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Jeu 8 Juil - 19:37
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"Time is an abyss"
"Charcot, visitant à Gênes l’église Saint-Ambroise, s’arrêtait saisi à la vue d’une peinture de Rubens représentant une scène d’exorcisme. Il était frappé du spectacle que lui offrait la possédée, tableau criant de vérité et paraissant emprunté trait pour trait aux scènes convulsives qui se passaient journellement dans son service de la Salpêtrière."


Institut Ermann, 3 avril 1921


 A Berlin, le début d’un été gris perçait les carreaux épais de l’Institut Ermann. Fondé à peine trois ans auparavant, l’ancien hôtel-dieu accueillait une patientèle exclusivement féminine tandis ce que les hommes étaient internés dans un établissement jumeau, plus à l’ouest. Si l’époque était aux expériences psychanalytiques, seul un petit pourcentage d’internées bénéficiait de l’attention des chercheurs. La grosse majorité des folles étaient tassées, recluses dans un atrium où leurs litanies cacophoniques ricochaient sur les murs dans des échos assourdissants, chansons et gémissements, cris et chuchotements. Le quotidien était si monotone qu’on différenciait difficilement un jour de l’autre dans cette bouche infernale, si ce n’est l’heure des couchers dans d’immenses dortoirs à peine réaménagés depuis l’époque où l’institut servait d’hôpital.

-Docteur, docteur… ! Il faut venir voir, une patiente fait une crise d’épilepsie ! héla Thelma Glauben, une fin d’après-midi aussi bruyante et désaxée qu’à l’ordinaire.

Circonspect, le docteur Weber accompagna l’infirmière jusqu’au dortoir nord. Il n’était pas rare que, pour attirer l’attention, certaines patientes imitent les symptômes de l’hystérie afin d’être extraite de l’enfermement commun. Aussi, le chercheur moderne qu’il était ne croyait pas devoir administrer d’avantage qu’une dose de morphine qui calmerait la démente et cesserait d’effrayer les autres.
Alors qu’ils s’approchaient, un brouhaha de plus en plus intense montait dans les couloirs.

"-Est ce qu’elles ne sont pas supposés être fermées aux chambres ? demanda le praticien, agacé d’être interrompu en plein travail pour des affaires subalternes.
-Je n’ai pas réussi à les retenir, elles sont comme des animaux, vous devez voir… "

Miss Glauben perdait rarement son sang froid. Weber n’en fut que plus irrité. Il se rendait rarement dans ces parties du bâtiment, tristes, sales et sans grand intérêt scientifique.
Devant la porte du dortoir, des femmes en chemises de tous âges était attroupées et poussaient des hurlements, pointaient du doigt l’intérieur de la pièce. Certaines s’arrachaient les cheveux ou pleuraient au sol.

« Silence ! Au nom de Dieu ! »

La voix orageuse du médecin parvint à peine à faire baisser les lamentations d’une octave. L’infirmière en chef frappa les patientes avec une réglette en bois pour permettre au docteur de se frayer un chemin parmi elles. Devant la porte, trois filles se tenaient fort dans les bras en murmurant des prières. Quelques autres étaient tombées à genoux, comme si la Vierge venait d’apparaître entre les lits de fer.
Weber poussa sans délicatesse celles qui lui obstruaient l’entrée et s’avança d’un pas déterminé dans la longue allée. De plus en plus échauffé, il se tourna vers l’intérieur de la pièce et vit.

Une apparition.

Au fond de la salle, au-dessus du troisième lit, la silhouette flottante d’une jeune femme à la peau brune, les pieds suspendus dans le vide, le corps au-dessus de son lit comme porté par un cavalier invisible. Sa tête était penchée en arrière, ses longs cheveux noirs comme un mobile en lévitation à plusieurs centimètres de l’oreiller. Inconsciente semblait-il, mais quand le docteur s’approcha prudemment, il vit qu’elle avait les yeux entrouverts.

Le corps d’Annie Brooke, après plusieurs minutes, retomba sur son matelas comme un charme subitement rompu, d’un coup dans une chute brusque.

Face au phénomène, le Dr. Weber fit ce que sa fonction dans l’institut lui demandait. Il s’empressa de mettre la patiente à l’isolement le temps d’effectuer de nouvelles observations. A la lecture de son dossier (qu’il n’avait jusqu’alors jamais eu entre les mains), il découvrit que des phénomènes étranges -même si moins spectaculaires- entouraient depuis longtemps le traitement de cette putain étrangère, mis à l’internement par son mari cinq mois plus tôt.

Les symptômes de sa maladie dépassaient toute sa médecine.


***

Institut Ermann, 19 avril 1921

Le jardin qui entourait l’institut était la partie la mieux entretenue de tout l’établissement. Une statut du fondateur de l’Institut était érigée dans l’allée principale, entourée de beaux massifs de fleurs et de grands arbres parfaitement entretenus.
Weber, endimanché dans un complet marron, surveillait sa montre. L’invité qu’il attendait était beaucoup plus prestigieux que tout ceux à avoir visité son établissement jusqu’alors. Au téléphone, l’éminent docteur n’avait pas eu la chance de s’entretenir directement avec son prestataire, mais il avait rapidement reçu la nouvelle de ce rendez-vous.
Aspirant lui-même au don de l’immortalité, Weber n’avait pas hésité longtemps avant de contacter des instances que les évènements comme ceux de la semaine dernière pouvaient intéresser. Brooke n’était qu’une fille de rien, une étrangère par-dessus le marché, qu’aucune famille d’importance ne réclamerait si elle venait à disparaître. Le consciencieux docteur avait fait un rapport détaillé à l’intention de son Éminence, heureux de pouvoir réaffirmer son allégeance.
Tout le personnel était au garde-à-vous pour cette soirée, préparé à donner la meilleure image possible de l’établissement. Plus de courbettes pour l’accueillir que pour le chancelier lui-même, on avait aussi pensé à mettre les patientes les moins plaisantes à voir dans des espaces isolés.


***

Weber bégayait de son mieux. Il espérait ne pas faire perdre son temps à son sinistre visiteur. Malheureusement, personne n'avait encore eu le temps de photographier un de ces moments étranges dont l'institut était devenu le théâtre. Il n'avait que ses mots pour convaincre.

« Je lis, ..."l’usage de langues inconnues", ah et son "influence sur les autres femmes, des phénomènes" psychophysiques...c'est à dire les objets qui bougent..., enfin...enfin c’est pas banal, vous en conviendrez, ah… (…) Il faut aussi qu'on vous dise qu'elle n'est pas allemande, profil inhabituel, mais quelqu'un a payé son entrée ici... (...) noire, probablement américaine... Moi en vingt cinq ans j'ai jamais rien vu de pareil. On l’a mise à l’isolement si vous voulez la voir mais...Glauben peut aussi la faire venir dans le cabinet si vous préférez. »


***


Lorsque Weber et Glauben quittèrent la pièce, Brooke essaya immédiatement de tourner la poignée de la porte pour sortir à leur suite. Son regard ne croisa même pas celui de son visiteur dont l’aura remplissait la pièce de tant de tristesse et de douleur qu’elle en réduisait la chamane à des réflexes animaux. Ses longs cheveux noirs s’emmêlaient dans son dos et elle portait des vêtements propres, un corsage beige et démodé sur une chemise blanche aux épaules baillantes. Une grande jupe marron couvrait jusqu’à ses orteils.
La porte ne céda pas à ses petites pressions et Annie posa son front sur la porte. L’isolement et la médecine dévoraient ses forces, elle était épuisée.

-J’veux voir personne, maugréa-t-elle sans se retourner, d’une voix déjà un peu suppliante.
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Ven 9 Juil - 21:04
Time is an abyss
Annie&Ludwig
There'll be no rest for the wicked
There's no song for the choir
There's no hope for the weary
If you let them win without a fight

Il bégaye l'homme de science, à l'autre bout du fil, il crachote avec difficulté ses quelques syllabes qui me parviennent avec plus ou moins d'aisance au travers du combiné, cet homme que je sais rongé par l'envie de goûter à l'immortalité, de rejoindre les rangs des puissants, de devenir à son tour, influent, grand, plus que ce qu'il ne sera jamais, avec son cœur gorgé de sang, ses entrailles se remplissant encore des mets et autres liquides qu'il ingère parce qu'il n'a pas le choix, parce que, tel un animal, il est prisonnier de sa condition, d'un corps qui au fil des années, ne cesse de se désagréger, de s'enlaidir jusqu'à dépérir, se déliter, pour n'être plus que tissus nécrosés, muscles liquéfiés, nerfs et veines devenus dentelles pour les grouillants, pour ces vers qui peuplent les cimetières, rampent en terre. Alors qu'il me débite ce qu'il a dû tant répéter, je peine à m'intéresser à ces émotions qui suintent de ses silences, de ses pauses qu'il se refuse de prendre, de crainte sûrement, de perdre l'occasion de me fasciner, de m'intéresser, d'à lui, égoïstement me garder ; me faisant de ce fait bien insensible à cette passion qu'il me semble trouver dans sa ferveur, cette dévotion qui me donne mal au cœur, fait monter à mes crocs et lèvres, une saveur qui m'arrache une grimace, fait naître en moi l'envie tenace de faire taire mon interlocuteur, cet homme que je laisse s'enfoncer dans un silence qui n'est gênant que pour lui, se noyer dans les possibles, dans cette impatience qui l'étreint sûrement, lui fait espérer que je me déplace pour la contempler, cette patiente si unique, cette démente qui autour d'elle, sèmerait les graines d'une folie étrangère, d'un poison de l'esprit si puissant qu'il en déchirerait la fabrique même du réel, ferait en ce monde, revenir ces morts patientant sous bien des stèles, ces défunts attendant la venue du jugement dernier, de ce temps du châtiment pour les vivants.

Ce n'est pas la première fois que tu tentes de me séduire, Weber, que comme la dernière des putains, tu tentes de ramper à mes pieds, d'entre tes bras me glisser, afin d'être le premier de mes infants, l'élu qui aurait le droit de goûter à mon baiser, qui à ma chair, serait à jamais lié par un amour qui ne saurait être renié, bafoué. J'avais fini par me lasser de tes tentatives, mais te revoilà, avec une offrande qui pourrait être alléchante si elle n'était pas une hystérique de plus gavée de drogues, secouée par des traitements qui ont dû avoir raison de sa chair.

A mon oreille, je perçois un grésillement, la respiration accidentée du médecin, l'agitation qui autour de lui, se fait bourdonnement, frénétique musique de laquelle je ne me berce que quelques secondes, tout au plus, avant d'enfin desserrer les lèvres, lui faire l'honneur de m'intéresser à sa tentative aussi désespérée que pathétique.

« Je viendrais jeudi soir, Weber. » dis-je simplement avant de raccrocher sans prendre la peine de l'entendre se répandre une fois de plus en remerciements et autres ronronnements, de me sauver de ses révérences orales, de cette crasse obséquiosité qu'ils ont tous finit par adopter, les hommes ambitieux de ce siècle, les audacieux qui rêvent d'échapper à leur destin, à l'étreinte du rien.



A l'instant même où je pénètre au cœur même de l'institut, accompagné d'une garde rapprochée presque ridicule composée de Weber, de sa collègue Glauben et d'un poignée d'infirmiers tous fiévreux à l'idée de pouvoir marcher à mes côtés, d'avoir l'honneur de croiser mon regard, je regrette les jardins que nous venons de quitter, ne pouvant, au vu de l'odeur âcre qui hante les couloirs, qui émane de sous les portes closes, verrouillées pour le bien être des patientes, de ce parfum de l'horreur qui sature mes sens, se fait miasme coulant en ma trachée, vile liqueur me ramenant en ce temps où la vie n'était rythmée que par les affrontements incessants, par des guerres fauchant des générations entières, des massacres et autres génocides dont les livres d'histoires ne savent rien, dont ces hommes qui aujourd'hui se prétendent civiliser ne font que rêver en silence, comme pris d'un instinct, d'un besoin les poussant à l'auto-destruction, à l'annihilation de leur propre race. Prisonnier du blanc, de la lumière épurée, il me semble me faire éternel au milieu d'un naufrage, d'un océan de désespoir, de malheurs et d'aigreur qui sur ma silhouette impassible, se fracassent, viennent s'échouer sans m'arracher autre chose qu'un silence, quelques battements de cils, des souvenirs qui sur mes rétines, se font trop réalistes visions remplaçant une seconde, les carreaux lavés au désinfectant, les gonds huilés de portes que l'on ouvre trop rarement, les visages de ceux et celles qui se pressent pour me voir, qui en secret, espèrent, que je sois l'envoyé d'une mort qui aurait pu les prendre en pitié, vouloir les sauver, les libérer de cet enfer aseptisé, de ce mouroir où les noms se confondent, les êtres se ressemblent, les cris se fondent pour n'être qu'unisson.

Il flotte ici ce même parfum qui autrefois ternissait le ciel, empêchait au soleil de régner, cet arôme puissant que suinte les cadavres se décomposant, cette fragrance si particulière qui colle au derme des charognes et autres carcasses battues par les vents, prises dans la glaise et les averses. En ce cimetière de l'âme, où les plaies ne sont que d'éthérés tourments impossible à cristalliser, à ancrer dans la chair, voilà que j'ai l'impression de n'avoir vieillit, qu'autour de moi, le monde n'a fait que prétendre évoluer, se métamorphoser, changer, voilà qu'il me faut réaliser que j'attends trop de ces mortels qui aiment tant leurs démons, leurs punitions, qui s'accrochent plus à l'horreur qu'à ses visions qu'ils disent embrasser pour le plus grand bien, pour l'avenir, ces générations futures  qu'ils espèrent ne jamais voir venir.

« … Nous pourrions l'installer dans l'un des bureaux, il nous faudra l'attacher mais... »

Dérangé dans mon errance par la voix de Weber, je me permets de serrer les dents, de sur lui, poser mon regard acéré, le pourfendre de mes prunelles alors que je m'immobilise, forçant le cortège d'intéressés à s'arrêter, à mes lèvres, se pendre, pour mieux trembler pour cet ordre qui d'entre mes lèvres, se fait pareil à la morsure d'un fouet, au claquement sec d'une lanière de cuir sur une plaie sanguinolente.

« Je suis là pour la rencontrer. »

Pas pour te voir me lécher les bottes, embrasser le sol dans mon sillage, vénérer la moindre trace que je pourrais laisser derrière-moi.

Après un silence, puis un hochement de tête désolé, il finit enfin par m'emmener en une pièce pauvrement décorée, une cellule aux murs blancs, au milieu de laquelle, trône tables et chaises,  un lit niché dans un coin, à peine préparé pour recevoir le moindre corps rompu par la fatigue et les drogues ; osant même me proposer de me délester de mes affaires, de ce manteau que je fais glisser le long de mes épaules pour le déposer sur le dossier d'une chaise, lui faisant pour de comprendre toute l'indifférence que je porte à ses manières, à cette dévotion écœurante que je m'efforce de ne point remarquer, pire, de lui pardonner.

Il serait aisé de t'en vouloir, de te reprocher d'être ainsi, Weber. De vouloir te secouer, t'effrayer pour qu'enfin, tu te souviennes de ta place, mais ce serait là la réaction d'un enfant, d'un gamin qui ne veut comprendre, voir comme les hommes sont voués à ramper, à envier leurs prédateurs, à tant vouloir leur ressembler, afin d'y échapper, à l'ordre naturel des choses, à cette unique vérité qu'il est difficile de travestir, que bien des civilisations ont tenté d'enterrer sous des croyances et des fables dont aujourd'hui il ne reste bien plus que du vent. Alors à la place, je me fais grand seigneur, prince, en acceptant ta bassesse, en me disant que tu finiras par comprendre, qu'elle te rattrapera même, cette fatalité mère de bien des angoisses.

En un concert de murmures et de raclements de gorge, la petite foule d'admirateurs s'éparpille, s'évapore, le temps de quelques minutes qui s'écoulent bien trop vite, semblent se pulvériser, pour à moi, amener l'étrangère, l'inconnue qu'ils traînent sans douceur, qu'ils laissent là, à mon regard inquisiteur sans insister, sans essayer de me la présenter, de me la vendre comme cette merveille, cette perle qui me fera oublier la réalité, ces heures passées ici à naviguer au sein du laid, des malades et des esprits scarifiés, de ceux et celles dont le corps n'est qu'une prison supplémentaire, dont chaque battements de cils se font de nouveaux barreaux dont se parent cette folie qui les gagne.

Un animal.

Voilà ce qui vient s'échouer face à moi, tenter de s'échapper en allant se lover contre la porte verrouillée, une petite bête qui couine qu'elle ne veut être dérangée, qu'elle regrette d'avoir été arrachée à sa solitude, au brouillard de ces drogues que j'imagine encombrer ses veines, diluer son sang, imbiber sa chair au point de la rendre débilitante, juste bonne à être piquée, mutilée par des hommes de sciences à la recherche de la dernière découverte, de l'innovation qui leur permettra de grimper dans l'échelle sociale, d'enfin, rejoindre le cercle privé des immortels, de s'affranchir des contraintes d'un existence qui passe trop vite.

Une chose qui a oublié qu'elle était leur égal, qu'ils ne sont rien, si on y pense bien, ces êtres drapés de blanc, ces traîtres qui torturent les leurs par besoin sûrement d'expier un complexe d'infériorité ou tout autre vice de ce genre. Une femme qui aurait pu être, mais qui en a eu assez de lutter, qui en silence, à la nuit tombée, doit prier la mort comme la bonne âme désespérée qu'elle est.

Sur son échine que je discerne au milieu des plis de ses vêtements humbles, je pose mes prunelles et laisse au-dessus de nos têtes, passer un ange, tandis que du bout de mes doigts, je viens déloger ma rapière de ma hanche, l'accrochant aux côtés de mon manteau pour me faire presque homme en sa présence, simple mâle vêtu de ses mystères, de ses mensonges, de pulsions depuis longtemps dressées, faites putains délaissées.

« Tu n'es pas obligée de me regarder. » souffle-je non sans une pointe d'amusement dans la voix, sans parvenir à tout à fait cacher ce sourire que je n'esquisse pourtant pas, en essayant de lui faire croire que j'ai le temps pour ses lamentations, pour ses gémissements. « Ils insistaient à ton sujet. »

Et de ça, plus que de moi, tu devrais avoir peur. Car si je suis capable de te faire exécuter simplement pour plaire à ce frère dont je suis autant l'ombre que les crocs, eux, voudront probablement te torturer pour t'arracher cette unicité qui fascine tant, voudront te disséquer jusqu'à comprendre la nature profonde de tes dons.

« Weber attend de moi, sans oser le dire, que je décide de ton sort, que je donne un peu de valeur à ta vie. »

Il me faut marquer une pause, le temps de m'approcher de sa personne, de dans son dos, trouver ma place, me faire cette figure la toisant, la méprisant, lui en voulant d'ainsi se laisser aller, d'être si résiliente, si apte à se confondre dans les bras de l'abandon, de cette lâcheté écœurante si aisé à invoquer.

« Et pour être franc, j'ai déjà l'impression de perdre mon temps alors... »

Si je me penche vers elle, c'est uniquement dans le but de la soulever, de l'arracher au sol pour sur ses deux pieds, la remettre, l'obliger à esquisser quelques pas, à jusqu'au lit, avancer, afin de s'y laisser retomber, au milieu de draps puant les sanglots maintes fois lessivé, les hurlements et cris de ceux qui ont pu la précéder, qui sur ce matelas, ont sûrement maudit leurs tortionnaires, tentés de s'évader, d'échapper aux aiguilles et scalpels, à ce savon qui écorche la peau et dont je perçois l'odeur sur sa peau.

Lavée et habillée à la hâte, préparée pour me plaire, pour être cette offrande que je ne suis certain de vouloir accepter. Je suis persuadé que tu es assez droguée pour que si l'envie me prenne, je puisse entre tes cuisses me glisser, te salir, y trouver un plaisir bien trop terrestre.

Autour de son crâne, je regarde ses cheveux s'étaler, se faire couronne, aura aux arabesques envoûtantes, mèches qui entre mes doigts glisseraient sans peine, se feraient soie, merveilles tandis que des tréfonds de ma cage thoracique, s'échappe un grondement, un avertissement, le ressac d'une colère maîtrisée.

« Qu'ont-ils dit, quand tu n'étais que poupée entre leurs mains, jolie beauté exotique que l'on chouchoute pour la venue d'un démon exigeant, difficile à satisfaire ? »

Made by Neon Demon
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Sam 10 Juil - 2:21
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"Time is an abyss"
"Charcot, visitant à Gênes l’église Saint-Ambroise, s’arrêtait saisi à la vue d’une peinture de Rubens représentant une scène d’exorcisme. Il était frappé du spectacle que lui offrait la possédée, tableau criant de vérité et paraissant emprunté trait pour trait aux scènes convulsives qui se passaient journellement dans son service de la Salpêtrière."


Dès qu’il se glisse à son contact, Annie commence à pousser des cris de terreur, les mains d’abord cramponnées à la poignée de la porte. Son angoisse fébrile se transforme en peur panique incontrôlable. Alors que l’être surnaturel semble se déplacer lestement, avec une tranquillité absolue, elle s’agite comme un lièvre en clapier. A deux mains, elle tape le bois de la porte pour qu’on la libère, comme si on l’avait enfermée avec un lion.

« Vampiah ! Vampiah ! » se débat-elle dans l’étau d’une emprise tellement puissante que l'inconnu lui fait traverser la pièce en deux enjambées, comme si elle n’eut pesé qu’une livre.

Son dos s’enfonce dans le matelas bon marché, pas plus épais qu’un dictionnaire, tandis ce qu’elle résiste autant que possible pour l’empêcher de couler ses hanches entre ses genoux. Alors que la créature détaille, avec des gestes lents et implacables, ses traits et ses cheveux, Annie se débat comme une diablesse mais sans parvenir à l’intimider d’un centimètre, comme si elle luttait avec un golem.

Malgré ses sens amortis par l’alanguissement et la médecine, son instinct de survie lui hurle de s’échapper d’ici. Tout son corps refuse de se calmer, comme si elle était tombée dans un nid de serpent. Pour le desceller d'elle, comme la dalle d’une stèle, elle essaie d’enfoncer ses poings dans ses côtes.
Jamais, depuis le début de son internement, elle n’avait été aussi sonore. Dans les corridors pourtant, personne n’ose frapper pour demander si tout va bien.

Tout à coup, le grondement d’animal prédateur qu’il pousse la glace. Immédiatement, comme obéissant à un instinct primaire, elle cesse de combattre et tente d’éloigner le plus possible son visage du sien. Horrifiée à l'idée qu'il pourrait révéler ses fanges et lui ouvrir la gorge, son cœur vivant bat fort sous sa poitrine, comme un tambour de rituel.

La question qu'il lui pose reste suspendue en l’air, elle ne la comprend pas. Annie comprend les mots qu'il dit, dans cet allemand courtois, articulé, avec sa voix glacée de vampire qui ne laisse aucune place au souffle et aux hésitations. Mais elle n’arrive pas à en extraire un sens dans son cerveau tout azimut.

-Le...L...Ludwig…., murmure-t-elle dans une respiration, un nom qui se détache des ricanements de tous les fantômes qui se poussent dans la pièce. Leurs petites voix sifflées chuchotent à ses oreilles. Il y en a partout autour de toi...des morts...tu nages dans les morts…assassin, mauvais esprit, maudit vampiah, tu ne sers qu'à tuer...

A travers les boucles noires qui se collent à son front, elle fixe son regard sur lui. Si sa peau à elle sent le savon, lui sent le tissu de ses vêtements, une note d’eau de cologne peut-être mais rien comme de la sueur, de l’haleine, rien qui s’apparente à la vie. Comme les siens, son visage n’a plus d’âge et ne raconte rien. Aucune émotion qu’elle parvienne à saisir à part un vague intérêt pour la nourriture. Il n’est pas le premier vampiah à croiser son chemin mais celui-ci doit être si ancien que son aura est plus proche de celle d’un dieu que de celle d’un homme. Pourtant, il ressemble beaucoup plus à un homme que les autres vampires qu’elle a vu autrefois.

Soudainement, rompant le pacte de la docilité, elle se cabre à nouveau et lui griffe le visage. Sans réfléchir, elle enfonce ses dents dans l’avant-bras du tortionnaire, déchirant de sa morsure sauvage un pan de la chemise parfaitement ajustée.
Profitant de l’effet de surprise, elle tient la prise quelques secondes et la lâche tout à coup avant de se retourner pour s’extraire à toute vitesse du lit et de l’étreinte.

-Me t-touche pas, créature dégueulasse, s’écrie-t-elle de nouveau, salope de monstre, retourne d'où tu sors, je...je connais les comme toi, tu n'es pas le premier...mais toi...toi...toi tu es le pire de tous...le pire...

Les bougies disposées dans la pièce s’éteignent en même temps, comme soufflées par le même courant d’air alors que la pièce est close. Au plafond, l'abajour se balance comme s’il dansait dans le vent. Mue par l’effroi et la terreur, la peur d’Annie agit tout autour d’elle sans qu’elle-même le voit.

Hâtivement, l’interne titube vers le bureau, déterminée à mettre le plus d’espace possible entre elle et le monstre. Au sol, elle crache ou tousse un jet sporadique de sang du mort. Une tâche rouge brille sur sa lèvre et ses dents.

-J’ai rien pour toi, charogne…, gémit-elle en s’appuyant sur la table, trop affaiblie par ses traitements pour courir davantage. Les charmes des crevures comme vous...ça ne fonctionnera pas sur moi...

D’une main, elle attrape la pointe affutée d’une plume trempée dans l’encrier et étend son bras vers lui, pour l’en menacer s’il tente de s’approcher. De l’autre, elle jette l’encrier vers le lit, qui vient s’éclater sur le mur et souiller les draps.

La peur brille si fort dans ses yeux que même l’obscurité nouvelle ne peut pas les dissimuler. Comme si elle ne le rencontrait pas pour la première fois mais que dans une autre vie, il l'avait déjà tuée.

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Ven 23 Juil - 2:28
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There's no hope for the weary
If you let them win without a fight

Ils se ressemblent tous, ces patients qui hantent les couloirs de cet établissement, de ce mouroir conçu pour être le purgatoire des esprits mutilés, de ces coeurs trop faibles pour survivre, résister à la cruauté, à cette fatalité qui n’épargne personne, qui gouverne ce monde sans jamais s’émouvoir des espoirs qui finissent par s’éteindre, crever dans l’obscurité, sous l’oeil indifférent de ces forces qui peuplent l’éther et l’au-delà, de ces dieux qui n’existent plus, de ces anciens dont il ne reste plus rien, si ce n’est des récits que personne n’entretient; ils semblent n’être qu’un, ces déments dont les visages n’expriment que la crainte et la douleur, dont la peau est poissée par un voile de sueur, colorée par les abus, la morsure des aiguilles, parcourue par des griffures, par ces vaines tentatives de s’échapper, d’enfin briser ces chaînes qui n’existent que dans leurs têtes, dans les tréfonds d’une conscience brûlée, consumée par la maladie, l’hystérie, par un miasme qu’il me semble percevoir dans les prunelles de ma proie, dans les veines même de cette femme qui n’est pas différente des autres, de ceux ou celles qui ont pu souiller ce matelas sur lequel elle se trouve de leurs sanglots et autres fluides, de ces hurlements qu’elle pousse à son tour, en comprenant, en percevant toute l’horreur de ma venue, en arrachant aux ombres et ténèbres de le pièce, avertissements et autre funestes prophéties qui auréolent mon être, sont cette couronne que j’arbore fièrement, alors qu’elle panique, se fait plus petite encore, simple chair possédée par la terreur, manipulée par cet instinct de survie qui la pousse à me frapper, à tenter de me blesser, de me faire vaciller, éprouver cette souffrance typiquement humaine, cette douleur que je laisse volontiers aux mortels, aux carcasses suintantes et autres corps décadents, réchauffés par un sang trop souvent plein des excès d’une vie, aux arômes façonnés les abus et autres plaisirs éphémères. Sous moi, je la vois lutter, désespérément, tenter de me faire tomber, d’échapper à ce regard qui ne cesse de la transpercer, de se faire entre ses iris, ces lames la scindant en deux, espérer se glisser sous les tissus tendres que sont son derme et ses muscles pour atteindre cet invisible, cet impossible qu’est son esprit, cette psyché, qu’il me faut imaginer, esquisser à sa place, entre deux hurlements, deux coups portés que je me fais un plaisir d’ignorer, de lui pardonner car encore charmé par cette nouveauté qu’elle pourrait incarner, par ce possible qu’elle pourrait représenter. Une seconde, il me semble lui accorder le droit d’être, de se battre, cillant à peine quand ses ongles viennent s’enfoncer dans ma joue, laisser en celle-ci, quelques sillons sanglants qui cicatrisent bien vite, souriant quasiment quand ses dents percent ma chair, font perler quelques gouttes d’un sang qui vient colorer ses babines, lui donner ses airs de fauve qui en viennent à me plaire, à m’arracher un léger rire qui n’est dans le silence, qu’une expiration profonde, un simple mouvement mécanique des poumons bien vite chassé par son hystérie, par le bruit de cet encrier se fracassant contre le mur, de cette encre à la fragrance artificielle qui vient se répandre sur les draps, dessiner au milieu des plis, la silhouette abstraite d’un de ces démons qui n’apparaissent qu’aux désespérés, aux suicidaires et autres torturés qui ne savent plus vers quels dieux se tourner, à qui vouer ces prières destinés à être avalées par le néant, évoquer cette frénésie qui est sienne, cette détresse qui est la mère de tous ces mots, ces cris et autres gestes qu’elle fait dans l’espoir de m’effrayer, de me détourner de l’inévitable, des conséquences de notre rencontre, de ma présence au sein même de cette chambre puant la mort et les regrets, imbibés des réminiscences de toutes ces vengeance qui furent promises, et qui en cette nuit, ne sont bien plus que des spectres craignant d’affronter mon courroux, toute la violence de mes manières, de ce coeur qui ne sait plus correctement éprouver toutes ces émotions qui foudroient l’objet de toute mon attention.

Tirée de ta torpeur, tu es finalement capable d’être, de ressentir, de te rebeller, peut-être de me détester d’être ici présent pour te juger, pour en toi, voir ce quelque chose que tu ne veux savoir, que tu n’as demandé à posséder. Enfin, tu bouges, tu vis, parce que la peur t’y oblige, parce que tu sens bien que je n’aurais la patience d’attendre, de te comprendre, parce que tu vois, bien malgré toi, comme je charrie dans mon sillage, les souvenirs des charniers, des massacres et autres cataclysme qui se font fait fléaux de l’humanité, apocalypses auxquels les tiens ont réchappés.

Sans faire un pas vers elle, je me permets de poser à nouveau mes prunelles sur la sorcière, lui permettant de profiter encore un peu de cette distance nous séparant, tandis que de mes doigts, je prends la peine de retrousser mes manches, de lentement, dévoiler ma peau à peine écorchée par ses dents, ces plaies qui déjà se referment, forment à la surface de mon derme, quelques croûtes que je chasse d’un geste de la main, d’une méprisante caresse de mes doigts.

“Tant d’horribles termes dans une si jolie bouche.”

Contre mes crocs, j’ose faire claquer la point de ma langue, afin de créer, ce son exprimant à merveille cette fausse déception que je prétends éprouver, ce simulacre de chagrin qui sonne bien faux entre ses inspirations fiévreuses qui sont siennes, entre les battements de ce coeur affolé que je perçois presque cogner contre son sternum, cette cage thoracique rendue apparente par la malnutrition, par toutes ces fois à vomir entre ses draps, entre les paumes de ses bourreaux, de ses hommes de sciences qui n’ont jamais vraiment eu à coeur le bien-être de l’humanité, mais uniquement cette gloire qui n’intéresse que les vivants, et simplement un temps.

“Crache-le bien.”
ose-je lui murmurer, presque inquiet tandis que vers elle, je m’avance, lentement, amusé de constater cette foi qu’elle insuffle à cette inoffensive plume, à cette arme de fortune que je lui laisse, que j’accepte de voir être ridicule menace, vaine et puérile tentative de survivre, de la protéger cette vie dont elle ne savait plus que faire avant que je ne vienne, ne me fasse l'émissaire même de la fin, l’avatar de la laideur de son agonie, de cette routine rythmée par les offenses et autres vices pardonnés par la médecine, par la soi-disant envie de la sauver de son propre malsain, de cette chimère qui la rongerait de l’intérieur, s’amuserait à empoisonner ses viscères, à livrer aux crocs même de la folie, d’une démence qui serait plus clémente que je ne le serais jamais. “Prends soin de bien le cracher, si tu ne veux pas me voir conquérir tes rêves, devenir cette nouvelle figure régnant sur tes pulsions, tenant les rênes de tes obsessions.”

Ecoute-le bien, cet instinct qui s’efforce de te garder en vie, de veiller à ce que tu ne succombes pas trop vite. Permets-lui de te souffler comme il serait terrible de me voir devenir l’unique seigneur de tes songes, celui qui serait autant ton sauveur que ton destructeur. Laisse-le te convaincre, que ce serait mieux ainsi, Ne sois pas sotte, n’espère point. Sois sage, et continue de te débattre.

Face à elle, je viens me planter, me faire imposante silhouette, ombre la toisant, osant venir de son index, apprécier la pointe de cette plume que je finis par lui retirer, par libérer de ses doigts crispés pour mieux au sol l’abandonner, lentement la laisser chuter alors que je viens une fois de plus me perdre dans son regard voilé par l’horreur, par la peur, par ce cocktail de sensations qui viennent réveiller mes instincts de prédateurs, raviver les braises de cette violence qui fut mienne, de cette soif qui me faisait n’être que bête dans les bras de ma créatrice, que simple pulsion à visage humain, abomination ne vivant que pour le sexe et le sang, pour la mort et la plus divine des destructions.

“C’est donc ce qu’ils t’ont dit ?”


Ca te ressemble bien Weber, de vouloir lécher les bottes des plus puissants, sacrifier le peu de dignité en te mettant à genoux devant mon ombre comme le ferait ces putains qui sucent pour presque rien.

Un grondement m’échappe, sous la forme d’un soupir un peu rauque, d’un son que je produis simplement pour exprimer ce que des mots ne sauraient parfaitement retranscrire, par lassitude aussi, envie de ne point ressembler à ces archanges en blouse blanches qui viennent la tourmenter, la gaver de drogues et d’autres substances capables de pulvériser ses pensées, de ne faire d’elle qu’une enveloppe vide de toutes émotions, toutes envies, tout espoirs de rébellion.

“Ils parlent toujours trop.” Tel un père fatigué d’y croire, d’être déçu par sa progéniture, je secoue quelque peu la tête, oubliant presque l’angoisse étouffant ma compagne de fortune. “Ils parlent toujours trop, les tiens. Les hommes surtout. Comme s'ils pensaient que les évidences et autres banalités allaient effrayer le silence, chasser à jamais l’inévitable néant.”

D’un pas je me recule, afin de tirer vers elle, cette chaise que je lui désigne d’un geste, que d’un mouvement de la main, je lui ordonne d’accepter, de s’y asseoir alors que je fais le tour du bureau pour lui rendre un peu de cet air qu’elle peine à respirer, pour lui permettre de croire que je ne suis là pour arracher quoi que ce soit, si ce n’est quelques sanglots, un hurlement ou deux de plus, peut-être même une supplique dont je n’aurais que faire, qui sera probablement la même que celles que d’autres avant elle ont pu déposer au creux même de mes paumes.

“Tu devrais me remercier. Sans moi tu serais restée simple coquille se laissant aller, sac de viande attendant qu’ils se lassent, ceux qui m’ont demandé de venir te voir.”

Je t’ai rendu la vie, j’ai secoué ce qu’il restait de rage de vivre en ta chair. Et si comme beaucoup, tu vas me hurler que je ne suis qu’un agent du mal, que l’enfant interdit de la nuit et de l’horrible, je ne m’en offenserais pas. Je comprendrais. Je te l’excuserais, simplement parce que je la connais, la laideur d’un coeur humain, d’un organe qui n’est bon qu’à décevoir, qu’à se gorger de mensonges, d’illusions.

“Selon eux tu as une influence sur le reste des patients, sur les femmes, notamment.”

Je me raidis quelque peu, allant même jusqu’à serrer les dents alors que cette affirmation fait ressurgir de biens anciens souvenirs, parvient à rouvrir d’anciennes plaies que je pensais depuis longtemps enterrées sous des siècles à servir une cause, un idéal qui n’était mien, à permettre à mon frère de s’élever, d’être cet tyran fait pour régner qu’il a toujours été.

Je la revois, drapée dans un linge qui laissait apparaître la pointe de ses seins, la courbe sensuelle de son ventre, l’ombre de sa main glissée entre ses cuisses.
Je peux l’entendre, gémir pour une autre, pour une amante qui lui offrait sa gorge, me fixait d’un air triomphant, consciente de vivre là, cette extase que je ne connaîtrais jamais.
Elles n’étaient que deux corps enlacés, un interdit fascinant à observer.
Une fresque obscène représentant parfaitement cette rancoeur qui me hante encore.


“Ils pensent que tu récites des prières au Diable lui-même en une langue étrangère, que tu influes sur le réel.”

De mes doigts, je lisse ma barbe impeccablement taillé, le temps d’une inspiration, d’humer une fois de plus, les odeurs parfumant son derme, ses fragrances qui me soufflent ces secrets qu’elle tente de taire.

“Il n’y a que Weber pour ne pas réaliser ce que tu es.” Cette fois-ci, j’esquisse un vrai sourire. “Certains jour je me demande si il arrive à trouver sa propre bite pour pisser.”

Sorcière.
Envoûteuse.
Enfant de Lilith.
Ta peau te trahie.
Ton coeur aussi.

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Jeu 19 Aoû - 2:25
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"Time is an abyss"
"Charcot, visitant à Gênes l’église Saint-Ambroise, s’arrêtait saisi à la vue d’une peinture de Rubens représentant une scène d’exorcisme. Il était frappé du spectacle que lui offrait la possédée, tableau criant de vérité et paraissant emprunté trait pour trait aux scènes convulsives qui se passaient journellement dans son service de la Salpêtrière."


-Nan ! Non ! Recule, charognard !…, ordonne-t-elle d’une voix qui déraille.

Le nosferatu déploie sa silhouette longiligne et avale prestement la distance tandis ce qu’Annie recule, recule et recule jusqu’à heurter le mur en se cachant les yeux. Sa religion est formelle : l’Autre ne doit jamais être regardé dans les yeux. Croiser le regard d’un vampire, c’est croiser le regard d’un abîme et se plonger dans la fosse des ténèbres, qui regarde en retour et happe la volonté. Sur ses lèvres tremblantes, elle récite une prière en patwah en houspillant la créature. Pas à pas, dans une déformation impressionniste, elle devient plus petite quand il approche, et lui est de plus en plus grand.

-Ne me touchez pas, ne me touchez pas, balbutie-t-elle dans sa litanie.

Quoi qu’on sache qu’il y a des vampires à Berlin, il n’est pas offert à tous les citoyens d’en rencontrer un pendant sa vie. Annie ne fréquentait pas leur sphère et si, parmi sa clientèle, elle connaissait quelques dames qui connaissaient quelques vampires, en général on était avare de ce genre de répertoire. Les vampires sont comme des artefacts de magie noire, il convient de les vénérer dans la crainte.
Selon l’ancienne magie séductrice qui définit ces êtres, le vampire tente de l’engluer dans son vocabulaire mielleux. En venant vers elle, il s’insinue dans son cerveau, centimètre après centimètre.
Annie est secouée de visions derrière ses paupières closes. Elle secoue la tête comme pour chasser une nuée plutôt qu’un homme. Les oracles rugissent dans sa tête comme un essaim furieux. Elle voit.

Une hutte en flamme et des corps empalés à l’orée du village, un jeune soldat battu à mort sur une place déserte, la lame d’alfange secouée pour s’extraire des chairs, l’odeur des brasiers et le chant des veuves, un campement où des prisonniers ressemblent à des cadavres…

Un cri l’arrache au tourbillon. Il a posé un doigt sur la pointe qu’elle tenait dans sa petite main serrée. Désorientée, Annie ouvre les yeux et croise ceux de la Bête qui la dévorent.

-Seigneur…, gémit-elle en le voyant.

Persuadée de rencontrer sa fin, la jeune mère acculée tente de se protéger derrière ses bras. L’asile l’a livré aux autorités et maintenant on va l’exécuter dans ce triste coin du monde, comme un cafard écrasé. Après toutes ses imprudences et ses pratiques magiques illégales, c’était le destin auquel elle aurait dû se préparer. « Pitié j’ai un enfant » sanglote-t-elle, comme si cet argument avait de quoi adoucir un démon de la nuit.
Pétrifiée par la terreur, Annie ne s’attendait pas à l’entendre parler de nouveau.

Bêtement, elle regarde la chaise qu’il lui présente à travers ses larmes. La situation s’éclaircit soudainement : c’est un interrogatoire ! Il veut la cuisiner. Peut-être que c’est sa dernière chance. Si elle parvient à démontrer son innocence, peut-être qu’il la laissera partir. Encore collée au mur, elle écoute ses remarques, les yeux rivés vers le sol. S’il ne la regarde pas dans les yeux, il ne peut pas connaître sa vérité, croit-elle.

-Influence… ? répète-t-elle d’une petite voix, Non, non, rien...je n’ai aucune influence...je ne connais aucune de ces femmes...je suis ici pour les soins, je connais pas le Diable, ...c’est une erreur…

Ses pensées sont encore hantées par les visions précédentes, elle peine à trouver ses mots pour convaincre. Doucement, elle vient s’asseoir sur la chaise en se tordant les mains, la tête basse. Ses cheveux noirs cachent son front. A son cou, le crucifix en pendentif miroite la lumière de la lune. Il y a des chemins qui mènent au Diable que les européens n’imaginent pas.

-Weber, oui sourit-elle pauvrement quand il assassine le docteur de paroles, je me rappelle qui c’est…, il...il ne vient pas souvent… mais je ne parle pas au Diable, je chante juste des chansons de mon île, continue-t-elle de baratiner en cherchant une issue à cette horrible situation. Je n’influence personne, je suis une femme honnête, j’ai toujours respecté la loi…

Alors qu’elle dit cela, la pointe de la plume tombée au sol roule silencieusement sur le parquet. Annie ne le remarque pas. Les objets continuent d’agir autour d’elle et de sa psychée ravagée par la médication, comme si un courant d’air soufflait  dans la pièce. Les fenêtres demeurent pourtant fermées. Au-dessus de sa tête, l’ampoule se balance comme un pendule. Face au Sir, Annie entrecroise nerveusement ses doigts, les mains posées sur les genoux.

S’apprêtant encore à parler, elle ouvre un peu la bouche. Une vision s’enfonce alors à nouveau dans sa cervelle, comme un clou entre les yeux. Annie sursaute comme si on venait de la frapper.

Tout à coup, l’ampoule éclate au-dessus d’eux. Des paillettes de verres se déposent dans ses cheveux et sur ses épaules. Dans la pièce désormais complètement obscure, elle pousse un cri d'effroi.  


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Jeu 9 Sep - 21:20
Time is an abyss
Annie&Ludwig
There'll be no rest for the wicked
There's no song for the choir
There's no hope for the weary
If you let them win without a fight

Seigneur.

J'ai envie de sourire, de me moquer de cette foi dont elle fait son bouclier, ce pavois derrière lequel elle se réfugie dans l'espoir de me voir me faire humble devant ce divin qui n'est point, ce Dieu qui n'est probablement que  mensonge, fausse idole crée dans le but de faire taire les esprits faibles, d'empêcher les cœurs valeureux de rêver, d'espérer, de vouloir profiter d'une existence éphémère, de ces quelques décennies qui passent trop vite, que le temps pulvérise ; d'entre mes doigts, me saisir de ce crucifie qui danse contre sa peau, accroche la lumière, attire mes prunelles, se fait intriguant insignifiant auquel j'accorde mon attention, tandis qu'elle ose me mentir, prétendre n'être que victime, simple étrangère subissant l'ignorance d'un abruti, d'un homme aimant trop torturer ceux qu'il juge inférieur, ces êtres qui en ces lieux, ne sont rien de plus que des persécutés de plus, des martyrs que personne ne prend le temps de pleurer, que tout le monde préfère jeter ente les griffes de médecins et autres infirmières avides d'assouvir de bien laides pulsions, de donner corps à des fantasmes terriblement humains, si terrestres, de se vautrer un peu plus dans ces vices pour lesquels ils tentent tous de se pardonner le dimanche, à prier à genoux sur les pierres froides, sous le regard de l'autel, d'un curé, de ces saints et anges ornant voûtes et plafonds. D'un haussement de sourcils, j'exprime ainsi mon scepticisme, serrant les dents alors que déjà, je fais un pas vers elle, esquissant le début d'un geste, d'un mouvement me permettant de lui arracher ce collier qui valse dans le rien, au gré de son souffle angoissé, du rythme de sa poitrine se levant trop vite, de ce cœur sur le point d'imploser, d'en deux se scinder, prêt à lui gronder que je n'ai le temps de jouer, que contrairement à ses bourreaux, je ne suis point idiot, que sous sa peau, je la devine, cette magie qui souille ses chairs, cette essence qui en appelle à mes sens, qui se joue de mes appétits, aiguise mes envies de me frotter à ses secrets, à cette puissance qui pourrait me rendre la vie, un instant, fouetter mes sang, raviver mes nerfs, sortir de l'engourdissement éternel, ces passions perdues, abandonnées, sacrifiées aux pieds de celle qui n'est plus là pour s'extasier de ma déchéance, pour l'aimer, cette aigreur, cette peine qui dominent mon être, sont devenus maîtres de ma psyché, poisons auxquels je me suis accoutumé.

Tu peux mentir aux autres, sorcière. Tu peux jouer à l'humaine, te faire faible, aimer te complaire dans la médiocrité, dans la banalité mais à moi, tu ne peux cacher la vérité, trop longuement. J'en ai connu bien d'autres, des envoûteuses, des enchanteresses. J'ai écorché leurs dermes, trouvé l'ivresse dans leur sang et bien des mystères sur le bord de leurs lèvres. Je ne t'en voudrais point, tu sais. De posséder ce que je n'aurais jamais, cette magie qu'il me faut craindre, tenter de dresser pour n'avoir à en devenir l'esclave, le parfait outil dont un autre que lui pourrait abuser. Je ne la détesterais pas, cette nature que tu étouffes, au contraire. J'oserais peut-être te souffler de l'embrasser, d'en faire ta chance d'échapper à cet enfer puant le désinfectant et le désespoir des survivants.

Vers elle, j'ose faire un pas, feindre l'envie de l'intimider, de voir à nouveau fleurir à la surface de ses prunelles, terreurs et suppliques, vaines tentatives de m'adoucir, de faire à nouveau battre ce muscle inutile qui s'effrite en ma cage thoracique, quand je m'interromps, au mouvement discret de la plume, qui au sol, se met à rouler, poussée par l'inapparent, cet invisible que je scrute avec attention, sonde de mes iris qui ne sont plus que deux puits sans fond, à qui j'adresse un bas feulement, un avertissement sourd et cru qu'il se fait séisme pour mes os, contre son squelette, sa silhouette, terrible vague s'écrasant, s'échouant dans le silence, au milieu de cette désagréable impression qui s'éternise, se fait hôte indésirée et indésirable, spectateur que je ne parviens à chasser, qui pour se moquer de ma colère, de mon ignorance, de mon arrogance, fait se balancer l'ampoule au-dessus de nos têtes, fait naître dans la pièce, un courant d'air insaisissable, une brise charriant des fragrances aussi étrangères que familières, des parfums, odeurs qui saturent mes sens, me poussent à redevenir un peu plus cet homme que je fus dans ces bras, la première fois, cette carcasse fracassée par la faim qui se tordait, qui exigeait, qui voulait, qui ne songeait qu'à détruire, annihiler pour oublier douleurs et regrets, pour n'avoir à affronter les conséquences d'un amour qui n'était qu'arsenic. Désormais immobile, je tente de percevoir ce qui ne se révélera à moi, à la recherche de cette chose qu'elle invoque, de la silhouette de cette magie que suinte son être, vomissent les pores de sa peau souillée, empoissée par la crasse et la transpirations, par les mains de ses geôliers, de ceux que j'imagine de l'autre côté de la porte, à épier, espérer que j'arrache à celle qu'ils pensent possédés, cette folie qu'ils aimeraient tous pouvoir enfermer en bouteille, en fiole, capturer pour en faire nouvel animal à domestiquer, arme à façonner pour tourmenter les leurs, un peu plus, condamner cette humanité qui finira par s’entre tuer, s'entre-dévorer.

Tout est diffus, confus, comme ton esprit broyé, tes pensées fragmentées. C'est à l'image de ce qu'ils ont fait de toi, sorcière. Négligé, égaré, sur le point de s'effondrer.

En mes cheveux, je sens presque une main s'y égarer, de fantomatiques doigts s'y égarer avant que la lumière ne soit mouchée par l'explosion de l'ampoule, du globe en verre qui sème sur sa silhouette, bien des éclats tranchants, de mortelles paillettes qui ne semblent la déranger, qui ne parviennent à juguler ce hurlement déchirant qu'elle pousse, ce cri terrible qui me fait me raidir, haïr la venue de ce tourbillons de possibles, d'impressions, de vagues sensations qui emplissent soudain la pièce, viennent se faire paumes battant les courbes de mon être, terribles crocs me saisissant à la gorge, fourmillement désagréable simulant les vaines tentatives d'âmes échouées essayant de s'accrocher à mon être, d'arracher à mes lèvres, ces pardons et autres regrets que je laisse aux cœurs trop purs, aux candides et autres utopistes qui veulent croire aux secondes chances, qui ont besoin d'avoir foi en leur prochain, à ceux qui finiront par les trahir, par crucifier cette beauté qu'il m'arrive parfois de vouloir protéger, conserver, enfermer dans un écrin pour la contempler, m'émouvoir de cette chose qui devient si rare.

Dois-je m'émouvoir, me repentir pour ces crimes que j'ai commis afin, de survivre ? Est-ce cela que tu veux de moi, enfant de Lilith, fervente d'Hécate ? Que je tremble pour toi, qu'en cette chambre, je sois le malade et toi cette panacée que j'attendais depuis des années ? Oserais-tu, toi qui n'est rien ? Qui n'est plus qu'une femme rampant dans sa fange, putain de démons qui règnent en sa chair ? Voudrais-tu tant en finir que tu tentes de m'écorcher, de provoquer mon courroux ? Pauvre enfant. Tu aurais dû continuer à geindre, et là, peut-être, je t'aurais laissé aux perversions de tes médecins.

D'un pas lent, le menton droit, l'échine façonné par la curiosité, une envie prédatrice, je tue la distance nous séparant, venant face à elle, me planter, me pencher pour déposer mes deux mains au niveau de ses épaules, sur le dossier de cette chaise où elle repose, afin de lui imposer la vision de mes rétines frappées par le peu de lumière émanant du couloir, qui sous les fentes de la porte, se glisse, de manière à faire luire mon regard dans les ténèbres, à faire de mes yeux, deux éclats funestes qui dansent au milieu de son pouvoir, de cette magie dont je perçois la présence jusque sur ma langue.

« Que c'est laid de mentir, Mademoiselle. » ose-je ronronner, à quelques centimètres de son visage, pour son haleine qui vient fouetter mes lèvres, se faire simulacre d'excuses que je chasse d'un claquement de langue. « Tu les vois. »

Un sourire vient enlaidir mes lèvres, dévoiler ces crocs qu'elle ne peut percevoir, ces canines que je fais claquer non loin de sa bouche, tandis à son oreille, je viens souffler, que dans ses cheveux sales, s'égare mon nez.

« Que fais-tu venir à toi, hm ? »

J'hume à nouveau son parfum, frissonnant quelque peu alors que je me recule, non sans avoir de mes lèvres, effleuré sa joue, goûté au sel sur sa peau, à cette peur viscérale qui lui tord les entrailles, la réduit à la condition de simple corps prisonnier de mes envies, de mes caprices.

« Montre-moi. Montre-moi et peut-être, serais-je ce Diable sur ton épaule te protégeant de Weber et de ses archanges en blouses blanches. »

Laisse-moi pénétrer dans ta tête et tu verras, tu le regretteras bien vite, cet homme dont j'entends déjà les pas de l'autre côté de la porte. Ouvre-toi à moi et tu comprendras pourquoi en ce lieu, je suis Dieu.

Sur mon échine, se perd une main qui n'a de squelette, une paume audacieuse qui tente de m'attirer à elle, une fugace caresse que je renie, dénie d'un battement de cils tandis qu'à mes chevilles,  je perçois bien des doigts s'y perdre, se faire poids tentant de m'attirer dans les profondeurs de l'enfer lui-même, dans la gueule de ce Purgatoire qui n’accueille que les condamnés et autres pécheurs  qui de leurs vices, n'ont tiré que des plaisirs, la certitude d'être sauvé du courroux des cieux.

« Chante-moi ce que tu veux, et j'y penserais à ton fils, à ton sort, à ces lendemains qui pour l'instant, se ressemblent tous, ne font qu'une seule et même fatalité. Donne-moi la vérité et je te donnerais une raison de lutter, Annie. »

Son prénom dans ma bouche se fait sensuelle menace, obscène et indécente invitation à succomber aux doux accents de ma voix, à cette démence qui se tapie au fond de mes iris.

Prends ma main et sois mon Faust, cette pauvre âme qui se damnera à mes pieds, tentera d'arracher à mes paumes, cet espoir qui ne sert à rien.
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Sam 30 Oct - 18:47
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"Time is an abyss"
"Charcot, visitant à Gênes l’église Saint-Ambroise, s’arrêtait saisi à la vue d’une peinture de Rubens représentant une scène d’exorcisme. Il était frappé du spectacle que lui offrait la possédée, tableau criant de vérité et paraissant emprunté trait pour trait aux scènes convulsives qui se passaient journellement dans son service de la Salpêtrière."


-Non ! s’écrie encore la sorcière impuissante quand le chaînon du crucifix craque sur sa nuque.

Contrairement au nihilisme décadent qui caractérise les vampires berlinois, les pratiquants de l’Obeah remettent en Dieu leur foi et leurs pouvoirs. Dépourvue de ses amulettes, le Sauveur était la dernière protection qu’elle avait pour faire face à la barbarie de l’institut et aux malédictions qui ronge sa tuyauterie. Son cri, bien plus sincère que ses mots, laisse entendre toute la croyance qu’elle place dans ses talismans.

La silhouette imposante de l’impure créature obstrue la lumière de la lune, plongeant Annie dans l’ombre aveugle. La pointe d’une migraine lui transperce le crâne quand l’ombre du sinistre aristocrate se penche pour l’engloutir.
Sur ses cheveux poisseux, les paillettes de verres brillent comme un tapis d’étoiles.

« Je...ne...mens...p... » essaie-t-elle d’articuler.

Sa langue engourdie n’arrive pas à trouver meilleure défense. Comme si elle inspirait un gaz brûlant, tous ses muscles se paralysent sous l’effet hypnotique des pouvoirs du démon. Ni chaleur ni souffle, elle sent sur son cou le contact glacé du vampire en frissonnant. Sa voix monotone provoque comme des ondes magnétiques qui parcourent tout son squelette.
Le phénomène qui rend les vampires si puissants réside en leur capacité à domestiquer leurs proies intelligentes. Le même syndrome s’observe dans la nature chez les antilopes et les lapins qui, dans la gueule du fauve, abandonnent tout instinct de lutte. Toute la magie dont les vampires sont faits les transforme pour les hommes en ces obscurs et mortels objets de désir.
Annie enfonce ses ongles dans les bras du fauteuil, le souffle court.

-Att-attendez…, s’essouffle-t-elle, d’accord, d’accord, je vais parler… !

Prisonnière de ses bras et de son regard glaçant, elle fait tout son possible pour ne pas regarder ses yeux en se tordant le cou. Hélas, la proximité qu’il impose finit par l’y obliger. Dans la rétine noire de Ludwig se reflètent la peur panique qui agitent ses yeux bruns. S’enfonçant autant que possible dans le dossier, elle croit qu’il s’apprête à lui arracher une bouchée de chair.

-Je suis pas dingue, ses phrases sont entrecoupées de souffles ahanants, j’ai appris un peu de magie en Jamaïque...mais je respecte la loi, je m’en sers pas...je suis juste...coiffeuse.

C’est comme s’il s’imposait à son esprit, par coups violents, comme on enfonce la porte d’une chambre d’hôtel. L’esprit d’Annie est trop faible pour résister face à autant de maîtrise. Un coup d’œil suffit à la faire se reprendre.

-D’accord, d’accord, d’accord ! - , je suis initiée. Mais c’était un autre pays et...une autre époque !

Un hoquet de terreur vient conclure son argumentaire bancal.
Ses mains délicates et tremblantes saisissent doucement celle du vampire pour la prendre et quémander un peu de sa pitié, même s’il ne semble pas en être spécialement équipé.

-Pitié me dénoncez pas aux autorités, je veux pas qu’on m’pende...j’suis une gentille sorcière, vraiment, j’suis une bonne citoyenne, j’ferais ce que vous voulez..

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