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Mathias De Cosset-Brissac
Mathias De Cosset-Brissac
Admin oiseau de nuit & Enfant de la magie
Messages : 69
Date d'inscription : 11/04/2020

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Ven 25 Juin - 18:57
Preys
Hiram&Mathias
Something is wrong, I can't explain
Everything changed when the birds came
You'll never know what they might do if they catch you too early
We need to fly ourselves before someone else tells us how
Something is off, I feel like prey, I feel like praying

Minuit n'a encore sonné que j'ai l'impression d'être déjà ivre, pris d'un vertige qui m'empêche de me soucier du regard de ces autres invités dont je sens les corps m'effleurer, de trop près, m'approcher, naviguant autour de moi sous la forme d'une masse dirigée par l'interdit, l'envie de connaître des plaisirs que le régime des immortels n'autorise, de flirter avec le danger, la possibilité de se voir arrêté, châtié par ceux qui n'ont été béni à la naissance par ces dons qui sont souvent une malédiction, par ces pouvoirs qui se mêlent et s'unissent en ce lieu où nous sommes rassemblés, afin de nous adonner à ce faux sabbat dont il n'émergera que des alliances éphémères, les promesses de trahison à venir, que de nouvelles rumeurs à répandre, à répéter, car depuis la montée au pouvoir des vampires, nous, sorciers, ne sommes plus que ça, que les héritiers d'une espèce décadente qui se laisse crever, qui attend, qui accepte d'être dominé, pris dans une lutte, une énième guerre qui n'est point sienne. Une coupe entre les doigts, c'est le regard voilé par la fatigué, par une certaine forme de lassitude que je vogue au milieu des convives, que j'accepte les regards torves et autres murmures audacieux qui me sont adressés, que je me laisse dénigrer par ces détracteurs qui n'osent m'approcher, venir au moins prétendre reconnaître mes talents, apprécier ces légendes et autres mythes que l'on brode autour de mes exploits au front, de ces massacres commis au nom d'une république qui n'a su épingler sur mon torse mutilé qu'une médaille aujourd'hui clouée au-dessus de ma cheminée, sur laquelle j'ai tant craché, entre deux sanglots, deux cauchemars, deux folies passagères, deux accès de démence qu'aujourd'hui je regrette, qu'en cette nuit, je vénère presque, alors que dans la foule, je ne suis qu'un énième égaré, un invité qui profite de l'allégresse, de l'ivresse, du chaos crée par le brouhaha des conversations mélangées, de cette musique crée par des instruments enchantés, d'une voix cristalline émergeant d'un assemblage savant de cristaux et autres pierres précieuses.

Cela m'irait, en fait, de disparaître ainsi, d'être dévoré par ces vies qui se font autour de moi, par ces destins qui se brodent sans que je n'ai d'influence sur la venue de cette fatalité qui finit tous par nous rattraper. Je n'aurais pas le moindre remords, si elle devait venir en cette nuit, cette mort qui s'en fout bien des désirs des hommes, des espoirs de ceux qui luttent jusqu'au dernier instant, qui y croient, même lorsqu'il ne reste plus rien. Je serais étonnamment sage, docile. J'aurais même l'audace de lui dire que j'ai tant patienté, tant rêvé de cet instant.

C'est pour un feulement familier que je reviens à moi, pour le grognement agacé de l'une de ces roses animées, façonnées par mon pouvoir qui fleurissent sur les pans de mon costume, se concentrant au niveau de mes pectoraux pour mieux s'étendre le long de mes bras, se faire meute de fleurs pourvus de crocs et d'une langue bien acérée, nuée, essaim doté d'une volonté capricieuse, d'un caractère semblable à celui d'un immense félin courroucé, d'une panthère prête à bondir sur une proie qui n'a idée d'être épiée, observée ; venant ainsi, du bout des doigts, effleurer les pétales de l'une de mes créations, qui à mon contact, se calme, se fait chaton qui ronronne, petite chose venant chercher le confort de ma paume, de mes phalanges, se faire jalouses petites créations qui ne supportent que l'on puisse de trop près m'effleurer, vouloir accaparer mon attention, m'arracher à cette lente et douce destruction à laquelle je m'adonne, une coupe de champagne après l'autre, à ces baisers empoisonnés que je vole à cette cigarette à moitié consumée, à ce tabac qui disperse autour de moi, une aura opaque, un voile à la blancheur faussement virginal que je ne prends la peine de chasser, de dissiper du moindre geste de la main, préférant m'y égarer, m'y dissimuler pour mieux l'observer, cette foule agitée, excitée par les possibles, de ce qui pourrait être décidés sans l'avis des vampires, des ces éternels qui désespèrent de nous savoir encore libres ; jusqu'à percevoir une voix aux accents familiers, aux intonations si particulières que j'en esquisse un sourire, les pistes, pour le trouver, le grand amoureux de la scène, des louanges et autres compliments que l'on pourrait déposer au creux même de son oreille, cet ami que j'approche avec la grâce d'une concubine, en roulant des hanches, en poussant avec plus ou moins de délicatesse, les membres de sa petite cour pour m'imposer à lui, débarquer au milieu de l'une de ses légendaires démonstrations avec cet air mutin qui me va si bien, accompagné du ronronnement des mes félines, de ces roses qui se tournent toutes vers lui pour lui dévoilent crocs et langues râpeuses.

« Hiram. » ose-je clamer, prononcer avec ce ton qui donne l'illusion seulement que j'ai l'audace de le gourmander, de lui reprocher de n'être venu me trouver au milieu des invités. « Je savais que tu ne raterais pour rien au monde la possibilité de faire le beau devant quelques sorcières désœuvrés mais je pensais que tu aurais la décence de me proposer de t'accompagner. »

Du bout des lèvres, j'arrache à la braise une plainte bien discrète, un râle d'agonie qui se meurt dans ce sourire que j'esquisse.

« Cela fait longtemps, dis-moi. »

Juste assez pour que je ne sois certain de me souvenir de ma dernière gueule de bois en ta compagnie, pour que je doute même d'être venu chez toi, d'avoir été là, avec toi.

Autour de moi, je perçois sans peine la grogne de ceux et celles qui l'accaparaient jusque-là, qui pouvaient se délecter de la beauté de son don, de sa dextérité, et qui désormais, se doivent de murmurer bien des horreurs à mon sujet, de rappeler à ceux qui feignent l'ignorance, que j'ai dans les veines et la chair, un pouvoir bien plus laid, un don qui répugne, qui est à l'origine de ces chimères qui parent le tissu précieux de mon costume, qui osent venir feuler contre les doigts des inconscients qui pourraient vouloir les caresser sans mon consentement, qui dans l'air, sifflent, fredonnent, ô combien je suis inatteignable, qu'en cette nuit, je suis cette vénéneuses aux épines mortelles, cette fleur qu'il n'est possible de cueillir, que l'on ne peut qu'admirer et craindre, rêver de posséder et regretter de la désirer. Seulement, indifférent à la contestation de ceux que je chasse d'un regard, d'un battement de cils bien hautain, je ne cesse de minauder face à lui, allant même jusqu'à poser le bout de mes doigts scarifiés par des années de pratique, par une vie à naviguer entre les tranchées, au niveau de son sternum, de ce cœur que j'imagine battre avec vigueur.

« Tes soirées m'ont manqués. Et il me semble que je n'ai pas eu le plaisir de te voir aux miennes. »

Par pure envie de la provoquer, de me jouer de lui , de tester sa patience, j'esquisse une moue faussement boudeuse, une grimace enfantine qui me fait un peu plus rajeunir.

« Serais-tu fâché ? Ou est-ce parce que tu as trouvé un meilleur compagnon de vice ? »

Sans vraiment lui laisser la possibilité de répondre, de se défendre, de trouver des excuses que je n'ai envie d'entendre, je reprends, cigarette au bout des doigts, ma main, elle, venant lisser les pans de sa tenue.

« Tu as de la chance, je te pardonne. »

Parce que je n'ai le luxe de t'en vouloir, de prétendre ne point comprendre pourquoi tu pourrais vouloir m'échapper, t'éloigner de ma personne, de mes travers, de mes manières, de cette envie que j'ai de vouloir y passer, de sans cesse flirter avec le mal-être, les scarifications, ces ivresses qui un jour m'emporteront. Mais ne m'en veux pas. Pardonne-moi cette folie encore un peu, prétends au moins me supporter juste assez pour me voir chuter, crever comme le font tous ces princes désargentés, ces âmes mutilées par la laideur de ce monde.

« Alors ? Veulent-ils déjà tous que tu viennes leur enseigner tes secrets ? J'espère que tu te vends à prix d'or. La moitié d'entre eux ne valent même pas la peine de partager le même air que nous. » souffle-je alors qu'à ses côtés, je viens m'installer, incarner ce terrible gardien qui dissuade, ce fauve se prélassant dans l'aura du respectable sorcier. « Tu perds ton temps,  si tu veux mon avis, mais au moins, le champagne est bon. »
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Dim 11 Juil - 2:56
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lemont10.jpgHiram Leibovitz
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Une soirée telle que celle ci, Hiram n'en voyait que rarement. Les gens d'ici étaient habitués à de petites réceptions qui n'avaient que pour seul intérêt de réunir les grands noms de cette jeune République... Mais elles étaient d'un ennui. En revanche, celle ci... C'était tout autre chose. Tant d'extravagances, tant de folies, l'amour du jeu et de la célébration s'alliait à merveille avec l'art solennel de recevoir chez soi. Tout ici n'était que sourire, joie, rires. Hiram, verre à la main, ne savait plus où poser les yeux. Il savait déjà, bien avant d'entrer, que cette fête était belle et bien à l'image de l'hôte et de l'homme du jour. Son ami, Mathias. Un jeune homme tellement... Spécial... Et que Hiram adorait plus que tout. Lui seul pouvait comprendre ce qu'il ressentait, lorsque lui même organisait de splendides réceptions, où l'alcool coulait à flot. Il n'y avait que ainsi qu'il pouvait se sentir vivant, en étant extravagant. En ce moment même, Hiram le cherchait des yeux, cet homme qu'il estimait tant. Lui aussi avait un gout prononcé pour l'exotisme, et il était curieux de voir si sa hyène se portait bien. Il avait tout d'abord haï cette bête, la trouvant repoussante comme bien des gens, mais, au fil des rencontres avec Mathias, il avait autant appris à apprécier l'animal que son propriétaire et, ce soir là, il avait apporté un cadeau aux deux : un splendide collier pour la hyène et une bouteille d'un excellent cru pour l'homme. En espérant que, d'ici qu'il parvienne à le trouver, il n'intervertisse pas les cadeaux. Hiram imagina, avec un grand sourire aux lèvres, son ami portant le collier aux motifs bariolés et il retint un rire qu'il dissimula sous une gorgée de vin.

Soudain, une voix l'interpella. Hiram tourna la tête vers l'origine de la voix et croisa enfin le regard de l'hôte de la soirée. Il le salua avec une solide accolade. Mathias le gourmanda, avec ce petit air qui lui allait si bien, et lui reprocha de ne pas lui avoir proposé de l'accompagner pour aller courtiser quelques sorcières. Le sorcier, sourire aux lèvres, passa un bras autour des épaules de son ami et lui répondit, sur un ton taquin : Je te cherchais justement pour ça, mon ami. Je m'en voudrais de ne pas te laisser quelques beautés, même si elles auront du mal à résister à mon irrésistible charme pour tomber entre tes bras. Hiram laissa échapper un rire lorsque Mathias laissa échapper un râle plaintif. C'était tout lui ça.  Hiram estimait de loin que le jeune homme était de loin sa meilleure rencontre dans ce pays gouvernés par de froids vampires. Il était tout d'abord un sorcier, un confrère d'Hiram, bien que leurs domaines de compétences soient différents, mais ce qui les avait rapprochés, c'était leurs caractères si similaires. Les deux hommes s'étaient naturellement trouvés, et ne se quittaient que rarement, surtout lorsqu'une fête était organisée. Mathias était le premier à figurer sur l'immense liste d'invités des fêtes d'Hiram, et c'était sans doute réciproque, même si Mathias devait avoir de son côté bon nombre d'amis tels qu'Hiram. Lorsque Mathias lui dit que cela faisait longtemps, Hiram répondit, tout simplement : Beaucoup trop. Rappelle moi de t'inviter plus souvent chez moi, on ne peut guère profiter de toi lorsqu'on est entourés de centaines de personnes.

A ce sujet, tout en posant le bout de ses doigts sur son sternum, Mathias lui dit que ses soirées lui avaient manqué, et qu'on ne voyait guère Hiram aux siennes. Il lui demanda aussi s'il était fâché, ce qui arracha un rire à Hiram qui, tout en posant une main sur la joue de Mathias, sur un air faussement câlin, il lui répondit, avec ce même petit air taquin : Je suis désolé, mon ami. J'ai eu un emploi du temps de Ministre ces derniers temps. Mais ta hyène et toi m'avez manqué, je ne pouvais pas attendre plus longtemps ! Il attrapa son ami par l'épaule et s'éloigna avec lui de cette troupe d'admirateurs qui ne cessaient de l'accaparer depuis son arrivée à la fête. Bon nombre de regards jaloux se tournèrent vers Mathias, et Hiram se dit, avec fierté, qu'il était tout de même suffisamment célèbre pour pouvoir attirer la jalousie sur les rares personnes qu'il considérait comme ses amis. Ils s'installèrent, à l'écart, et Hiram en profita pour lui offrir ses petits cadeaux, autant pour s'excuser de son absence que pour remercier son ami d'avoir organisé cette splendide soirée. S'installant tel un seigneur, Mathias lui demanda si ses admirateurs tentaient de lui arracher ses secrets, et acheva sur le fait qu'Hiram perdait son temps, car tous ces gens ne méritaient pas de respirer le même air qu'eux. Tout en souriant, Hiram but une gorgée d'une flute de champagne qu'il avait attrapé en passant. Son ami avait raison, la boisson était succulente, il avait du payer la bouteille une petite fortune. Mais cela, Mathias pouvait se le permettre, car l'argent n'était pour lui qu'une simple formalité. Hiram répondit alors : Ce ne sont peut être que de petites gens, mais ils remplissent les salles de spectacles, mon ami. Il faut bien faire quelques sacrifices pour se maintenir au sommet. Mais parle moi de toi, que deviens tu depuis notre dernière rencontre ? Je vois que tu ne chômes pas.
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Mathias De Cosset-Brissac
Mathias De Cosset-Brissac
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Jeu 12 Aoû - 17:24
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Tu es trop bon, à aimer ainsi l’attention qu’ils te donnent parce que de toi, ils attendent des faveurs, ces miracles qui devraient les épargner, les sauver de la fatalité, de la réalité. Aveuglé par ton besoin d’être aimé, adulé, tu acceptes la médiocrité, te baignes dans les mensonges et autres contrefaçons qu’ils te murmurent, ces opportunistes qui ne rêvent que de cette couronne que tu portes, de te voir chuter pour à ta place, trôner, être enfin puissants, digne de régner trop peu de temps. Tu te fais saint pour le regard de ceux qui se refusent à m’approcher, aiment souffler que j’ai dans les veines, le plus laid des dons, l’essence même d’un art qui devrait être interdit, banni par eux et ceux assez fous pour les écouter. Tu as cette patience pour eux, cette amour que je ne comprends pas mais que je t’envie, Hiram, que j’aimerais te dérober le temps d’une journée, être consumé par la gloire, l’impression d’être immortel, éternel.

D’un sourire seulement, je prétends détester son accolade, haïr cette familiarité qui en réalité, parvient à chasser la morosité de ma chair, les relents de cette drogue devenue nécessité, les fragments d’une douleur persistante, d’un mal que l’alcool endort de plus en plus difficilement, peine à réellement tuer, à occulter, pour contre lui me faire doux, presque suave, laissant les fleurs à la surface de mon costume, ronronner à cette attention, venir se lover contre les les courbes de son être, se faire minets et autres félins trop heureux d’être soudain le centre du minuscule univers que représente cette soirée clandestine, ce sabbat interdit, la raison de ces murmures qui montent autour de nous, de cette clameur étouffée provenant de es hôtes qui m’en veulent de leur dérober le grand animiste, ce sorcier avec qui ils aimeraient tous se lier, dans l’espoir d’enfin, connaître la grandeur, la réussite, d’effleurer du bout des doigts, ce talent qui ne s’apprend point, qui n’est le privilège que de certains. Sous l'ombrage de sa grandeur, de cette réputation que je ne lui envie point, je m'abrite ainsi, me fait presque petit contre cet ami qui me pardonne ces rumeurs que l'on colporte à mon sujet, qui ne m'en veut point d'être faible, d'être la putain de tentations qui ne parviennent à l'atteindre, qui dans son ombre, en viennent toujours à crever, se laisser mourir, à devoir ramper vers des proies telles que moi, des cadavres animés par l'énergie même d'un désespoir qui fait peur à voir, d'une détresse qui en cet instant, vient transpercer mes vertèbres, se faire dague se logeant au creux même de mes côtes, de cette cage thoracique qui se meut péniblement, semble, à la moindre inspiration, être sur le point de se briser, de rompre, céder, en fragments infinis, exploser. D'un silence, j'ose me draper, lui échapper, tandis que le temps de quelques battements de cils, je me fais enfant terrible, sale gosse qui refuse de s'assagir, môme insolent qui foudroie de ses iris ceux qui déjà me fuient, murmurent excuses et mensonges à l'animiste, prétendant avoir d'autres verres à vider, d'autre invités à faire prisonniers de leur médiocrité, de cette fade chose qu'est leur personnalité, allant même jusqu'à feindre un rictus qui ne dure pas, oser une provocation que je ne parviens à rendre immortelle, qui trop vite, s'en vient à crever, pour ce murmure qui est mien, cette douceur que je n'ai que pour ceux qui pensent que je vais bien, qui ne veulent encore voir que je suis sur la fin, qui se bercent de l'illusion que tout ceci n'est qu'un caprice de plus, un simple instant perdu dont on rira tous une fois l'ivresse chassée, la sobriété retrouvée.

« Tu es trop doux avec eux, trop prompt à pardonner ce qui devrait être châtié, puni de la plus terrible des manières. »

Sur le plateau d'un serveur passant non loin de nous, j'abandonne ma coupe vide, libérant mes doigts pour mieux venir effleurer les pétales de mes petites créations, de ces félines colorées qui ne cesse de montrer les crocs, de se laisser porter par le brouhaha incessant de ce rassemblant, par les chuchotements impatients de la foule, la valse bruyante et incessante des corps qui s'effleurent, se trouvent avec plus ou moins d'adresse, se mêlent, pour ne former pour mon regard enivré, qu’une fresque abstraite, une galaxie de formeurs, d'odeurs, de teintes qui se chevauchent, ne forment plus qu'un, esquisse la courbe d'une constellation qui s'imprime sur ma rétine, dont la silhouette seule parvient à me faire vaciller, un instant oublier que je vis, que je respire, que dans ma poitrine, se serre, lui qui n'est plus que muscle atrophié, piqué, bardé par le plomb et le verre, lui qui n'est plus bon qu'à vomir dans mes veines, un sang vicié, poissé par la souffrance, la culpabilité, par les relents de crimes que je m'efforce d'oublier, que je prétends être ceux d'un être qui n'est plus, d'une ombre possédant mon visage, d'un jumeau que je ne rencontre que la nuit, au sein de ses cauchemars auxquels j'échappe en m'enivrant, en tuant ma raison, en me noyant dans les opiacés et autres drogues capables d’assassiner mes pensées. Trop longuement, je m'égare ainsi, m'oublie, puis me retrouve, quand sur mon cou, je perçois l'attention impatiente d'une des fleurs habillant mon costume, l'ourlet frais d'un pétale tâché par le passage de mes doigts, par les plis d'un tissu inerte, de mon corps se tordant pour mes gestes, pour le simple fait de cette respiration qui est mienne, revenant au cœur du réel avec peine, soupirant presque, prétendant que tout ceci n'est rien, que je m'en fous bien, des regards de biais, des insultes que l'on s'échange entre deux verres, des rumeurs, de ces laides histoires que l'on conte à mon sujet, de ces crimes dont on m'accuse et que l'on érige au rang de vérités parce que je n'ai point l'envie de les démentir, de prétendre me soucier de ces prophéties qu'ils tissent, ceux qui aimeraient me voir chuter, être dévoré par cette laide chose qui hante ma chair, par ce don capable de mettre au monde, ces abominations qui ne devraient émerger de l'esprit d'un homme, qui aux enfers, devraient rester.

« Ils te pardonneraient, tu sais. Si tu en venait à leur en vouloir, d'ainsi chercher à profiter de tes talents, de ta gloire, d'être là, à espérer que tu veuilles bien partager ton savoir. »

Sur mes lèvres, se glisse un sourire bien frêle, l'ombre d'un rire que je ne parviens à expirer, qui en vient à s'éteindre, à être dévoré par l'agitation dont nous sommes prisonniers, cette effervescence qui se fait allégresse, presque démence, tempête au milieu de laquelle, nous nous trouvons.

« Vraiment. Tu es quelqu'un de trop bien pour ce monde. »

Au cœur trop intact pour en ma compagnie, trouver ce que tu y trouves, toi qui devrais comme les autres m'en vouloir d'être ainsi né, de ne pas avoir assez lutté contre cette éducation qui est la mienne, contre ce destin qui fait qu'aujourd'hui j'en suis là, à rêver de m'en aller, d'être soufflé, dispersé dans le néant comme le sont ces volutes que je forme du bout de mes lèvres, que je regarde  se fracasser contre un horizon de plus en plus près.

Les lèvres encore entrouvertes, prêtes à esquisser un autre aveu bien trop précieux, c'est de justesse que je suis interrompu par un silence de plomb, une suspension glaçante qui met fin aux danses, aux rire, aux chants, aux instruments, même, qui dans l'air, se font étranges mobiles, sculptures éthérées que personne ne vient apprécier, aimer, trop occupé à se tourner vers les silhouettes se découpant au sommet de l'escalier, de ces vampires drapés de la nuit qui contemplent l'assemblée, cette foule incapable de fuir, de paniquer, qui sous le regard des immortels, se fait mer figée, océan pris dans l'étreinte d'un hiver trop rude, d'une neige qui s'en fout bien de ses ressacs incessants, des marées, du vent.

« Son Altesse vous présente ses excuses. Il aurait aimé être là. »

Les souffles ne reprennent que pour inspirer un peu de cet air désormais souillé par la peur, vicié par la crainte, l'angoisse d'être sur le point témoin d'un massacre, d'une exécution primaire, presque sauvage, puis se meurent à nouveau, deviennent angoisses, questions qu'ils ressassent tous, prisonniers qu'ils sont du regard des cinq vampires qui se détachent enfin, commencent déjà à descendre les marches, à venir au contact des premiers infortunés.

« Il se désole aussi que vous continuiez de folâtrer de la sorte, de penser qu'il vous ait possible d'échapper à son regard, aux lois qu'il dicte pour votre bien. »

Le long de mon échine s'égare alors un frisson bien étrange, une impression, une sensation si désagréable que j'en sens monter à mes lèvres mon myocarde, un peu de bile que je ravale tandis que je viens saisir la main du sorcier, à son oreille, venir déposer une évidence presque consternante, un murmure qui semble se faire hurlement au beau milieu du silence.

« Il ne faut pas qu'ils te trouvent ici, Hiram. »

Car cela serait ta fin, la mort même de l'homme de scène que tu es. De toi, ils feraient un paria, un déchet comme moi, une ombre qui est tolérée, que l'on regarde au loin crever, dont on s'amuse du malheur et des tourments, que l'on garde en vie tant que cela est distrayant.

Mon épaule enfoncée dans la sienne, c'est de force presque, que je l'oblige à bouger, à initier ce premier pas qui se fait l'amorce de notre fuite, le début bien pénible de cette course qui ne reste longtemps inaperçue, qui bien vite, pousse le reste des invités à se réveiller, à réaliser qu'ils n'ont à subir le courroux des vampires, des éternels qui déjà plongent dans la foule, fauchant, dominant au hasard hommes et femmes, les entravant pour mieux repartir à la chasse, tomber sur les échines d'autres égarés qui, comme nous, tentent de se frayer un chemin au sein de la panique jusqu'aux cuisines, aux dédales et autres couloirs étroits d'ordinaires réservés aux domestiques, depuis longtemps disparus. Avec rudesse, je tire le sorcier dans mes pas, l'oblige à se fondre dans mon ombre tandis que je profite des crocs de mes chéries pour repousser les anonymes terrorisés, ces âmes perdues qui courent à l'aveuglent, tentent d'échapper aux mains glacées de ces furies qui bondissent, surgissent du néant, qui s'amusent à voir les vivants se piétiner, lutter les uns contre les autres pour une échappatoire probablement illusoire, qui n'ont besoin d'utiliser de leurs dons pour nous dominer, qui entre nous, se contentent de serpenter, se faire démons frappant sous le coup d'une pulsion, d'une envie destructrice, d'un caprice. A mes oreilles, je perçois les hurlements, les suppliques, les tentatives de marchandage, d'apitoyer ceux qui sont là pour blesser, faire des prisonniers, trouver des coupables à  châtier, à tenir responsable d'une résistance qu'ils ne parviennent à étouffer, qui s'entête à vouloir exister, perdurer, et me trouve à nouveau sous la pluie, dans la boue, quelque part entre deux tranchées, à évoluer dans la terre retournée, au milieu des cadavres éparpillés.

L'odeur est la même. Celle du chagrin, de la certitude que la fin est là. Les cris se ressemblent, se confondent, s'unissent pour devenir unique mélodie, seule certitude qui occulte le réel, s'impose, tue les espoirs et les mirages.

A ma gauche, une ombre s'impose, se fait œillère pour mon champ de vision, menace approchant bien trop rapidement, silhouette à qui je montre les dents, tandis que de ma main libre, je viens décocher l'une des fleurs de mon costume, pour au visage, la lui lancer et l'observer se muer en félin au pelage végétal, aux crocs faits de ronciers entremêles, aux griffes pareilles aux épines de ces roses qu'il est impossible de dompter, d'en captivité, faire pousser.
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Mer 25 Aoû - 2:38
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Mathias... Comment faisait-il pour s'y retrouver dans tout ça ? Hiram avait il été aussi jeune, autrefois ?  L'âge de Mathias, Hiram parcourait le monde, faisant découvrir son talent et apprenant à devenir ce qu'il était aujourd'hui, le Grand Zander, le maître des illusions, le dresseur des choses mortes. Les années lui ont appris tant de choses, tant de valeurs. Voir le sourire des enfants, s'incliner devant les applaudissements des spectateurs... Tout cela n'avait pas de prix aux yeux du magicien. Voilà pourquoi il ne se permettrait pas de se montrer malpoli envers ceux qui tentent de connaître ses secrets, car c'était eux qui faisaient les meilleurs spectateurs. Chaque nouvelle chose les éblouissaient, les rendaient fébriles, et ils ne demandaient qu'une chose : comprendre et donc, il revenaient. Mathias lui dit que toutes ces personnes seraient prêtes à lui pardonner si jamais il se mettait à se montrer rancunier envers eux. Hiram sourit tendrement à son ami. Le jeune homme veillait sur le magicien comme s'il était de sa propre famille, et c'était presque avec jalousie qu'il tentait de l'éloigner des vautours qui ne cessaient de planer au dessus du succès d'Hiram. C'était vraiment adorable de la part de cet homme. Mathias paraissait laisser libre cours à ses désirs, vivant dans la débauche et le luxe, et c'est ce qui plaisait à Hiram. Mathias était comme lui. L'esprit aussi libre que le vent, et aussi dévastateur qu'un ouragan. Hiram passa un bras autour des épaules de son ami lorsque ce dernier lui dit qu'il était trop bien pour ce monde. Il lui répondit, avec un sourire amusé : «  C'est pour cela que je veux le rendre plus beau, grâce au sourire du genre humain, et le tien semble déjà être un bon début mon ami. »

Cet instant était juste doux et chaleureux. Malgré le brouhaha des nombreuses discussions, malgré les regards envieux des autres invités, Hiram se sentait bien avec son ami. Une coupe de champagne à la main, tout en buvant quelques gorgées de temps à autre de ce merveilleux breuvage valant aussi cher que les robes de ces dames, le sorcier se dit qu'il n'aurait pas pu rêver mieux comme existence. Suivre la voie imposée par sa famille ? Très peu pour lui. Ils lui avaient tourné le dos, et Hiram avait suivi son propre chemin sans se retourner. A quoi cela servait, de toute manière, de regarder vers le passé ? Il s'était plusieurs fois demandé ce qu'avait pensé ses parents en le voyant réussir, en le voyant devenir le Grand Zandar, mais il s'était gardé d'interroger ses frères et sœurs sur le sujet. Pour lui, ses parents étaient loin derrière, et leur avis ne comptait finalement pas. Il avait après tout trente sept ans à présent et malgré le fait qu'il soit toujours célibataire et sans enfants, il estimait avoir pleinement réussi sa vie. Hiram allait ouvrir la bouche pour poser une question à Mathias, une question en apparence bien innocente mais à la fois très intime, lorsque le silence se fit dans la salle. Hiram releva la tête, déposant sa coupe de champagne sur la table.

Des vampires.

Ils avaient fait leur entrée dans la grande salle, et contemplaient les invités avec un regard de prédateur. Hiram comprit alors. Ils étaient ici pour chasser, pour faire couler et boire le sang. Ils avouèrent que leur souverain aurait aimé être là, et qu'il se désolait de les voir continuer à folâtrer tout en pensant qu'ils pourraient échapper à son regard et à ses lois. Hiram sentit les poils de ses bras se dresser, et resta presque muet de stupeur jusqu'à ce que la main de Mathias vienne attraper la sienne. Oui, ils ne devaient pas rester là. S'ils trouvaient Hiram, c'en était fini du Grand Zandar. Déjà qu'il avait plus d'une fois attiré leur regard au cours de ses nombreux spectacles, déjà qu'il était parvenu à soulever chez eux bon nombre d'interrogations... Hiram déglutit. S'ils l'attrapaient, ils allaient découvrir son secret, et il n'aurait pas d'autre destin qu'une mort douloureuse. Hiram se leva et suivit son ami qui l’entraîna, l'épaule pressée contre la sienne, dans les cuisines. La panique était totale, les hommes et les femmes couraient dans tous les sens, hurlant et fuyant pour sauver leur peau... Mais les vampires étaient les plus fort. Les pouvoirs de Mathias étaient d'un grand secours. Lorsqu'un vampire apparut droit devant eux, les crocs prêts à déchirer la chair, Mathias les sauva in extremis, mais les vampires étaient venus nombreux.

Et ce fut l'un d'eux qui manqua d'ouvrir la gorge de Mathias, mais Hiram tira ce dernier en arrière en hurlant son nom, et il fit ensuite face au vampire. Ce dernier sourit de toutes ses dents en croisant le regard du sorcier, mais celui ci ne se laissa pas impressionner. Si son art était utile pour impressionner et pour la vie de tous les jours, il l'était encore plus lorsqu'il  s'agissait de combattre. Hiram avait pris le soin de cacher son visage sous son foulard, lui donnant ainsi un air de gangster mais garantissant son anonymat. Il ne pensait pas que le vampire l'ait reconnu. Tout en fixant le vampire, Hiram envoya un de ses mouchoirs, préalablement ensorcelé, se jeter au visage du vampire. Le morceau de tissu faisait tout pour entrer dans la bouche et la gorge du vampire, gênant ce dernier qui se débattait comme un démon pour arracher cet objet importun qui glissait entre ses doigts. «  Partons mon ami ! » lâcha Hiram à Mathias, et il laissa ce dernier l’entraîner dans les recoins de la demeure.  Décidément, cette soirée resterait mémorable et, plus que tout, le Grand Zandar apprécia la présence de Mathias à ses côtés. Il était non seulement un ami précieux, mais, ce soir là, il lui avait sauvé la vie.
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