Too late to apologize ft. Abraham Van Helsing

"Too late to apologize"

Too Late To Apologize

Annie & Bram

☽ Nos entrevues avec le fils De Cosset-Brissac étaient devenues une routine régulière, une habitude même, que j'appréciais de plus en plus. Comme à chaque fois, à l'intérieur de mon automobile je quittais la route principale pour m'engager sur le chemin privé menant à son manoir, passant l'immense portail de pierre toujours ouvert et me garant sur les graviers de la cour d'honneur, accueilli quelques instants plus tard par son majordome qui semblait toujours accueillir avec un flegme légendaire les frasques de son patron. Puis s'en suivait l'examen rapide, les soins à ses blessures, avant que l'on passe une heure, voire deux, à discuter de tout et de rien : l'actualité de Berlin et du monde  la politique, l'art, les sciences... c'était un compagnon de conversation fort agréable et très cultivé, ce qui se dévoilait à moi petit à petit, laissant tomber l'apparence de mauvais garçon fêtard pour un être plus complexe et plus intéressant que sa simple réputation.

Et alors que je tentais toujours de gagner sa confiance, à la fois à la demande du Club mais également parce que je souhaitais vraiment pouvoir nouer une amitié sincère avec lui, j'appris que d'être dans ses bonnes grâces avait bien des avantages... comme le fait que ses soirées décadentes rameutaient le tout-Berlin sous son toit, arrosant ses invités de champagne français comme de cocaïne qui leur déliait la langue. En laissant trainer ses oreilles, c'était fou toutes les informations, tous les scoops qu'il était arrivé à me transmettre, que ce soit des potins mondains à base de coucheries et d'adultères, mais d'autres beaucoup plus importants comme des manoeuvres politiques, des projets de loi ou bien des malversations murmurées dans le creux d'oreilles qui n'étaient pas toujours en état de les entendre, et encore moins de les comprendre. Sauf que d'autres le pouvaient, et le faisaient, lui permettant de me glisser des ragots croustillants qui faisaient le bonheur de certains de mes contacts, au Club ou non.

Sauf que cette fois, ce n'était pas d'un ragot donc il voulut me parler, mais d'une jeune femme, qu'il avait rencontrée il y a quelques temps et qui était en quelque sorte tombée sous la coupe du monstrueux Ludwig, le bras armé de Dracula, le vampire le plus puissant après la Bête. Et cette jeune femme, une sorcière aux pouvoirs se rapprochant du vaudou, avait besoin d'aide. Le mot qu'elle m'avait transmis, griffonné à la hâte, suscitait plus mon inquiétude qu'autre chose et je devais agir au plus vite, à la fois pour les informations qu'elle serait susceptible de m'apporter sur Ludwig, ses pouvoirs qui pourraient également être utiles, mais surtout, parce qu'elle semblait en danger. Laissant retomber le billet dans la cheminée toujours allumée du manoir de Mathias, je lui promis que j'irai la voir et que je m'occuperai d'elle. Il sembla rassuré, content même que je lui fasse cette promesse et je partis peu après.

A l'heure dite je poussai les portes de la grande serre abritant les volières, chauffée pendant l'hiver pour permettre aux oiseaux et aux plantes déracinées de survivre dans le froid allemand. L'endroit m'étonnait un peu étant donné qu'au vu de ses inquiétudes elle aurait pu venir directement à mon cabinet, mais je n'avais aucun moyen de la joindre alors je me pliai à sa demande. Heureusement Mathias m'avait assez parlé d'elle pour que je la reconnaisse, une femme jeune de type exotique au visage émacié et aux traits montrant une grande fatigue. Je m'approchai, la saluai en effleurant les bords de mon chapeau, penchant légèrement la tête, avant de lui sourire.

Mademoiselle Brooke? Je viens de la part de notre ami commun qui m'a demandé de veiller sur vous. Je vous propose de venir avec moi jusqu'à mon cabinet afin que nous puissions parler en toute liberté et que je puisse vous examiner. Ce n'est pas très loin. Qu'en dites-vous? Sinon nous pouvons également aller au restaurant du zoo et partager un déjeuner tardif?

Elle avait l'air apeurée aussi j'essayai d'avoir l'air le moins menaçant possible, lui laissant l'opportunité de choisir l'option qui lui conviendrait le mieux..

Ⓒslyraven