Sous une nuit d'orage - Flashback - Hannah Wagner

Sous une nuit d'orage

“Sous l'orage, faut-il se soucier de son fardeau quand on en porte un, ou de celui de son compagnon ?”

Hannah Wagner &  @Aurelius Lehmann  ;

Voici un an que Hannah avait rejoint le village dans la forêt. Ou peut-être deux.
La vie ici n'était pas facile. Bien sur, les habitants avaient tout fait pour qu'ils se sentent bien... Et même sans cela, Hannah serait venue quand même.

Son mari était devenu un loup-garou. Quand elle l'avait appris, c'était comme si le ciel lui était tombé sur la tête. L'incrédulité d'abord. Le besoin d'avoir des preuves. Puis la réalisation. Aurelius avait disparu pour ne pas les mettre en danger, elle et les garçons, le temps de se faire à sa condition. Passée la gueulante de l'avoir inquiétée, Hannah et Aurelius avaient passé des jours à s'expliquer puis à tenter de reprendre la vie de famille là où ils l'avaient arrêtée.
Heureusement, les garçons semblaient s'être fait à la vie en forêt. Elle aussi.


Pourtant, ce soir-là faillit tout faire basculer. Pourtant, cette nuit n'était rien comparée à celle qui va les séparer.  Mais ça, ils ne le savaient pas encore.
Hannah avait raccompagné Edda. La louve, mentore d'Aurelius, était passée pour le diner. De la volaille avec des pommes de terres frites et une salade. Tout était parti. Retournant à l'intérieur dans l'optique de débarrasser la table, elle soupira en voyant Aurelius. Le pauvre avait les joues et le nez rouges mais le visage blanc comme un linge à cause d'une grippe qui l'avait cloué au lit pendant deux jours. Un des avantages de la lycanthropie, c'était que les maladies duraient moins longtemps... Mais elle faisait encore bien souffrir. Hannah conseilla, d'une voix bienveillante, à son mari d'allait se reposer dans la chambre.
Leurs deux fils vaquaient tranquillement à leurs occupations tandis qu'elle aidait Aurelius à se diriger vers la chambre conjugale, le soutenant lors d'une quinte de toux inquiétante, et le borda comme on le ferait avec un petit garçon. Après s'être assurée qu'il ne bougerait plus de là de la nuit, Hannah alla s'occuper de sa vaisselle.

Une heure passa quand un cri déchira le silence de la nuit. Manquant de faire tombé la vaisselle tout juste nettoyée, elle se précipita au chevet d'Aurelius. Dès qu'elle croisa son regard, elle su ce qui se passait. Il se transformait. Le mauvais temps avait caché le début de pleine lune. Aurelius lui demanda de mettre les enfants en sureté. Evidemment, encore ignorant de la nouvelle condition de son père, Jacob avait surgi, inquiet pour la figure paternelle. Aussitôt, Hannah prit son fils par le bras et l'éloigna d'Aurelius: Jac'! Viens ici! Par pur réflexe, elle ferma la porte et se précipita à la cave, seule pièce réellement renforcée de la maison puisqu'elle était sous-terraine, tout en prenant Karl par le bras. En fermant la porte: Ne bougez pas de là avant que je vienne vous chercher! Compris!? Comprenant l'urgence, les deux fils Lehmann secouèrent la tête positivement avant de disparaître sous le panneau de bois servant de porte. Une fois sure qu'elle ne pourrait plus s'ouvrir au moindre coup de vent, Hannah se leva.
Et se dirigea vers la chambre.
Oui, c'était une très mauvaise idée.

Une fois devant, elle tenta de calmer les battements paniqués de son cœur et ouvrit la porte. Aurelius? Son regard fut tout de suite happé par l'apparence lupine de son mari. Elle sourit d'abord. Toujours aussi fascinée par l'apparence de loup de l'homme qu'elle avait épousé voilà quelques années.
Mais elle déchanta très vite.
Ce regard. Cette expression. Ce n'était pas Aurelius. Non. C'était celle de la bête sauvage avec laquelle il était condamné à cohabiter au sein de son propre corps.
Avant d'avoir le temps de s'enfuir, le loup se jeta sur elle, tous crocs en avant. Elle ne du son salut qu'à ses réflexes. Elle porta ses bras devant son visage, dans une vaine volonté de protection. Et elle senti les griffes lui déchirer l'avant-bras. Le cri qui s'échappa de ses lèvres aurait pu glacer le sang de n'importe qui. Son dos entra en contact, violemment, avec le plancher tandis que le loup au-dessus d'elle, la maintenait immobile de force. Aurelius.. C'est moi! Arrête! Tu n'es pas dans ton état normal... C'était inutile. Edda le lui avait dit. Un lycan, dans cet état, était esclave de son loup. Le fait de ne pas avoir pu se préparer pleinement à la pleine lune et celui d'avoir été malade n'avaient rien arrangé. Elle senti un liquide épais, de la bave, couler sur son chemisier tandis qu'elle fermait les yeux, se préparant à la douleur. Elle espérait juste qu'Aurelius arriverait à se pardonner.
La douleur n'arrivera jamais.
Tout ce qu'elle eu le temps de voir fut une tornade rousse. Edda, dans sa forme de louve, venait de lui sauver la vie. Elle soupira de soulagement tandis qu'un sanglot menaça de venir la prendre pendant que les autres loups de la meute arrivèrent comme un seul homme. Ils se mettaient en position d'attaque pour défendre la femme d'un des leurs. Même contre lui-même.
Hannah fut prise en charge par les rares humains de la meute. Comme Hannah, Jacob et Karl, ils étaient venus habités ici quand un de leurs proches s'étaient transformés en lycan. Edda! Lâchez-le! Il n'était pas dans son état normal! Dit-elle alors qu'elle voyait, dans le regard du loup-Aurelius, que son humain avait repris le contrôle. Personne ne su si c'était à la demande de l'épouse, mais toujours est-il que Edda lâcha son protégé. La seconde d'après, il disparu dans la forêt. Elle savait qu'il lui faudrait du temps pour revenir et que, par sécurité, il ne le ferait qu'une fois sa forme humanoïde reprise.


Quelques temps plus tard, Hannah avait un large bandage, sentant les herbes médicinales, étalé sur l'avant-bras. Heureusement, loup-Aurelius, comme elle aimait l'appeler, n'avait pas mis toute sa force dans sa mâchoire. Elle aurait pu perdre son bras, lui avait dit le médecin. Une fois surs qu'elle allait bien, tous la laissèrent seule. Comme un automate, Hannah allait changer de chemise. Par éviter d'alerter ses proches, elle balançant sa chemise souillée de sang dans le feu de cheminée. Une fois prête, elle alla délivrer ses fils. Fils qui, dès qu'ils la virent, se jetèrent sur elle. Ignorant la douleur, elle leur rendit leur étreinte avant de leur annoncer l'heure du couché. Ce qu'ils firent après s'être brossé les dents sous la supervision de leur mère. Elle les borda avant de quitter la pièce en éteignant les lumières.

Une fois de retour dans la pièce qui leur servait de salon, Hannah s'affala dans le premier divan venu en soupirant.
Quelques heures plus tard, elle n'était pas encore couchée. Quelques heures plus tard, la porte d'entrée s'ouvrit. Son regard croisa celui de son époux. Elle sourit: Toujours vivante! Dit-elle d'un ton d'humour. Promis, dit-elle en se redressant et en plaçant sa main, par réflexe, sur son bras blessé. Prochaine fois que tu me dis de me cacher, je le fais.

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“Sous l'orage, faut-il se soucier de son fardeau quand on en porte un, ou de celui de son compagnon ?”

Hannah Wagner &  @Aurelius Lehmann  ;

Profitant du calme revenu, Hannah pensait aux derniers évènements qui l'avait amenée là, dans ce fauteuil, à profiter du silence de la nuit, uniquement interrompu par la pluie qui s'abattait à verse au dehors. Inconsciemment, elle repensa à ses mois où elle avait cru Aurelius mort.
L'horreur et la tristesse quand des officiers s'étaient présentés chez ses parents - il était de notoriété publique que Hannah Lehmann vivait chez ses parents avec ses enfants quand son mari partait rejoindre l'armée - pour lui annoncer la mauvaise nouvelle. A partir de là, des mois durant, elle avait vécu comme un robot pour ne pas sombrer. Elle préférait ne plus penser à rien. Puis, un jour, comme ça, d'autres personnes étaient venues. Pas des officiers cette fois. Des personnes qui avaient l'air parfaitement lambdas. Pour lui dire qu'Aurelius était vivant mais caché.
Bien sur, elle s'était méfiée. Elle n'était pas stupide. Mais voir la chaine en or qu'elle avait offert à Aurelius pour leurs noces de cire l'avait décidée. Son mari ne s'en séparait jamais.
Alors, elle avait suivi.
Dire que ce fut un choc de le revoir en vie dans ce petit village de forêt, elle n'avait même pas été surprise quand un de ses "frères humains" lui avait dit que l'endroit n'était pas cartographié, aurait été un euphémisme. Bien sur, en cohérence avec son tempérament (caractère de merde, comme lui dirait son taquin de frère), elle avait exigé des explications. 5 PUTAINS DE MOIS qu'elle se croyait veuve, qu'elle pensait son mari, son amour de jeunesse, mort. Vous seriez pas choqué vous?
Et pour bien mettre la crème supplémentaire sur le gâteau, elle avait aussi appris que son mari n'était plus humain. Plus.humain! D'accord.

Au seuil de la mort, il avait été recueilli par Edda, sorte de matriarche de la meute, qui l'avait transformé pour lui sauver la vie. Au début, Hannah avait été partagé sur cette femme. Autant elle était reconnaissante d'avoir sauvé son mari. Autant, une part d'elle, attachée à ses racines, lui  en avait voulu. Ce point s'était effacé quand on lui avait promis que, malgré le changement de nature d'Aurelius, elle et lui pourraient reprendre leur vie de couple, puis leur vie de famille quand Karl et Jacob pourraient les rejoindre.
Ne se voyant pas vivre sans celui qui était avec elle depuis son enfance, Hannah avait accepté. Bizarrement, bien que Aurelius avait semblé fou de joie de constater que son épouse voulait toujours le rester, il avait sembler à la dite femme voir un éclat de douleur dans ses yeux.

Ce soir, elle comprenait pourquoi.
Quand il revint, dans son plus simple appareil, trempé et couvert d'un mélange de terre et de feuilles, elle ne tiqua même pas. Elle ne se mit même pas en colère contre ce qu'il avait failli faire. A quoi bon? Il n'était pas lui même. Au fond d'elle, elle savait que son mari était incapable de porter la main sur une femme... D'autant plus si elle était celle avec qui il avait prêté un serment de vie ensemble. Non. Au lieu de se mettre en colère, elle fit de l'humour. Ce sarcasme eu le mérite de faire revenir Aurelius sur Terre puisque, la seconde d'après, il était à genoux, devant elle, s'agrippant à ses mains comme un noyé à sa bouée en réclamant son pardon. elle le serra dans ses bras, faisant attention à sa blessure sachant que Aurelius ne se pardonnerait encore moins si celle-ci venait à se rouvrir, et le laissa se calmer.

Une heure passa avant que les sanglots se calment. Le gardant dans ses bras, elle dit: Il n'y a rien à pardonner, Aurelius.Elle soupira: On savait tous que ce jour risquait d'arriver, Edda m'avait prévenue. Ce n'était pas pour rien que les loups de la meute avaient réagi si vite. Même si, sur le coup, Hannah les avait complètement oubliés. Ils savaient tous qu'Aurelius était malade, que la pleine lune allait surgir à l'horizon. Par sécurité, une poignée d'entre eux avait surveillé la maison.
Aux premiers cris, ils s'étaient précipités. Et un drame avait pu être oublié.
Cependant, elle préféra taire cette information. Du moins, pour l'instant. Si Aurelius savait que leur meute l'avait placé sous surveillance, il allait le prendre pour lui et se considérer comme indigne de confiance. Alors qu'il n'était seulement pas le premier loup à qui ça arrive. Edda le savait force de ses années d'expérience de lycanthropie.

C'est pour ça que tu avais l'air de regretter que je vienne m'installer ici avec les enfants? Une bombe. Elle avait balancé une bombe sur la fourmilière. Mais c'était le moment pour tout mettre au clair.

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Même si le couple avait été prévenu qu'il était normal qu'un Loup finisse par perdre le contrôle, il ne s'était jamais réellement dit que ça pouvait arriver. Cela faisait deux ans qu'ils avaient rejoint la meute, avec leurs enfants, et suivaient tout les cours qu'Edda leur donnait.
Une sorte de "comment vivre en harmonie dans la société quand on devient un loup une fois par mois".  
Puis, le temps était passé et Aurelius se contrôlait de mieux en mieux. Au point que la menace semblait loin. Que pour eux apparemment. Même si Hannah avait été mise au courant de la surveillance quand la maladie de son époux s'était sue, elle restait persuadée que cette précaution ne valait pas le coup.
Ha! Ha! Ha! Mort de rire!

"Tout ce qui est susceptible d'aller mal ira mal", disait-on! Ben, oui là, oui! Le lendemain, elle sentait que Edda n'allait pas se priver de leur balancer le plus magnifique "je vous avais prévenu!", histoire bien leur faire comprendre qu'elle savait ce qu'elle faisait. Enfin bref! Ne pensez pas à elle pour le moment.

Elle consola son mari comme elle pu. Puis, une part d'elle du se dire que c'était le moment parfait pour mettre les choses au clair. Aurelius ne lui en disait rien mais Hannah savait pertinemment qu'il regrettait qu'elle accepte de suivre ses compagnons jusqu'ici. Son mari s'en défendait, bien sur! Pour ne pas lui faire de peine, d'abord, et aussi parce qu'il avait du mal à laisser sa fierté de côté. C'est cette part de lui qu'elle vint titiller.
Et elle fit des découvertes.
Bien sur, elle n'était pas naïve et fleur bleue au point de croire que son mariage avait été bien vu par son ceux de son statut social. Une bourgeoise qui épouse un de ses domestiques, ça avait fait jasé à l'époque. Et elle se doutait que son père avait mis Aurelius à l'épreuve pour voir si il avait le courage d'aller jusqu'au bout de ses idées. D'ailleurs, Hannah et celui qui serait son mari en avaient touché quelques mots avant de se décider de dévoiler la réelle teneur de leur relation au grand jour.
En revanche.
L'italien? Il n'y avait qu'une seule personne qu'Aurelius avait, jadis, appelé de cette façon. Pourquoi tu parles de Dante tout d'un coup?
Dante était son ami d'enfance. Au même titre qu'Aurelius. Il faisait partie d'une famille italienne et noble. Mais si elle et lui étaient amis, Dante n'était pas du tout proche d'Aurelius. Bien au contraire d'ailleurs. D'où les jolis petits surnoms qu'ils se donnaient "L'italien" et "le domestique".

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La soirée avait été riche en rebondissements. Et si les loups-garous du village n'avaient pas décidé de monter la garde en apprenant l'état de santé d'Aurelius, elle aurait eu une fin tragique. En revanche, certaines révélations avaient été faites. Celle concernant le "regret" d'Aurelius quand à leur décision de venir vivre ici après avoir appris à maitriser sa nouvelle nature avec femme et enfants n'était pas une nouveauté pour Hannah.

Elle l'avait toujours su. Depuis toujours, elle avait su lire en son époux comme dans un livre ouvert. Même à l'époque où ils n'étaient que des amis.
Au fond de lui, il aurait aimé qu'elle croie toujours en sa mort et qu'elle aie refait sa vie, avec un autre. Loin des besoins que lui imposaient cette vit. Certes, la maison était confortable mais, contrairement à ce qu'ils avaient eu en ville après la promotion d'Aurelius, c'était autre chose. L'eau courante et l'électricité tombaient en panne un jour sur deux ici. Sans compter l'humidité ambiante à cause des bois environnants. Si le père Liddel avait eu vent des conditions dans lesquelles devaient vivre sa fille et ses petits fils, il serait arrivé tambour battant pour la ramener à la maison. Et de force si il le fallait!
D'ailleurs, son frère n'avait pas été en reste. Hannah adorait ce dernier mais il n'avait jamais compris pourquoi elle avait voulu devenir l'amie puis la femme du fils de leurs employés.

L'autre révélation fut - en parlant de mariage - en revanche, surprenante. Demande à ton père. C'est lui qui a planifié toute cette comédie. D... Dante n'est qu'un pion, que j'ai jeté hors de l'échiquier il y a des années. La soirée avait épuisante, douloureuse. Si bien qu'il fallait quelques secondes supplémentaires pour que la pièce tombe et que Hannah place les pièces du puzzle sur les bonnes places. Mon père a voulu que j'épouse Dante?! Deux minutes! Même si il avait été dur à convaincre - surtout à cause de la promesse de lui offrir un excellent train de vie -  son père avait permis le mariage actuel.
Mais il avait voulu qu'elle épouse son autre ami d'enfance à l'origine? Puis elle se rappela que ce pacte coïncidait avec la période durant laquelle Dante avait mystérieusement disparu. Du jour au lendemain, Hannah n'avait plus eu de nouvelles de lui. Tu as profité de l'absence inexpliquée de Dante pour me courtiser et convaincre mes parents de te laisser m'épouser c'est ça? Quelques minutes passèrent, dans un silence aussi long que limite angoissant, quand Hannah lâcha: je crois que j'ai besoin d'un verre. Elle ne buvait quasiment jamais, sauf quand elle était contrariée et choquée. Pourquoi personne ne lui avait dit cette histoire de fiançailles? Elle se leva pour se diriger vers leur armoire à alcools - encore sauve des évènements passés plus tôt - pour prendre un Amaretto, un de ses alcools forts préférés. Et italien en plus.  

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Hannah alla se servir une bonne rasade d'Amaretto. Elle le bu cul sec tandis que Aurelius, revenu de son propre choc, se releva de leur canapé pour argumenter en ces mots: Je t'en p... Prie ! Ne me dis pas que tu aurais voulu épouser cet homme ? Il n'a jamais rien fait p... pour toi ! Et tu l'as bien vu quand il a reparu. C'était à peine le fantôme d'un homme ! Hannah l'ignora, préférant s'alcooliser encore plus.
Dante et elle avaient été amis d'enfance. Leurs familles étaient amies et, dans leur milieu de l' "aristo-bourgeoisie" il était commun que les enfants fréquentent ceux des amis de leurs parents. Surtout si une des deux familles étaient plus fortunées que l'autre. Après tout, si cela pouvait donner histoire à une idylle, c'était incroyablement romantique !
Et ça retirait un brin de culpabilité à l'histoire. Celle qui concerne, justement, le fait que, dans leur classe sociale, on se mariait à celui que maman-papa avaient choisi pour nous.

Mais de ce côté, Aurelius n'avait pas à s'en faire. Si elle avait toujours apprécié Dante, voyant en l'italien un autre frère, jamais elle ne serait jamais tombée amoureuse de lui. Si il n'avait pas disparu, certes, ils se seraient mariés et, certainement, Aurelius aurait été prié soi de se faire profil bas - ouiiii, bien sur! - soi de partir - plus crédible! Dans le meilleur des cas, Dante n'aurait pas eu une épouse amoureuse mais une femme respectueuse... Déjà rien que ça, c'était bien. Heureusement, dans leur milieu social, bien qu'un certain patriarcat était présent, jamais on n'estimerait, en cas d'alliance, que "l'amour faisait partie du contrat".
Hannah aurait continué à voir Dante comme un bon ami et aurait mis au monde la prochaine génération des Uccello.

Cela ne s'était pas fait. Pourquoi? Parce que Dante était parti un beau jour. Sans donner signe de vie. Hannah avait beaucoup pleuré d'avoir perdu un ami de son âge, un des seuls qu'elle voyait en dehors du cercle familial. Aurelius l'avait consolé. Maintenant, elle ne pouvait s'empêcher de se demander si il ne tâtait déjà pas le terrain. D'ailleurs, quand est-ce que ce "contrat" avait été décidé? Ou, plutôt, "ces contrats"!
J'ai fais ça parce que je t'aime, je t'ai toujours aimé. L'Italien était un rival, rien de plus. Même s'il avait été là, je me serais battu pour pouvoir obtenir ne serait-ce qu'un seul de tes baisers ! Déposant son verre elle dit: ça pourrait être romantique dans d'autre circonstance... Mais là, j'ai plusieurs questions. Dit-elle, en se retournant, décidant que l'heure de se bourrer la gueule n'était plus d'actualité. Hannah n'était pas du genre à fuir. Premièrement, et c'est plus une remarque: c'est pour ça que vous vous entendiez pas! Plus qu'une remarque, une certitude! Hannah se rappelait de leurs jeux dans les jardins, leurs pique-niques sous le soleil et à l'ombre des arbres. Dante "taquinait" Aurelius en lui faisant porter les paniers de victuailles les plus lourds, entre autre, et ils se balançaient des piques qui allaient crescendo jusqu'à ce que Hannah les fasse taire d'une réplique bien sentie. Vous vous considériez déjà comme rivaux pour ma main à ce moment là! Impression d'avoir été prise pour une conne? Pas qu'un peu! Elle avait l'impression d'avoir été une de ces oies blanches totalement naïve du monde et de la réalité comme elle en lisait dans les romans à l'eau de rose qu'elle lisait adolescente, en cachette de ses parents. Mon frère était au courant? Et ces idées de mariage, elles ont été décidées quand d'abord?! Elle tâcha de se calmer, se sentant au bord de l'hystérie. Hannah n'avait aucune envie de s'énerver, ni de crier - malgré le feu dans ses veines - et encore moins de réveiller ses enfants.

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ça suffit! Dit-elle, manquant d'exploser le verre avec lequel elle avait bu son verre d'alcool. En temps normal, Hannah avait une haute tolérance à la boisson. Le genre à pouvoir s'enfiler 5 ou 10 verres d'affilée sans réellement ressentir les effets dans son corps.
Mais là, vu la soirée pénible qu'elle venait de passer, il fallait croire que son niveau de tolérance était à revoir à la baisse. Je viens d'apprendre une sacré information! Donc, merci! Mais j'ai besoin de digérer la nouvelle. Elle se demandait ce qui faisait le plus mal. La blessure qu'elle avait au bras et qui commençait à se rappeler à son bon souvenir. Le fait d'apprendre qu'elle avait failli être un pion sur un échiquier. Quoi? Répondit-elle quand elle demanda qui était au courant et si son frère l'était. Cela demande éclaircissement pour être sure que j'ai bien compris: c'est mon frère qui a proposé que j'épouse Dante? Mais il avait quel âge quand il a suggéré cette nouvelle? Hannah avait promise. Elle avait toujours cru être vierge de tout engagement quand Aurelius avait demandé sa main à son frère. Mais apparemment non. Tout comme elle pensait connaître tout les tenants et les aboutissants de leur propre mariage.
En soit très simple bien que vicieux: Aurelius Lehmann était tenu d'offrir à sa femme, Hannah Liddel, ainsi qu'aux enfants qui seraient le fruit de leur union le même niveau de confort que l'épouse a eu pendant sa vie de jeune fille. C'est d'ailleurs à cause de cet accord qu'Aurelius s'était engagé dans l'armée. Bien qu'il n'y avait pas de temps limite, il savait que le père de sa bien aimée serait assez "pointilleux" pour dire que sa fille devait divorcer et revenir à la maison si jamais, au bout d'un certain temps, son confort n'était pas celui espéré.
Aurelius n'avait donc pas de temps à perdre. Il aurait pu faire sa propre entreprise. C'était un battant, il avait une bonne culture... Le seul bémol était qu'il avait des difficultés avec l'écriture. C'est d'ailleurs Hannah qui l'avait instruit pour qu'il soit autonome.
Mais il n'aurait jamais eu le temps de faire fortune en si peu de temps. Fonder et faire prospéré son entreprise prenait beaucoup trop de temps.
En revanche...
Faire son service militaire ne l'était pas. En peu de temps, Aurelius s'était montré comme un membre clé de l'armée. Elle en avait eu la preuve quand, après son décès présumé, beaucoup de ses anciens camarades étaient venus lui apporter son soutien et regretter son départ.

A la réflexion, ils tireraient une drôle de tronche en sachant leur ami bel et bien vivant. Juste...Plus tout à fait humain.
D'ailleurs, Hannah aurait pu dire adieu à son humanité si Aure-Wolf avait décidé d'utiliser ses crocs au lieu de ses griffes ce soir. Heureusement que les autres villageois ont décidé de monter la garde après avoir appris qu'il était malade.

Le souvenir de Dante revint à elle. Elle fini par demander: Oublions que tu viens de dire "ce mariage lui faisait horreur"...Très flatteur, au passage! Mais... Concentrons nous plutôt sur un point: maintenant qu'on en parle, je peux savoir pourquoi vous vous détestiez au juste? La seule raison "valable" - bien que complètement débile - était que Aurelius était quasiment élevé avec les enfants Liddel.

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La soirée avait été riche en rebondissement.

Hannah commençait à se demander, avec ironie, qu'est-ce qui avait été le pire?
La transformation soudaine d'Aurelius en loup-garou? En temps normal, ils savaient pertinemment quand cette dernière avait lieu. Les nuits de pleine lune. Comme quoi, les livres sur les légendes surnaturelles avaient une part de vérité! Donc, en temps normal, ils pouvaient sentir venir la chose arriver et, dans ces cas-là, Aurelius s'isolait, avec les autres loups de la meute, pour s'éloigner au maximum du village et des quelques humains qui y vivaient. Des humains qui, comme elle, avaient tout plaqués pour suivre un ou des proches qui avai.en.t muté.
Au moins, cette soirée et sa blessure au bras, surtout, seraient un rappel constant que c'était une très mauvaise idée de rester dans le coin quand un loup-garou se transformait. Ce qu'Hannah avait vu...Ce n'était pas Aurelius, ce n'était pas cet homme qui la serrait de façon protectrice, ce n'était pas non plus ce père qui jouait avec ses enfants. Hannah blêmi brutalement en pensant à ce qui aurait pu se passer si elle n'avait pas mis leur fils en sureté.
Et comment Aurelius se serait retrouvé, seul, à son réveil et réalisant qu'il avait, de ses crocs et de ses griffes, mis fin à la vie de sa famille. Pour la première fois depuis qu'elle était arrivée, la jeune femme se demandait si elle avait bien fait de quitter le manoir Liddel pour venir s'installer ici. Quand elle avait accepté l'offre, Hannah n'était guidée que par ses instincts d'épouse et de mère. Son mari avait besoin d'elle. Et leurs enfants avaient besoin de leur père.
C'était le plus important... Le reste, elle s'adapterait et les garçons n'auraient pas d'autre choix jusqu'à avoir l'âge de le faire.


Ses nerfs étaient à fleur de peau. Elle venait aussi, et c'était le deuxième "pire" de cette nuit, qu'elle avait été promise à un autre avant qu'Aurelius devienne un candidat sérieux pour l'épouser. A vrai dire, Hannah ne s'était jamais posée la question. Elle sait juste que, un beau jour, elle a arrêté de voir Aurelius que comme un ami d'enfance et un des serviteurs de la famille mais comme l'homme avec lequel elle voulait construire quelque chose de durable. Naïvement, et ce même si il y avait eu un pari entre son père et Aurelius (celui où le premier ordonnait au deuxième qu'il avait intérêt à ce qu'elle garde son train de vie dans lequel elle avait eu ses habitudes), elle pensait que son désormais mari était le seul à avoir  "frappé" à la porte en demandant à l'épouser. Qu'il n'y avait eu personne d'autre.
Achète ta naïveté!

Encore fébrile - qu'importe! Il fallait qu'elle sache la vérité - Hannah demanda des détails. Oui. Ton frère voulait lui d... donner ta m... main pour l'éloigner de lui... Il le vou.. voulait pour lui Hannah. Mais ce n'était pas convenable, p.. Pas pour son rang. Il était nerveux. Il ne voulait pas la blesser. Il savait aussi qu'une Hannah en colère: c'était dangereux. Mais elle n'avait pas la force de se mettre en colère.
Alors son frère aimait les hommes? Pas que cela lui importait... Non, il restait son frère. Elle l'aimerait toujours. Mais elle n'aurait jamais cru, en revanche, qu'il se servirait d'elle pour tenter de l'oublier. Je récapitule, histoire d'être sure d'avoir compris: mon frère et Dante étaient...?Elle lia deux de ses doigts pour faire la mimique "ensemble". Et il voulait me faire épouser pour oublier ça? Dire qu'elle était ahurie serait un euphémisme. Et ben merci pour moi tout ça! Note pour plus tard: penser à mettre les choses au clair avec son frère pour lui apprendre que la prochaine fois qu'il se servira d'elle, ça sera main dans la figure!

Les domestiques voient et entendent tout. Elle pouffa en disant: oh! Cela, je le savais déjà! Elle se rappelle du temps où Aurelius, encore domestique de la famille, venait la trouver pour lui raconter les potins du marché alors qu'il revenait des courses. C'était drôle. Hannah aurait pu écrire un livre avec ce que lui disait le jeune homme.


Plongée dans ses pensées, elle n'entendit pas son mari s'approcher. Elle sursauta quand les bras de ce dernier vinrent la recouvrir en un geste protecteur. Hé... Calme toi ma puce, je t'en p... Prie. Tout cela ne change rien au fait que je t'aime de tout mon cœur. Tu le sais ? Elle sourit en fourrant son nez dans la poitrine d'Aurelius et en raffermissant sa prise. Il sentait encore l'odeur de la forêt. ça je le sais. Soupira-t-elle. Désolée pour mon coup de sang... La soirée a été riche en émotion. Puis elle prit un ton humoristique: Et tu m'as pas épousée pour oublier quelqu'un, c'est déjà bien. Aurelius l'aimait, il n'y avait aucun doute. Paris ou pas paris, Hannah l'aurait quand même épousé. Et si son père ne leur avait pas donné son accord. Je t'aime aussi...Si père ne nous avait pas donné son accord, je t'aurais proposé qu'on s'enfuit et qu'on s'installe ailleurs. J'étais prête à renoncer à un grand mariage si, au final, je pouvais vivre et mourir dans tes bras. Elle avait jamais été aussi romantique.
A croire qu'Aurelius lui avait refilé son rhume.

Papa, Maman? Hannah se tourna vers la porte qui conduisait au couloir qui menait aux chambres. Un de leurs fils était là. Aussitôt, Hannah lui demandait ce qu'il faisait debout. Je m'inquiétais pour toi et Papa. Il n'était pas le seul puisque le deuxième passa sa tête par l'encadrement de la porte. En forme pour une histoire du soir? Demanda-t-elle à son mari en levant les yeux vers ce dernier. Avec ce qu'il s'était passé, il était même probable qu'ils dorment tous dans le lit conjugal en mode "sardines dans une boîte".

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