Rick'O Connell - Je parie toujours avec ma vie, jamais avec mon argent.

Vous êtes sérieux? Mais ça va vous apporter quoi que je "raconte ma vie"? Pas besoin de savoir où j'ai trainé mes basques pour savoir si vous voulez m'engager ou pas non? J'ai pas le choix? Vous êtes sûr? Très bien, très bien...d'accord! Vous êtes dur en affaires vous hein? Bon. Alors. Je suis né au Caire de père américain, qui a décidé de prendre la poudre d'escampette quand j'étais gamin, ce qui fait que je ne me rappelle pas de lui. Ma mère devait vraiment tenir à lui parce qu'elle est morte peu après, de chagrin à ce qu'on m'a dit, ce qui fait que je me suis retrouvé à l'orphelinat. L'endroit n'était pas royal, je dirais même que le confort était plutôt sommaire mais il a eu le mérite de me mettre un toit au-dessus de ma tête et avoir au moins deux repas par jour... Il était tenu par des missionnaires anglais, ce qui fait que je sais parler l'anglais comme l'arabe sans soucis, et que je sais jurer dans les deux langues! Vous voulez une démonstration? Non. Bon très bien. Vous manquez un peu de fantaisie je trouve. Vraiment.

Pour faire simple, les missionnaires avaient pour vocation de veiller sur les blancs agneaux, mais surtout éviter qu'il n'y ait trop de gamins des rues parce que ça faisait désordre. Seulement, la charité, ça va bien un temps mais à partir d'un certain âge, on vous tendait un sac avec vos affaires, un peu d'argent et "Bon vent Rick!" alors je me suis débrouillé. J'ai fait des petits boulots, accepté tout et n'importe quoi, mais il faut dire que ça rapportait peu... Alors j’ai aussi commencer à voler. Rien d’extraordinaire, juste de quoi améliorer un peu le quotidien : quelques dattes, un sac d’oranges, un pain… tout ce qui pouvait se glisser facilement dans une poche ou dans un sac. Petit à petit j’ai commencé à devenir bon à ça, et même si au début les sermons des missionnaires me revenaient en tête, j’ai vite compris que ça serait pas ces sermons qui rempliraient mon assiette le soir, alors j’ai mis ça de côté et tant pis si je rôtissais en enfer après ma mort. Vers dix-sept ans j’étais devenu plutôt bon pickpocket et je m’attaquais aux portefeuilles, aux montres et aux légers bijoux que je dérobais dans la Casbah auprès des touristes fortunés, qui ne se méfiaient pas de ma bonne mine de beau jeune homme aux cheveux clairs et aux yeux bleus. Sauf qu’un soir, peut-être un peu trop alcoolisé, trop sûr de moi ou les deux, j’ai relâché ma garde et je me suis fait choper. Je peux vous dire que les prisons du Caire, c’est pas le truc écrit sur les guides de voyage, et si vous pouvez évitez, croyez moi, passez votre chemin. Enfin, alors que j’étais dans ma cellule, j’ai vu les gardes ouvrir, et me traîner dehors, vers une salle où un type d’origine africaine m’attendait, un grand sourire aux lèvres. Oui, c’est ça, c’était Izzy. Non pas Izzy dans Isabelle, mais Izzy dans Isaac. Enfin bref, en gros Izzy travaillait pour un groupe… peu recommandable, il m’avait à l’œil depuis un certain temps et il a profité du fait que je me sois fait pincer pour soudoyer les gardes et ‘’ oublier’’ cette terrible mésaventure à coups de billets et de paquets de cigarette. Maintenant je lui étais redevable, et bientôt j’ai retrouvé les autres. Pendant dix ans on a sillonné tout le bassin méditerranéen, enchaînant des coups, des vols, des braquages et pas mal de trucs peu recommandables… la seule condition qu’on se donnait, c’était qu’on ne voulait ni de morts ni de blessés. Hors de question donc de participer au trafic humain, ou des assassinats. Par contre mes enfants, on a quelques coups à notre actif qui pourraient rentrer dans l’histoire… Je me rappelle du cambriolage de la banque de Fès, où je me suis fait passer pour l’ambassadeur de Belgique, et Izzy mon chauffeur. On s’était fait conduire au coffre et grâce à notre habileté de crocheteurs de serrures, et aux passe-partout créés par un des nôtres, on a délesté des lingots, des bijoux, et même des bons au porteur l’air de rien, repartant comme des princes… On a d’ailleurs arrosé ça comme il se doit le soir de nouvel an à l’opéra du Caire, et il y a quelques photos d’Izzy avec un chameau qui traînent… mais lui en parlez pas, il devient vite soupe au lait quand on aborde le sujet…

Bon parfois c’était un peu moins glorieux, comme cette fois, à Marrakech, où j’ai été un tout petit peu trop sûr de moi, et j’ai mal calculé l’enchaînement de nos actions… Izzy s’est fait tirer dessus alors qu’il devait voler en rase mottes au-dessus du toit pour me récupérer, et je me suis fait pincer alors qu’Izzy a pu fuir et s’est écrasé dans le sable quelques kilomètres plus loin. Les français tenaient beaucoup à leur banque, et j’ai rapidement été confronté à un choix : soit j’avais droit à un procès en bonne et dûe forme, avec la joie de passer quelques années dans des prisons marocaines ou alors je mettais mes talents au service de cette bonne vieille France en m’engageant dans la Légion. Autant vous dire que j’ai préféré l’idée de rester à peu près libre et pouvoir sentir le soleil sur ma peau… Ce qu’il y a de bien dans la Légion, c’est que si vous signez, ils oublient tout votre passé à condition qu’il n’y ait pas eu de meurtre ou de viol, on efface l’ardoise et on recommence. Je me suis donc appelé « François Léger » et j’y ai appris le français comme le maniement de toutes sortes d’armes. J’étais tellement bon que j’ai même eu droit à mon propre bataillon, c’est dire!

Pourtant les choses ont mal tourné quand on a dû repasser par l’Egypte et qu’on s’est approchés d’Hamunaptra. Non, non, je dirai rien de plus là-dessus. Mon bataillon a été attaqué par des tribus bédouines, j’ai été le seul à survivre, et j’ai fui. Oui je sais que si je remets un pied en territoire français ils peuvent me pincer pour désertion, mais c’est une autre histoire. Non mais ne vous inquiétez pas, donnez moi juste des faux papiers et tout ira bien!

Quoi? Pourquoi je serais bon pour ce travail? Bien bien, commençons. Déjà je sais parler anglais, français, arabe et un peu d’allemand. Ensuite j’ai une formation militaire donnée par la Légion étrangère française, et ça, c’est pas rien, il faut le reconnaître! Ensuite je connais le coin comme ma poche, j’ai des contacts et des relations, je m’y connais en trafics en tout genre et je peux vous avoir ce que vous voulez en quelques coups de film ou télégrammes d’accord? Je sais aussi crocheter des serrures, piloter des avions et des bateaux… Et je suis bon comédien aussi, indétectable, je me fonds dans la masse.

Oui? Vous m’engagez? Parfait, vous n’allez pas le regretter je vous le promets! Quand est-ce qu’on part?