais tissé dans ton esprit bien trop vif. » grogne-t-il, le grand fléau, ce tourment qui a su conquérir l'Angleterre et qui aujourd'hui, est là, à la tête d'un autre pays, d'un nouvel empire dont la population ne peut ignorer cette retraite imposée. « Est-ce le cas, mon frère ? Aurais-tu osé bafouer notre pacte ? »

Cela te tuerait n'est-ce pas ? D'apprendre que ton agent le plus fidèle, l'être qui te connaît le mieux, soit celui qui cause ta perdre, ce traître qui pourfendrait ton cœur encore trop humain, ta chair immortelle qui n'est pas si invincible ? Je suis persuadé que tu oserais me pleurer, m'en vouloir, puis me pardonner, avant de me maudire, de me souhaiter cette solitude que j'ai tant détesté au départ de Bethsabée. Je t'imagine déjà invoquer les liens de nos sang échangés, de ce baiser interdit partagé après s'être repaît de cette pauvre fille à la gorge mutilée. Je te vois presque à genoux, à essayer de me reconquérir, comme l'on charme une seconde fois une femme négligée, délaissée pour une amante plus audacieuse, aux hanches plus gracieuses.

En un geste trop mécanique, je me force à soupirer, alors que j'en viens à me pencher pour feindre de courber l'échine face à lui, pour à son oreiller, porter mes lèvres encore ourlées d'un sourire satisfait.

« J'ai fauté, je le crains. Je les ai sous-estimés, je t'ai cru invincible, incapable de connaître l'échec... »

D'un mouvement vif, Vlad me repousse, ose esquisser ce geste pour me gifler mais de justesse, se retient en croisant mon regard, en voyant menaces et avertissements se dessiner dans mes iris, sur la courbe de cette lame qui n'attend que d'être tirée au clair.

« Tu as eu tort. M'entends-tu ? »

Sa main se baisse avant qu'il ne revienne s'asseoir, prendre place en ce siège qui peine à lui rendre cette splendeur qui fut sienne.

Je ne sais si c'est toi qui te ternit au fil des années, ou moi qui grandit, qui voit enfin comme tu n'es rien, malgré tout, mais il me semble te voir vieillir, être comme les hommes et n'exister plus qu'au travers de tes vices, de tes défauts, de cette laideur que je suis le seul à pouvoir observer, à te pardonner.

« Tu n'as plus le droit à l'erreur, Ludwig. Prends une fois de plus les choses à la légère et je te jetterais en pâture à ces chiens qui gravitent autour de toi. »

D'un pincement de lèvres, je m'offusque en silence de cette menace qu'il ne devrait avoir pour moi, me reculant simplement pour hocher de la tête, reprendre ma place en son ombre.

« Ils ne seront bientôt plus un problème. » souffle-je simplement, pour mieux disparaître, m'en retourner à ce devoir qui est mon unique existence, cette raison qui m'empêche de me glisser dans les pas de cette créatrice qui aurait brûlé par deux fois ce monde, simplement pour danser au milieu des cendres et des cadavres hurlant.

Tu peux encore régner un peu, mon frère, mais toi et moi savons que je suis celui qui tire les ficelles, qu'un jour, je prendrais ta place, quand je serais laissé de te voir gouverner les nôtres, quand en moi, fleurira l'envie de porter cette couronne qui pour l'instant te va si bien. Sois encore un peu le terrible, celui que l'on traque, mais n'y crois pas trop, car un jour viendra, l'apocalypse battra sans pitié cette terre, et celui que les anges viendront affronter sera celui qui a vécu toutes ses années dans ton ombre.

Le joueur
Partie joueur
▬ Pseudo : Andréas
▬ Prénom :  (Ludwig) ▼ Wicked Games 3855134337
▬ Âge : J'suis vieux pour un hibou
▬ Pays : France
▬ Fréquence de connexion : J'suis celui qu'on croise la nuit
▬ Inventé, tiré de la littérature, scénario ? Inventé.
▬ Comment avez-vous connu le forum ? J'étais dans un carton, au milieu des meubles.  :3
▬ Commentaires : J'arrive, mes petits.
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Invité

(Ludwig) ▼ Wicked Games Empty Re: (Ludwig) ▼ Wicked Games

Jeu 8 Juil - 18:09
Déjà dit en privé sur discord, mais il est temps d'ouvrir le bal des messages d'accueil (enfin, tu vois ce que je veux dire, de mettre un mot à la fin des fiches) !

Mathias est déjà un personnage incroyable, hyper dense et fascinant, et c'est un ré-gal de retrouver ton beau style d'écriture au service d'un personnage avec une aura aussi radicalement différente. Ludwig est terrifiant, je suis tellement fan de l'idée qu'un personnage de cette importance pour le contexte soit joué et pas seulement MJisé ! Son histoire est hyper mystique et touchante, y a une vraie ambiance fantastique à la Carmilla que j'aime trop. La dualité de sa personnalité qui s'incarne dans les figures de ses deux "maîtres", c'est complètement parlant et génial. Je suis tellement pressée de le voir évoluer parmi les vivants et manigancer dans l'ombre <3 ! Jouer les bad guys ça n'est pas toujours simple et je sens que tu vas relever le défi sans aucune difficulté ! (on t'a déjà vu à l'oeuvre)

Félicitation pour ce forum et pour tes beaux persos !
Abraham Van Helsing
Abraham Van Helsing
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Messages : 269
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(Ludwig) ▼ Wicked Games Empty Re: (Ludwig) ▼ Wicked Games

Jeu 8 Juil - 18:28
Félicitations !

Comment ne pas te valider hein? Avec une telle fiche? Du Rimbaud mon pote!

Maintenant que tu es validé(e), te voilà prêt(e) à t'aventurer dans tout Berlin, mais attention aux rencontres que tu y feras ! Nos te conseillons de commencer par te recenser dans les différents bottins du forum que tu trouveras ici, puis,  de faire toute la paperasse nécessaire pour te trouver des partenaires de jeu juste et enfin, si vous en avez besoin, de vous créer logements et autres lieux de travail histoire de recevoir convenablement vos invités, dans ce sujet ci !

Voilà il ne me reste plus qu'à te souhaiter bon jeu, et t'inciter, si ce n'est pas fait, à nous rejoindre sur Discord.  Cool

_________________

Abraham Van Helsing
“Bien qu’innocent, tu dois expier les péchés de ton père.” Horace

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