Le Deal du moment :
Cartes Pokémon 151 : où trouver le ...
Voir le deal

Aller en bas
avatar
Invité
Invité

A night at the theater | w/ Abraham Van Helsing Empty A night at the theater | w/ Abraham Van Helsing

Jeu 12 Aoû - 11:19
99aeb07d129959730adc6e30b4a651ae55f12e43.gif 7b5e45d8c592ef73eeccc80de6851d19c6037147.gifv
A night at the theater

Être riche et vampire demande certains sacrifices. Parfois, il faut aller se mélanger à la population, aux humains et partager des moments avec eux. Quand Ludwig Von Offenberg avait demandé à Luisa d’engager la discussion avec Abraham Van Helsing, elle n’avait pas été ravie à l’idée. C’est qu’elle avait d’autres choses à faire que de s’occuper des affaires du fils d’un traqueur raté. Mais la Casati ne pouvait rien refuser au prince de la nuit et au baron. Il est facile de qualifier la marquise de folle, ou encore d’excentrique, mais elle est fidèle aux valeurs vampiriques portées par Dracula. Alors, s’il faut s’assurer que ce docteur est aussi insignifiant que son père, elle le fera. Elle soupçonne cependant Ludwig d’avoir cherché à l’occuper pour avoir la paix. « Luigi est malin, vous savez. » Un ricanement glisse entre ses dents pendant qu’on lui présente ses différents serpents. Avant de sortir, elle les fait amener sur des plateaux en or et prend celui qui ira le mieux avec sa tenue, et son humeur du jour. De son index, elle désigne la seule femelle parmi les mâles : « Roberta. » Alors qu’elle la fait passer sur ses épaules, la Casati sourit « Ce soir, c’est entre ragazze Roberta, on laisse les hommes à la casa. » Elle tend ses grands doigts fins à ses domestiques pour qu’ils mettent ses bagues, La Casati ne fait rien seule. Un dernier passage devant le miroir et la voilà en route pour le théâtre.

L’avantage lorsque l’on est une mondaine comme Luisa Casati, c’est que l’on connait du monde. Il n’avait pas été difficile pour elle d’obtenir une place à côté du médecin. Par un heureux hasard, il se trouve que le directeur du théâtre se retrouve parfois à être son amant. Quand ils ne s’agacent pas mutuellement.

La pièce jouée ce soir est l’œuvre d’un anarchiste. Bien qu’elle ne soit pas friande de leurs idéaux, la Marchesa leur reconnait un certain talent. Ernst Toller est d’ailleurs toujours en prison, ayant refusé la grâce du gouvernement bavarois contre lequel il s’était opposé. Il a refusé par solidarité avec les autres prisonniers. Cela avait bien fait rire Luisa qui s’était promis de l’inviter à Ermelerhaus à sa sortie pour en apprendre plus sur ces gens qu’elle ne comprend pas. Pour elle, l’anarchie n’a sa place que dans l’art, elle est même nécessaire pour toujours construire et remettre en question. Les artistes anarchistes ont une sensibilité qu’elle ne retrouve nulle part ailleurs. L’art est politique, cela devrait leur suffire. Mais ils ont besoin de plus. Ils ont besoin de renverser l’ordre pour mettre le désordre. Et cela, jamais Luisa ne le permettra. Elle sait très bien ce qu’ils feront d’elle s’ils arrivent au pouvoir.

Comme toujours Luisa Casati est en retard, et c’est William Shakespeare qui l’attend devant le théâtre de Berlin. « Ton retard est irrespectueux pour les acteurs. » Les yeux tournés vers le ciel un court instant, Luisa sourit à l’homme aux milles vies. « Amore, je leur aurais fait de l’ombre en arrivant à l’heure. » Dans un soupire, il lui ouvre les portes, chuchotant à son oreille sa place, ainsi que le rang. Dans un haussement de sourcil, elle se dit que le médecin n’a pas si mauvais goût. Un balcon. « Hé bien, on ne s’en fait pas. », Tel un éléphant dans un magasin de porcelaine, l’extravagante marquise monte les escaliers jusqu’au balcon où se trouvent quelques personnes, dont Abraham Van Helsing. Elle doit d’ailleurs jouer des coudes pour rejoindre sa place, butant parfois dans les pieds des spectateurs. « Scusa. » Elle s’arrête alors un instant, un sourire venant étirer ses lèvres à la lueur des lampes. « Ma che sorpresa ! » Le baron Von Loewenthal et sa femme se retrouvent à partager sa loge. Sans égard pour la pièce qui a déjà commencé, Luisa Casati prend des nouvelles, chuchotant à peine. « Et vos petits bambini, ils vont bien ? Si, si, je me souviens de votre fille, delizioso ! Enfin … Promis, je l’ai pas touché ! » Le couple noble rit avec elle, assez nerveusement quant à l’idée que la marquise Casati puisse se servir sur leur fille encore bien innocente. « Bene, bene, à tout à l’heure ! » D’un geste de la main, elle les salue, continuant son chemin deux sièges plus loin pour prendre place à côté de son objectif de la soirée. Dans un soupire d’aise, elle s’assoit, agitant Roberta sous le nez du médecin tout en chuchotant à son oreille : « Je n’aime pas beaucoup gli anarchici, mais je dois avouer qu’ils sont forte pour il teatro. »
 
PRETTYGIRL
Abraham Van Helsing
Abraham Van Helsing
Admin tea lover & Enfant d'Eve et d'Adam
Messages : 269
Date d'inscription : 23/12/2020

A night at the theater | w/ Abraham Van Helsing Empty Re: A night at the theater | w/ Abraham Van Helsing

Ven 13 Aoû - 16:51


A Night At The Theatre








Date

Avril 1921


Heure

20h00.


Lieu

Théâtre National de Berlin
Il faisait nuit noire quand on s'est approchés de la forêt, sur les traces d'un basilic qui a commencé à semer la terreur dans les forêts marécageuses non loin de Berlin. Dracula ne jugeait pas les quelques mots provoqués assez importants pour envoyer ses hommes, et les villageois vivant aux alentours étaient donc à la merci de cette créature terrifiante, tués soit par le souffle de la bête, si puissant qu'elle pouvait empoisonner quelqu'un qui l'aurait simplement reniflé, ou encore le terrible venin qu'il secrétait. Bien sûr; la nature de la créature n'était révélée que par les deux survivants en plein délire à cause du poison et que bien sûr, on ne croyait pas. On n'était en 1921, une ère de progrès et de science, et même dans les petits villages, les gens accusaient de moins en moins les lutins, les loup garous ou les kobolds, pour des solutions plus naturelles et scientifiques comme des plantes toxiques, des moustiques ou autres formes de maladie... Pourtant nous, nous savions que les créatures qui peuplaient les cauchemars des gens depuis des siècles existent, et d'ailleurs l'une d'entre elles s'est même révélée et domine une partie de l'Europe, et nous devions agir, pour ne pas laisser ces pauvres gens être décimés.

Avec une autre étoile, Karl, nous avons donc été envoyés sur les lieux du crime, arrêtant notre voiture sur un terrain sec et solide avant d'enfiler des bottes de pêcheur et chargés d'un curieux attirail pour qui ne serait pas au courant : un coq pour moi, une belette pour Karl, tous deux vivants bien entendu, et chacun d'entre nous portant un grand miroir en guise de plastron, dont l'attaque passait derrière notre cou et retenu dans notre dos. Pour quelqu'un de l'extérieur, nous étions totalement ridicules, au mieux on nous aurait pris pour des clows, au pire pour des échappés d'un asile... mais à cette heure tardive il y avait bien plus grave que notre apparence. Equipés de la sorte, les poches garnie de feuilles et fleurs de "rue" fraîche, nous cherchions la tanière de la bête. Cela nous prit une bonne heure, avec de l'eau vaseuse jusqu'aux genoux, avant de trouver un début de piste : plusieurs animaux sauvages étaient morts, raides comme des statues, et bientôt nous en trouvâmes de plus en plus, signe que nous étions sur la bonne direction. Et on finit par arriver devant un gros terrier, sûrement la demeure de la bête. Karl libéra sa belette et la fit entrer dans le terrier, car la belette est un des seuls animaux qui peut battre un basilic, et qui ne supporte pas son odeur, qui plus est. Quelques secondes après, des cris et des sifflements retentirent à l'intérieur.

Prépare toi, elle va sortir!

Posant ma lanterne sur une souche tout près pour avoir les mains libres, j'attrapai mon revolver chargé de balles en argent. Une seconde plus tard, la créature sortit dans un nuage de plumes, de crocs et de griffes, et je retombai en arrière sous le choc, le miroir se brisant sur mon torse. Par chance mes lunettes aux verres teintées étaient toujours à leur place, m'évitant de croiser le regard de la bête qui se jeta sur moi. Dans sa cage, le coq se mit à voleter et à pousser des cris aigus, ce qui la mit dans une rage folle pendant que je me débattais avec la bête. Heureusement Karl m'avait secondé et trancha la tête de la créature d'un coup sec qui s'effondra sur le sol, son sang fumant en brûlant l'herbe sur laquelle il tombait. Et sur ma jambe, malgré mon pantalon et les bottes qui montaient haut sur mes cuisses, m'arrachant un juron de douleur alors que je me débattais avec les vêtements pour dégager la plaie au plus vite et qu'ils n'y arrochent pas. A la lueur de la lanterne, de grosses cloques commençaient à se former mais heureusement, l'application des fleurs de rue, maintenues contre la plaie par un bandage serré apaisèrent un peu la douleur mais la plaie mettrait quelques jours à cicatriser totalement...

Le retour se fit en silence, boitillant dans ma botte, soutenu par Karl pour retrouver le chemin de la voiture, qui heureusement n'était pas loin... La belette eut droit à sa liberté pour services rendus, mais le coq repartait avec nous, et je laissai le volant à mon accolyte pour rentrer en ville, m'écroulant ensuite chez moi après avoir refait mon bandage.

Malgré mes engagements pour le Club, et avoir laissé ma volonté de restaurer le nom de mon père ainsi que de redorer le blason familial, je tenais quand même à profiter des joies de Berlin et de sa vie culturelle, c'est pourquoi, même blessé, je ne renonçai pas à me rendre à la représentation pour laquelle j'avais pris des billets de longue date et qui devait se jouer le lendemain. Et après avoir passé la journée au cabinet à clauquediquer ou me promener d'un bout à l'autre de la pièce sur un siège à roulettes, c'est aidé d'une canne que je suis monté jusqu'au balcon que j'occupais, quelques minutes avant le début. Ecoutant distraitement les musiciens s'accorder je parcourais le livret de la pièce, avant de le ranger soigneusement et sortir mes jumelles.

Sauf qu'au bout de dix minutes la porte de la loge s'ouvre, et un frisson d'indignation léger parcourut les convives, fâchés d'être dérangés en plein premier acte. Et c'est là que je la reconnus, celle dont j'ai tant entendu parler mais que je n'avais jamais rencontrée : la Casati, marquise excentrique et mécène prodigue de tout ce que Berlin comptait d'Avant Garde. Rien n'était trop beau, trop cher et trop extravaguant pour elle. D'ailleurs c'est...un serpent qu'elle porte? Oui, oui, c'est bien un serpent. Vivant. Et pour couronner le tout la voilà qui gêne tout le monde avant de commencer à discuter du bout de gras avec les gens assis juste à côté de moi. Vraiment? Mais si elle ne veut rien écouter de la pièce, pourquoi est-elle ici? Et je retiens un soupir de lassitude lorsque je comprends que telle une murène qui a repéré un poisson, la murène, c'est elle, et la place vide à côté de moi, le poisson. Par tous les saints non...

Elle se laisse retomber dans un tourbillon de foulards, de perles et de parfums capiteux, alors qu'elle m'exhibe presque son serpent sous le nez. Enfin madame, on ne met pas son serpent sous le nez des gens, c'est privé! Quel manque de savoir vivre, ces aristocrates qui pensent que parce qu'ils ont de l'argent, ils peuvent se dispenser de toute bienséance... Pourtant je me pare d'un sourire poli en faisant courir mon index sur la petite tête couverte d'écailles tendue vers moi.

C'est vrai qu'ils sont doués, on m'a dit beaucoup de bien de la pièce... J'espère qu'elle vous plaira...

Par chance elle comprend le message et se tient à peu près silencieuse jusqu'à l'entracte. Ma bonne éducation reprend le dessus et je me tourne vers elle après que les lumières se soient rallumées.

Alors madame la Marquise, comment avez-vous trouvé ces deux premiers actes? Personnellement j'ai beaucoup aimé, je trouve ça original et rafraîchissant...

Puis après sa réponse je reprends ma canne et me lève.

Veuillez m'excuser, je vais me chercher un rafraichissement.
La Marchesa & Abraham


_________________

Abraham Van Helsing
“Bien qu’innocent, tu dois expier les péchés de ton père.” Horace

avatar
Invité
Invité

A night at the theater | w/ Abraham Van Helsing Empty Re: A night at the theater | w/ Abraham Van Helsing

Jeu 19 Aoû - 16:30
99aeb07d129959730adc6e30b4a651ae55f12e43.gif 7b5e45d8c592ef73eeccc80de6851d19c6037147.gifv
A night at the theater

Il l’écoute sans l’écouter. Dépose ses doigts délicats sur la tête de Roberta, ce qui la fait sourire, toutes canines dehors. Le docteur est un charmant personnage qui sait parfaitement charmer, à n’en point douter. Pourtant, il lui cloue le bec assez rapidement, ne cherchant pas la discussion. Stronzo. Luigi ne lui a pas donné une tâche facile. Mais rien ne résiste à la marquise Casati. Elle délie toutes les langues, même les plus nouées.

Prenant son mal en patience, l’Italienne sort alors ses jumelles et s’accoude sur le balcon afin de suivre la pièce. Ses oreilles se dressent parfois lorsque le silence de la loge est brisé par quelques chuchotements à son égard. Un léger sourire se dessine sur ses lèvres, jubilant à l’idée de la crainte qu’elle peut instaurer.

Enfin, la lumière qui tamisait la pièce se fait plus intense, redonnant vie à la palette des couleurs chamarrant les tenues de soirée. Luisa Casati observe le parterre et les alentours, à la recherche d’une toilette plus somptueuse que la sienne. Fort heureusement, personne n’a osé. Il faut dire que s’habiller en Paul Poiret n’est pas donné à tout le monde. Beaucoup de femmes s’arrachent ces créations, très peu peuvent se targuer de les porter comme il se doit. La Casati peut aisément dire que tout lui va. Après tout, elle est parfaite, figée dans un corps de jeune femme. La réalité est tellement qu’elle se rapproche bien plus du pantin désarticulé, agitant ses grands bras partout autour, mais elle aime à croire qu’elle est au-dessus de tout commun. Mortels et immortels compris. Enfin, son voisin se décide à parler. Il arrive même à lui arracher un rire profond et sincère. « Docteur Van Helsini vous êtes un amusement ! » Replaçant Roberta sur son épaule, elle sort son éventail en plume de paon pour l’agiter devant son visage. Elle n’a pas chaud, simple question de style. « Moi qui pensais que la guerra attendrissait les hommes, pour vous, c’est original et rafraîchissant. » Haussant les épaules, elle sourit. Voilà un homme intéressant. Et puis, il se lève claudiquant avec sa canne pour aller se chercher à boire.

Dans une moue dubitative, la Casati s’enfonce dans son siège, se plaçant si bas que ses fesses se retrouvent sans assise. En un bond, elle se lève pour suivre sa proie. Elle arrive facile à jouer des coudes, personne ne proteste lorsqu’elle leur passe devant pour sortir plus vite. Il y a bien quelques soupirs, mais elle sait les faire taire d’un simple regard. « Docteur Van Helsini ! » s’égosille t’-elle à quelques mètres de lui. Visiblement, il ne semble pas l’entendre. Pauvre homme, si jeune et déjà sourd. « Docteur ! Raaah poussez-vous de là ! » La baronne Freiherr ne se décale malheureusement pas à temps et se retrouve propulsée contre la pierre froide du théâtre. « Vecchio uccello ! » Roberta resserre son étreinte autour du bras de sa propriétaire, certainement par peur d’être entraînée dans le tourbillon de la vie nocture berlinoise. Le cœur qu’elle n’a plus s’emballe lorsque la Marchesa voit la silhouette du médecin lui échappe peu à peu. Luigi lui a confié une mission, elle doit s’y tenir. Alors, à coup de grandes enjambées, elle parvient à le rejoindre et décide de mettre fin à son calvaire. Luisa Casati donne un grand coup dans la canne du médecin, la faisant rouler par terre, emportée par la foule qui n’est pourtant pas si dense que ça. « Oh c’est malheureux ! »Faussement peinée, elle passe son bras sous celui d’Abraham. « Laissez-moi être votre canne pour ce soir docteur Van Helsini. »Elle pose son doigt fin sur les lèvres de l’homme.« J’insiste. »

Dans un soupir de satisfaction, elle lui sourit. « Alors, comment vous avez fait mal à votre jambe ? »

En voilà une affaire rondement menée. C’est Luigi qui va être content.
 
PRETTYGIRL
Abraham Van Helsing
Abraham Van Helsing
Admin tea lover & Enfant d'Eve et d'Adam
Messages : 269
Date d'inscription : 23/12/2020

A night at the theater | w/ Abraham Van Helsing Empty Re: A night at the theater | w/ Abraham Van Helsing

Mer 15 Sep - 22:10


A Night At The Theatre








Date

Avril 1921


Heure

20h00.


Lieu

Théâtre National de Berlin
Dieu, pourquoi m'imposer cette épreuve ? N'ai-je pas hier soir encore, risqué ma vie pour sauver les gens habitant près du marais? Est-ce que j'ai failli? Est-ce que je me suis montré indigne de toi pour qu'en plus de ma blessure, ce petit moment de plaisir que je m'accorde, cette parenthèse que je m'octroie dans ma vie que j'essaie d'être la plus fidèle à tes préceptes possibles me soit refusé? Et que cette terrible marquise italienne fasse irruption après le début de l'opéra, dérangeant tous les spectateurs du balcon que j'occupe? Je me retiens de lever les yeux au ciel, étant un homme bien élevé dont la mère a inculqué avec soin les préceptes de politesse et de bien séance, mais je ne supporte pas les gens qui n'ont que faire de gêner les autres. Arriver en retard est quelque chose qui peut se concevoir, mais la moindre des choses est de faire profil bas, être le plus discret possible, de s'asseoir sans bruit et se faire oublier... Alors qu'elle... J'ai même du mal à réaliser avec quelle nonchalance elle s'installe et commence à discuter de tout et de rien au beau milieu d'une pièce que des gens ont payé pour voir, et que des artistes ont montée depuis des mois... Pourquoi venir ici alors? Et ne pas rester au Moka Efti, ou dans un des clubs mondains où la seule occupation est justement de bavarder autour d'un verre? Mais cela ne fait que confirmer tout ce que j'ai déjà entendu sur la célèbre marquise : c'est une mondaine. Et qui dit mondaine, dit organiser sa vie comme un spectacle dont elle est à la fois l'autrice, la metteure en scène, la costumière, l'accessoiriste et l'actrice principale, avec tous les projecteurs braqués sur elle. Arriver en retard, c'est pour qu'on la remarque, tout comme ses jacasseries, sa tenue, et le serpent qu'elle arbore comme un vulgaire objet à la mode autour de son cou... Et curieusement les mots de Baudelaire me reviennent à l'esprit même s'ils concernent les dandys, maintenant passés de mode "Le dandy doit aspirer à être sublime, sans interruption. Il doit vivre et dormir devant un miroir" et cela s'applique si bien pour la marchesa, à part qu'elle ne peut se voir que dans le regard des autres, les glaces lui étant interdites...

Mais je pourrais presque passer une bonne soirée malgré tout, faisant tout mon possible pour me concentrer sur les acteurs et leur texte, ignorant ses cancans, sauf qu'elle semble avoir jeté son dévolu sur moi, dans une partie de chasse dont je ne connais ni les tenants ni les aboutissants. Elle me colle même son boa sous le nez, et par chance je n'ai absolument rien contre les serpents, ils me fascinent même... mais son manque de savoir vivre et son absolu méprit des limites est surprenant et désagréable... Aussi je me contente de quelques paroles lapidaires pour lui faire comprendre que contrairement à elle, si je suis là, c'est pour assister au spectacle. Sauf que mon répit est de courte durée, et moi qui pensais fuir à l'entracte et grapiller quelques minutes de quiétude, voilà la coriace mondaine qui repasse à l'attaque à peine la bêtise de lui adresser la parole commise.

Je me fige lorsque, retournant dans le couloir plein de monde, et dont la foule se dirige lentement vers le foyer ou le café, j'entends sa voix haut perchée s'élever au-dessus du tumulte. Oh non. Je suis coincé. Tel un animal acculé je ne peux fuir, sous peine d'être clairement malpoli aux yeux du monde. Mais que me veut-elle à la fin? Prenant une seconde pour me redonner une contenance je me tourne lentement, affichant un sourire de façade.

Que se passe-t-il marquise, avez vous un souci?

Et avant de pouvoir répliquer, la voilà qui fait délibérément tomber ma canne avant de m'attraper par le bras et je me retrouve pris au piège. Il me faut rassembler la faible patience qui me reste pour ne pas récupérer ma canne, lui en lui donner un coup dans le sternum pour la transformer en cendres ou lui trancher la tête avec la canne qui y est cachée. Mais pour qui se prend-elle? Et que cherche-t-elle? Je serre les mâchoires tout en la toisant du regard alors qu'elle pose son doigt glacé sur mes lèvres.

Ma chère je me débrouillais tout à fait bien je vous assure. Surtout que vous devez avoir une armée de connaissances que vous deviez retrouver ici. Tout va bien. Je vais simplement aller me chercher une boisson et remonter. Nous nous retrouverons en haut.

Pourtant rien à faire, encore plus coriace que son boa et aussi froide que lui je la suis alors qu'on se dirige un étage plus bas, vers le comptoir devant lequel une foule se presse et derrière lequel le personnel s'efforce de servir au plus vite tous les clients présents.

La Marchesa & Abraham


_________________

Abraham Van Helsing
“Bien qu’innocent, tu dois expier les péchés de ton père.” Horace

Contenu sponsorisé

A night at the theater | w/ Abraham Van Helsing Empty Re: A night at the theater | w/ Abraham Van Helsing

Revenir en haut
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum