Dante Uccello - Chasseur de vampires

 Qui aurait cru que les Uccello, grande famille de Vicomte d'Italie, puisse tomber aussi bas ? Dante a vu toute son existence basculer en l'espace d'une soirée. Né au pied du Vésuve, ce garçon au tempérament volcanique promettait de devenir un gentilhomme qui ferait fondre n'importe quel cœur, mais cela ne se déroula pas comme prévu. Alors qu'il était âgé de sept ans, Dante vit son père rentrer à la maison et ordonner aux domestiques de préparer leurs bagages. La petite main d'Olivia serrait celle de Dante lorsqu'ils s'éloignaient de la maison qui les avaient vu naître tous les deux. Dante vit les larmes dans les yeux de sa petite sœur et se promit de tout faire pour la protéger. Le garçon apprit bien des années plus tard que ce départ précipité était du à la tombée en disgrâce de son père, qui n'avait pas d'autre choix que de fuir l'Italie. Ils arrivèrent donc en Allemagne et furent d'abord logés chez un ami de la famille.
La transition entre une Italie ensoleillé, joviale et une Allemagne froide et triste fut difficile. Les deux enfants apprirent à s'adapter, sans pour autant parvenir à s'intégrer complètement. On riait de leur accent, on s'esclaffait devant leurs difficultés à apprendre la langue. Dante en voulu tout particulièrement à son père qui fermait les yeux, trop occupé à essayer de retrouver son prestige perdu. Leur mère était plus compréhensive, mais elle même souffrait terriblement de ce changement de milieu. La famille toute entière semblait avoir perdu toute joie de vivre.
Les années eurent cependant raison de la mélancolie. Dante et Olivia redevinrent de véritables soleils dans l'existence de leurs parents. A l'adolescence, il semblait que la puberté n'avait aucun effet négatif sur les deux Uccello. L'acné ? Ils ne connaissaient pas. Olivia était devenue resplendissante : ses longs cheveux noirs ondulés, sa taille fine et ses longues jambes en faisait soupirer plus d'un. Elle restait très proche de son grand frère qui, lui, dépassait maintenant leur père d'une bonne tête et avait gagné en assurance et en muscles. Les deux adolescents, épanouis, avaient retrouvé une existence stable et cela leur convenait parfaitement. Jusqu'à ce jour.

Il n'avait pas su la protéger. Assis contre le mur, tremblant comme une feuille, Dante avait regardé ce vampire mordre sa sœur et la vider de son sang. Il était resté immobile, pétrifié de peur, le regard figé dans celui d'Olivia qui, lentement, s'éteignait. Repu, le vampire avait laissé retomber le corps sans vie de la jeune fille et était parti, laissant Dante s'en sortir avec seulement quelques égratignures.
Il n'avait pas su la protéger. Ils rentraient du théâtre, seuls, insouciants, quand le vampire leur était tombé dessus. Dante s'était défendu mais n'avait rien pu faire.
"Tu n'as pas su la sauver !" Cette voix, c'est celle du Corbeau, hurlant sa haine alors que Dante se laissait aller au désespoir, peu de temps après les funérailles d'Olivia. Dante avait sursauté, surpris par cette voix. Ses parents, dévastés, n'avaient rien entendu. "Va tu laisser ces vermines les tuer eux aussi ?" La voix parlait encore, inlassablement, martelant l'esprit du jeune homme d'idées sombres et morbides. Il essaya de l'ignorer. Pendant presque un mois, il luttait contre l'emprise du Corbeau, et il crut bien devenir fou. Jusqu'au jour où il passa un accord avec lui : il le laissait prendre le contrôle de temps en temps, a condition qu'il cesse de le harceler. Le Corbeau accepta et, à l'âge de 17 ans, Dante enfila pour la première fois le costume du Corbeau. Ce fut cette année là que le Corbeau commença à s'entraîner dur, dans le seul et unique but de nettoyer le monde de la race des vampires. Quand on l'interroge sur le sujet, le Corbeau répondra :" je suis le médecin qui soignera le monde de cette infamie"

Les années passèrent, Dante devint vicomte à la mort de son père, mais ce fut tout. Pas de terres, peu d'argent. Il parvint à se constituer un petit pécule en investissant dans l'industrie automobile, ce qui permit au jeune vicomte et à sa mère de vivre confortablement. La maison était loin d'être aussi grande que la demeure qui l'avait vu naître, mais c'était suffisant pour deux. La mère de Dante avait depuis longtemps remarqué que quelque chose hantait son fils aîné. Elle l'avait surpris, plus d'une fois, debout face à la fenêtre, le regard figé. Mais ce n'était pas le paysage qu'il observait. Le Corbeau lui parlait. Moins intrusif qu'auparavant mais tout de même très présent.  Cependant, si sa mère se foutait de quelque chose, Dante parvenait avec brio à dissimuler sa double vie aux yeux du reste du monde. Il s'entoura d'une foule d'amis hauts placés, et, quand l'heure fut pour lui d'aller au front, il réussit à s'éloigner des premières lignes en obtenant un poste d'officier.
Cependant, il dut rapidement faire face à l'horreur de la guerre. Étonnement, pendant toute la durée du conflit, le Corbeau se montra très discret, refusant catégoriquement de prendre part à ce massacre. Ils affrontaient des hommes, enfin, pour la plupart, il était hors de question que le Corbeau se retrouve à tuer des innocents. Pourtant, pour la première fois de sa vie, Dante lui avait presque supplié de se battre. Les compétences du Corbeau auraient pu lui éviter cette affreuse blessure.
Cela arriva une nuit d'hiver. Les obus tombaient inlassablement, fauchant la pierre aussi bien que les vies des hommes. Dante suivait ses frères d'armes sur le no man's land. Il y eu un éclair, une explosion, puis ce fut le noir complet. Quand Dante reprit conscience, il était allongé dans un lit d'hôpital. Un obus était tombé et avait fauché leur équipe. Dante était l'un des trois seuls survivants. Blessé à la poitrine, qui avait été sévèrement tailladée par un morceau de métal, il avait eu beaucoup de chance. La convalescence fut longue, et la guerre était déjà terminée depuis plusieurs mois quand Dante put enfin reprendre une vie normale.

Seul dans sa maison depuis le décès de sa mère, Dante vivait en parfait gentilhomme. Le Corbeau, de son côté, attendait son heure. Dracula prit le pouvoir, les vampires assurèrent leur suprématie sur l'Allemagne. Dante et le Corbeau comprirent que le temps était venu de sortir de l'ombre. Pendant que Dante encourageait ses amis du Club Diogène, sans toutefois oser proposer son aide, le Corbeau frappait. Nombreux furent les vampires à avoir été pris par surprise par le vengeur et à finir en cendres ou avec un pieu dans le cœur. Quand ils ne mourraient pas, ils se retrouvaient dépouillés de tel ou tel bien, qui pouvait servir aux populations. Une sorte de Robin des Bois en quelques sortes, quoiqu'un peu sinistre. Peu à peu, la simple pensée de cet homme masqué au costume sombre en faisait frissonner plus d'un. Le Corbeau, naturellement, proposa son aide au Club, mais ne chercha jamais à le rejoindre complètement. Préférant s'entourer d'obscurité et de mystère, il fut néanmoins une aide précieuse dans bien des situations.